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Le soutien des responsables français aux «réformes»
annoncées par le roi Mohammed VI était trop bruyant pour ne pas être compris comme
un appel à approbation en direction des médias hexagonaux. Les critiques sont
d'ailleurs rares, la
tendance générale étant de souligner que le royaume est en
marche vers la
monarchie parlementaire. Au Maroc, les critiques risquent
d'être étouffées par la
machine du «oui» qui s'est mise en marche et le «non» risque
de ne pouvoir s'exprimer que dans les marges de l'internet. Le Roi a annoncé
dans son discours qu'il dirait «oui» au projet de Constitution et il a
pratiquement ordonné aux partis, syndicats et «organisations de la société civile» de
se mobiliser pour le faire approuver. Le Makhzen avait d'ailleurs, réflexe
oblige, pris les devants en organisant des «marches spontanées» après le
discours.
La classe politique traditionnelle de l'Istiqlal à l'Usfp est d'ailleurs au garde-à-vous. Quant à l'appel au boycott du référendum qui sera organisé le 1er juillet, dans un délai très court, il n'a pas droit de cité. Les médias savent qu'en vertu d'un article du Code électoral, l'appel au boycott est interdit. L'article en question a déjà servi dans le passé à poursuivre des militants d'un parti de gauche qui appelait au boycott des élections communales. De facto, le référendum est devenu une variante des vieilles cérémonies d'allégeance au Roi. Et on peut s'attendre à ce que les partisans du boycott ou du «non» n'aient aucune possibilité de s'exprimer et de «troubler» la cérémonie d'allégeance. Dimanche dernier, des nervis du Makhzen ont attaqué ceux qui manifestaient à l'appel du Mouvement du 20 février. Et on peut s'attendre à ce que la pression contre eux va devenir de plus en plus forte. Certains analystes se sont plu à annoncer que le roi du Maroc a pris de l'avance sur le régime algérien en matière de réformes. Il est clair que le régime marocain a de meilleurs conseillers en communication mais le réel finit par rattraper. Il faut bien constater, en dépit de l'approbation française, que les avancées sont homéopathiques. Et que l'immobilisme politique du régime au Maroc est de mise et l'emporte sur le mouvement. Les Marocains ne sont pas plus avancés avec cette Constitution que les Algériens en matière de démocratie. Mais, les Marocains sont, en théorie du moins, dans une posture plus difficile que pour faire avancer les choses face à une monarchie qui aime donner les apparences de la modernité mais qui maintient solidement les vieilles règles de l'allégeance. Etre sur le «même plan» que le Maroc est indéniablement un échec pour une Algérie qui est une république née d'une grande révolution populaire dont l'ambition était de libérer le pays et les hommes. Que l'on retrouve ici les mêmes règles et les mêmes mauvaises ruses qui prévalent au Maroc - lors de la dernière révision constitutionnelle, les partisans du non en Algérie n'ont pas pu s'exprimer et défendre leur point de vue - est un mauvais point pour nous. Du fait de son histoire, l'Algérie peut prétendre, sans faire dans la grandiloquence, à être une locomotive dans la région. Mais pour le faire, il lui faut être réellement à la hauteur. Ceux qui sont en avance d'une liberté sont toujours en meilleure posture. Et les Algériens, comme les Marocains, et les Tunisiens qui ont pris un peu d'avance, sont en droit de prétendre à toutes les libertés. |
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