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Plusieurs dossiers
touchant au secteur du médicament et au fonctionnement des pharmacies sont, depuis
plusieurs semaines, au menu d'une commission mixte composée de représentants du
ministère de la Santé
(MSPRH) et du Syndicat national des pharmaciens d'officines (SNAPO). Messaoud Belambri, président du Snapo, fait le point.
Installée début mars 2011, la commission mixte travaille sur le statut du pharmacien, l'établissement de nouveaux arrêtés concernant la garde, les horaires d'ouverture, les analyses en officines, ainsi que sur les questions concernant le contrôle des stupéfiants, des substances vénéneuses et des précurseurs chimiques. Mais le dossier qui prendra sans aucun doute plus de temps dans les négociations sera celui des marges bénéficiaires dont le SNAPO réclame la révision depuis cinq ans au moins. Selon le président du syndicat, Messaoud Belambri, la question sera abordée dans le sens de la promotion du générique, en lui accordant de «meilleures marges», pour permettre aussi de booster la production nationale. Une hausse des marges en faveur des officines bousculerait les intérêts des importateurs qui, eux, ne voudraient pas d'une révision. Ces derniers ont des marges fixes quel que soit le prix du médicament. Pour les officines, la marge baisse quand le prix augmente, conformément à l'article 4 du décret exécutif n°44 de février 1998, relatif aux «marges plafonds applicables à la production, au conditionnement et à la distribution du médicament à usage de la médecine humaine», qui stipule que pour le gros et le détail «les marges sont plafonnées à des taux régressifs en fonction des fourchettes de prix». Le SNAPO affiche sa «réticence à la réforme» entamée par le gouvernement sur cet aspect de la distribution des produits pharmaceutiques. «Actuellement, sur les 560 grossistes qui existent sur le territoire national, une dizaine détient un véritable monopole sur le marché du médicament avec des pouvoirs financiers énormes. Ils sont en train de se fédérer, de faire des commandes communes, ce qui a tendance à tuer les autres qui sont des grossistes de proximité. Il faut savoir que la dizaine de grossistes ne s'intéresse pas aux petites pharmacies, qui sont souvent installées dans les coins les plus reculés du pays, ou même dans les quartiers isolés et les nouvelles cités». Eliminer les grossistes de «proximité» M. Belambri note que ces grossistes disent disposer d'un portefeuille client d'à peine 3.000 officines sur les 8.400 qui existent. «Ils ne veulent pas servir tout le monde. Ils sélectionnent les plus grosses pharmacies, avec lesquelles ils réalisent pratiquement 80% de leur chiffre d'affaires. Il leur arrive même de refuser de servir des officines en raison, disent-ils, de leur éloignement», affirme-t-il encore. Une attitude qui choque le président du SNAPO, qui ne conçoit pas qu'un pharmacien d'officine installé dans une zone enclavée «pour assurer une couverture pharmaceutique nationale convenable se voit refuser d'être servi pour cause d'éloignement». «Même quand il s'agit d'alimenter en médicaments qui étaient en rupture, ils ne les donnent pas à tout le monde, mais à quelques pharmaciens seulement». Un traitement «discriminatoire», qui se répercute nécessairement sur le citoyen. Pour le Snapo, on est en présence d'une volonté d'éliminer les «grossistes les moins importants» alors que ce sont eux qui «assurent la couverture de l'intérieur du pays». La distribution du médicament en «sera aggravée». Le SNAPO revendique la possibilité pour les pharmaciens de «se constituer en groupements», pour non seulement «faciliter l'écoulement de la production nationale» mais également de jouer «un rôle de régulateur». Les autorités ont promis d'étudier cette proposition, indique notre interlocuteur. Les travaux de la ladite commission ont permis «d'avancer sur plusieurs dossiers», alors que d'autres «nécessitent l'intervention de plusieurs ministères». Des accords devraient bientôt aboutir concernant les «gardes», la liste des «stupéfiants, précurseurs chimiques et des substances vénéneuses est pratiquement finalisée». Un rôle dans la santé publique Le projet d'un arrêté sur les gardes et les horaires d'ouverture, appelé à réformer l'arrêté de 1997, «devenu pratiquement obsolète», devra définir les «modalités d'organisation de la garde de nuit», «tenir compte aussi du changement du week-end», et «s'adaptera à diverses situations géographiques et saisonnières», affirme M. Belambri. Le projet «s'appuiera sur le principe de la concertation entre l'administration sanitaire locale et les représentants de la profession pour trouver les meilleures solutions, et ce afin de répondre au mieux aux besoins de la population et de la santé publique», ajoute-t-il. Concernant les psychotropes et les stupéfiants, et conformément à la loi 04-18 de décembre 2004, ils seront gérés par un seul arrêté (au lieu de deux actuellement), contenant quatre listes : les psychotropes, les stupéfiants, les précurseurs chimiques, et les plantes, mises à jour à la lumière des nouvelles substances ajoutées à la nomenclature internationale. Selon le président du SNAPO, la mise à jour de cette liste, «est nécessaire pas seulement pour les professionnels de la santé, mais également pour les hommes de loi et tous les intervenants dans la lutte contre la toxicomanie». Sur le dossier des analyses médicales, le SNAPO revendique la possibilité pour les officines d'effectuer celles «dites de base ou d'orientation». «La pharmacie est un espace de santé ouvert à tous, gratuitement et sans RDV. Les pharmaciens peuvent rendre un service inestimable à la santé publique notamment en matière de dépistage», affirme Messaoud Belambri. «Rien que par une opération de dépistage qui a touché la semaine passée une population de 26.000 citoyens, nous avons réussi à recenser 1260 nouveaux cas de diabétiques qui ignoraient totalement leur maladie». «Les travaux de la commission mixte sont en bonne voie, nous sommes confiants et sereins quant aux résultats qui vont en découler». |
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