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300.000 Algériens consomment de la drogue

par Z. Mehdaoui

Un peu plus de 300.000 consommateurs de drogue, principalement le cannabis, sont recensés en Algérie.

C'est ce qu'a affirmé, hier, Abdelmalek Sayeh, directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT), à l'occasion d'une conférence de presse organisée au cercle militaire de Beni-Messous, à Alger.

 Le directeur général de l'ONLCDT a tenu à démentir, par ailleurs, les chiffres publiés dans certains organes de presse faisant état de l'existence de quelque 2 millions de consommateurs. «Ces chiffres ne reflètent nullement la vérité», a indiqué M. Sayeh, qui affirme que le nombre de toxicomanes dans notre pays est de l'ordre de 42.000 personnes, essentiellement des adolescents traités dans des centres spécialisés, a t-il précisé. Le responsable de l'office admet cependant que ce chiffre pourrait être revu à la hausse après l'ouverture d'autres centres de désintoxication, dans d'autres régions du pays. L'âge des personnes qui consomment le plus de drogue varie entre 20 et 39 ans, ajoute le conférencier qui souligne qu'en matière de consommation, certaines régions de l'Est ont «détrôné» la capitale qui occupait dans un passé récent, le haut du podium.

Abdelmalek Sayeh a annoncé en outre, que l'office qu'il dirige a mis sur pied une stratégie de lutte et de prévention qui s'articule sur plusieurs points, qu'il a transmise au ministère de la Justice, en sa qualité de tutelle. Les propositions de l'ONLCDT devraient être présentées au gouvernement pour leur approbation. La stratégie en question s'articule autour de deux points principaux. Il s'agit de la prévention et la réduction de l'offre en s'attaquant davantage aux narcotrafiquants au niveau des frontières.

Le conférencier qui déplore une certaine «passivité» de la société face au phénomène, est convaincu qu'en neutralisant les narcotrafiquants, la drogue ne pourra pas atterrir dans les villes et les villages.

Dans son plan qui s'étale jusqu'en 2015, l'ONLCDT suggère même, pour plus d'efficacité, l'institution d'un fonds spécial pour récompenser les membres des services de sécurité qui parviendraient à mettre hors d'état de nuire les narcotrafiquants et leur réseau de distribution. Ce fonds peut également être utilisé pour primer des citoyens qui collaboreraient ou donneraient des informations qui conduiraient à l'arrestation des trafiquants de drogue, ajoute encore Abdelmalek Sayeh qui souligne que le procédé est utilisé dans nombre de pays européens, notamment.

Selon une enquête réalisée par «Med Spad Algérie», en coopération avec le groupe «Pompidou» et en collaboration avec l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, les jeunes collégiens et lycéens qui ont refait plusieurs fois leur année scolaire constituent le plus fort pourcentage de consommation de drogue.

L'étude s'interroge sur la démarche à suivre pour éviter l'exclusion scolaire de ces jeunes et en même temps éloigner leur influence sur leurs camarades plus jeunes avec lesquels ils partagent les bancs de l'école.

La prévention et la sensibilisation sont la pierre angulaire de la lutte contre la drogue et la toxicomanie, estime Abdelmalek Sayeh. Ce dernier affirme qu'il existe quelque 600 «associations crédibles» qui activent sur le terrain et qui sont malheureusement dépourvues de moyens et de subventions.

Il appellera solennellement les autorités mais aussi le secteur privé à subventionner ces associations pour leur permettre de sauver les jeunes et moins jeunes, des affres de la drogue. L'ancien procureur de la République exhortera même les élus locaux et les parlementaires à s'impliquer davantage et à «redescendre sur terre» pour lutter contre le phénomène de la drogue. Le directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie a lancé un véritable cri d'alarme. Nous pouvons encore redresser la situation» a-t-il tonné en soulignant qu'il faudrait absolument réfléchir à une nouvelle philosophie de lutte contre ce phénomène dévastateur».