La Grande
Mosquée de Paris (GMP) a salué, dans un
communiqué rendu public, l'élection de Mohammed Moussaoui,
à la tête du Conseil français du culte musulman (CFCM), créé par Nicolas Sarkozy,
lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, chargé des cultes, et la nomination de
son nouveau bureau exécutif. Un communiqué qui consacre un revirement de
position puisque la
Fédération nationale de la Grande Mosquée de
Paris (FNGMP), que l'on dit proche du gouvernement algérien, avait demandé le
report du scrutin pour le renouvellement des 25 conseils régionaux (CRCM) du
CFCM, notamment défendu par le Rassemblement des musulmans de France (RMF), proche,
quant à lui de Rabat. Ce boycott a été également entériné par l'Union des
organisations islamiques de France (UOIF) qui, contrairement au rectorat de la GMP, maintient son refus de
cautionner les élections du 5 juin. Dans un communiqué daté du 20 juin, l'UOIF, peut-on lire et « dans la continuité de sa position
exprimée le 18 mars 2011, décide de ne pas occuper les responsabilités qui lui
reviennent statutairement de droit au sein des nouvelles instances du CFCM ». L'UOIF,
qu'on dit proche des Frères musulmans, résume à l'absence de « clarté, transparence
et unité » ses distances avec le Conseil. Elle évoque aussi «
l'instrumentalisation politique ou volonté de main mise étrangère du culte
musulman » qui pourrait le téléguider. Allusion aux accointances présumées avec
le Maroc et l'Algérie. Des rapprochements qui ont fait dire à nombre
d'observateurs que ces élections, qui se tiennent tous les trois ans, sont une
confrontation algéro/marocaine. Sous-entendu
également de la proximité du Conseil avec le gouvernement français. Ces trois
courants représentatifs du culte musulman en France se sont livrés ainsi à une
véritable guerre de tranchées sur fond de contrôle « politique » des 2,1
millions de musulmans déclarés dans l'Hexagone, alors que d'autres statistiques,
non officielles, les estiment entre 4 et 6 millions. «La symbolique de l'unité
des musulmans de France a été préservée, ce dimanche 19 juin 2011, par le
conseil d'Administration du CFCM qui a installé son nouveau bureau exécutif », fait
encore savoir la GMP,
dans son communiqué, alors qu'elle avait souligné que les listes présentées en
son nom « ont été déposées en violation » des directives de la Fédération nationale (FNGMP),
« dont les membres avaient, à l'unanimité, réclamé un report de ces élections ».
Elle répondait ainsi à la décision prise par sa fédération régionale Sud-Ouest,
présidée par Abdallah Zekri, de participer aux
élections. Selon le communiqué du CFCM, son conseil d'Administration a procédé
à l'élection de Mohammed Moussaoui, issu du RMF à la
présidence et de son Bureau exécutif, comprenant 13 membres, pour le mandat 2011-2014.
Une seule liste de candidats s'est présentée aux 52 administrateurs présents ou
représentés. 49 ont voté en sa faveur et 3 se sont abstenus. Ce bureau pourrait
être élargi, selon le site officiel du CFCM, à l'occasion du prochain conseil
d'Administration, aux autres composantes. Egalement sur proposition du BE, le
conseil d'Administration du CFCM a adopté une résolution permettant de décerner
le titre honorifique de Président d'honneur, aux anciens présidents, dont le
recteur de la GMP,
Dalil Boubakeur, salué
comme il se doit par la GMP.
« Le vote qui a porté le recteur de la Grande Mosquée de
Paris à la Présidence
d'honneur du CFCM relève de cet état d'esprit fraternel et consensuel », précise
son communiqué. Ce changement de cap peut prétendre à de nombreuses lectures
mais s'il faut en dégager une, c'est certainement à voir avec le rapprochement algéro-marocain, clairement encouragé par l'Elysée.