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L'Europe qui n'était déjà pas très accueillante vient de se fermer
davantage, après les nouvelles mesures restrictives en matière d'immigration, adoptées
vendredi, par l'Union européenne. La droite populiste avec laquelle certains
pouvoirs européens de droite rivalisent sur le thème anti-immigration, impose
en définitive ses vues à l'échelle européenne. A la demande notamment du
gouvernement de M. Nicolas Sarkozy, déjà en campagne pour la présidentielle de 2012,
les dirigeants européens ont décidé de rétablir les frontières nationales dans
l'espace Schengen. Le flux de «harraga» tunisiens
vers l'Italie a servi de toile de fond à ce nouveau tour de vis contre la
liberté de circulation des personnes. L'Italie dans laquelle près de 20.000 «harraga» tunisiens ont débarqué, avait critiqué le fait que
l'Europe la laisse seule à gérer le problème. Elle a décidé d'accorder un
«titre de séjour provisoire » à ces Tunisiens qui obtenaient ainsi le droit de
circuler dans tout l'espace Schengen. En réaction, la France a, de facto, rétabli
le contrôle de ses frontières pour éviter l'arrivée de ces Tunisiens. Le
président français a beau jeu, d'affirmer que le principe de la liberté de
circulation n'est pas remis en cause, le chef du gouvernement italien, Silvio
Berlusconi de souligner qu'il «s'agit d'améliorer Schengen, de le rendre plus
adapté aux exigences des citoyens», il n'empêche? La mesure heurte directement
l'esprit de Schengen en permettant à un Etat de rétablir le contrôle des
frontières nationales. C'est pour cela que les dirigeants européens ont pris
soin de prendre le devant des critiques en soulignant le «caractère
exceptionnel» de la mesure à laquelle il ne sera fait recours que dans une
«situation véritablement critique».
Dérive sécuritaire Les dirigeants européens ont souligné que sa durée doit être limitée et que son bien-fondé doit se faire sur la base d'une évaluation commune. Le président français a pris soin de préciser que «l'analyse reste communautaire, mais la décision est nationale de rétablir le contrôle aux frontières». Ce n'est pas l'Europe qui décide en définitive, ce sont les Etats qui apprécieront, selon des critères où les soucis électoraux seront très présents. A cela s'ajoute un manque de confiance à l'égard des pays de la «frontière» européenne que sont la Grèce, l'Italie, la Bulgarie et la Roumanie. Ce nouveau verrouillage est l'indice clair du poids, de plus en plus important, des partis d'extrême droite et des mouvements populistes sur la scène politique européenne. Cécilia Malmström, commissaire européenne, en charge de l'asile et des migrations, s'inquiète ouvertement des risques de dérive sécuritaire dictée par les partis d'extrême droite et les mouvements populistes, de plus en plus actifs dans l'UE. C'est que dans cette course électorale, même les demandes d'asile sont rejetées par la France pour «ne pas créer d'effet d'appel», selon le président Sarkozy qui entend conditionner les partenariats avec les pays d'Afrique du Nord à un engagement de reprendre, chez eux, les migrants partis illégalement de leur territoire. Duplicité Mme Cécilia Malmström n'est pas loin de relever de la duplicité et de l'hypocrisie dans les discours des dirigeants européens. «Les dirigeants politiques partout en Europe se sont empressés de condamner les violences en Libye, en Syrie et en Côte d'Ivoire. Mais quand il s'agit de faire face aux conséquences de ces développements, et surtout quand il s'agit de gérer l'arrivée des hommes, des femmes et des enfants qui viennent en Europe à la recherche d'une protection ou d'une meilleure vie, les dirigeants européens se sont révélés plus réticents à offrir leur soutien». Il est clair que l'Europe, poussée par sa droite extrême, est dans une démarche purement sécuritaire des questions migratoires qui font peu de cas des droits individuels. Certains, en Europe, soulignent que le prisme sécuritaire ne peut être que «contreproductif pour une Europe vieillissante» et alimentera «son déclin politique et économique». |
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