Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Finances: Un œil sur les banques

par Yazid Alilat

Voilà, c'est fait. La Banque centrale d'Algérie a décidé, en annonçant que les banques seront notées et surveillées, de revêtir sa tenue de vrai gendarme surveillant les finances publiques. Elle a annoncé jeudi dernier qu'elle va mettre en place dès le second semestre 2011, un système de surveillance des risques financiers qui menacent les banques, à travers leur solvabilité. Mais également les dépôts des épargnants. Selon son gouverneur, M. Mohamed Laksaci, la Banque d'Algérie se dotera ainsi d'un système de notation de banques qui sera axé sur la préservation de la stabilité du système financier. La mise en oeuvre de ce système, correspondant à la modernisation en cours de la centrale des risques, «donnera une orientation plus opérationnelle à l'approche risque de la supervision», avait-il affirmé à l'ouverture d'une journée technique destinée aux inspecteurs de la Banque d'Algérie sur ce système de surveillance. Ce nouveau dispositif, élaboré selon les standards internationaux, vise en particulier à «renforcer la capacité de détection précoce de vulnérabilité des banques et établissements financiers afin de préserver la stabilité du système financier et (...) la protection des déposants», a-t-il précisé. C'est, en fait, un système de notation des banques pour évaluer le niveau de leur solvabilité, une mesure prise dans le cadre de la nouvelle centrale des risques. En fait, et cela n'est pas nouveau, c'est la loi sur la monnaie et le crédit qui oblige la Banque d'Algérie à organiser et à gérer une centrale de risques entreprises, une centrale des risques des ménages et une centrale des impayés dans le but de protéger les ménages du surendettement. ?'La centrale des risques est un service de centralisation des risques chargé de recueillir, auprès de chaque banque et de chaque établissement financier, notamment, le nom des bénéficiaires de crédits, la nature et le plafond des crédits accordés, le montant des utilisations, le montant des crédits non remboursés ainsi que les garanties prises pour chaque crédit'', selon la loi sur la monnaie et le crédit. Dès lors, les banques et établissements financiers sont tenus d'adhérer aux centrales des risques.

 Pour M. Laksaci, la mise en oeuvre de ce système constitue l'aboutissement de trois ans de travail accompli par de jeunes inspecteurs avec la collaboration du Fonds monétaire international (FMI) et du département américain au Trésor, et «dont l'apport qualitatif aux outils de la supervision bancaire en Algérie est très appréciable». Le système de notation des banques inclut plusieurs indicateurs de solidité financière et outils de contrôle et d'évaluation, notamment le ratio de solvabilité, le rendement des fonds propres et des actifs ainsi que la gestion de liquidité et des risques bancaires. En outre, la mise en place de ce système qui inclut toutes les banques et tous les établissements financiers répond à l'exigence d'élaborer «une politique macro-prudentielle à travers la redéfinition des tâches des banques centrales» au lendemain de la crise financière internationale, souligne M. Laksaci. Ce système de surveillance des risques financiers s'inscrit par ailleurs en droite ligne de la réforme du cadre légal en matière de supervision des banques et de préservation de la stabilité monétaire et financière. De même, poursuit-il, les nouvelles dispositions législatives, introduites dans le cadre de l'ordonnance du 26 août 2010, ont assigné à la Banque d'Algérie «des prérogatives plus larges pour lancer toute investigation au niveau des banques et établissements financiers».

Ainsi, le renforcement des prérogatives de la Banque d'Algérie permet»une plus grande capacité de détection précoce des vulnérabilités à travers un meilleur suivi des banques et établissements financiers». Il contribue aussi à «un développement ordonné du système bancaire». La mise en place d'un système de notation des banques, décidé en réalité en août 2010, intervient au titre des dispositions prises dans le cadre de l'ordonnance 10-04 du 26 août 2010 relative à la monnaie et au crédit en matière de stabilisation et de sécurisation du système bancaire, avait annoncé en novembre 2010 M.Mohammed Laksassi. ?'L'ensemble des actions initiées ou en cours de maturation versent dans ce sens'', a-t-il expliqué, relevant que la loi de 2010 est venue élargir les prérogatives de la Banque d'Algérie au plan de l'investigation et du contrôle notamment, ce qui permet une plus grande capacité de détection des taux de vulnérabilité au niveau des banques quant au risque systémique. La crise financière de 2008, qui a plus ou moins épargné l'Algérie, du fait de l'intraversion du système financier national, pourrait en fait toucher le système financier à l'avenir. Notamment avec l'ouverture de plus en plus grande des banques au commerce international. Un risque de vulnérabilité que la Banque centrale veut limiter, sinon surveiller. Pour autant, le système de notation des banques et la mesure de leur solvabilité ne sont pas en cause directement, puisque les banques algériennes croulent pratiquement sous les liquidités. La surveillance et la détection de mouvements de capitaux douteux comme le blanchiment d'argent, de placements d'actifs non rémunérés ou à des taux faibles sont les vraies cibles de cette surveillance, selon des banquiers de la place. C'est pour que cela que les mailles du filet ont été verrouillées avec l'intensification de l'échange d'informations entre les différentes autorités de supervision du secteur financier (Banque d'Algérie, Commission bancaire, Trésor, Autorité de contrôle des assurances et Commission d'organisation et de surveillance des opérations de bourse). Cela permettra de détecter, selon Laksaci, ?' toute menace à la stabilité» du système financier et bancaire algérien.