Ce qui a été
annoncé comme contre-vérité par le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, à propos de la demande algérienne adressée à
Bruxelles pour un report du démantèlement tarifaire à 2020, alors qu'il devait
être effectif, trois ans plus tôt, n'a pas tenu moins de 24 heures. En effet le
ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a
confirmé, hier, que le principe du report du démantèlement tarifaire à 2020
était acquis et que l'Accord d'association entre l'Algérie et l'Union
européenne serait conclu « au plus tard à la fin de l'année ». Une déclaration
faite à la radio nationale Chaîne 3, depuis Bruxelles, alors qu'une rencontre
sur le démantèlement tarifaire est prévue début juillet à Alger.
A la fin 2010, l'Algérie
avait demandé à décaler de trois ans le calendrier de démantèlement tarifaire
des produits importés de l'UE qui lui paraissait plus favorable à la partie
européenne. L'Accord d'association, signé en 2005, prévoit le démantèlement
graduel de deux listes de produits européens, à l'importation en Algérie. L'une
devait être complètement démantelée en 2012 et l'autre en 2017, année de
l'entrée en vigueur prévue de la zone de libre-échange. Mais au-delà de ce
recadrage, cet épisode vient étayer, un peu plus, la cacophonie qui règne au
sein du gouvernement d'Ouyahia. Loin d'être une
nouveauté, cet aspect de la communication intra-gouvernementale
a toujours été épinglé dans différents gouvernements et autour de dossiers
sensibles. Cette incohérence s'est vérifiée, à maintes reprises, quand les
déclarations d'un ministre du gouvernement sont aussitôt contredites par un
homologue, à la tête d'un autre département. Mieux encore, certains ministres, pressés
par des dossiers d'actualité brûlante, se défaussent sur d'autres ministères, comme
ce fut le cas du ministre des Affaires religieuses et des Waqfs,
Ghlamallah qui, interpellé sur l'expulsion du pasteur
protestant Hugh Johnson, qui a passé 45 ans de sa vie en Algérie, avait répondu
«vous n'avez qu'à vous adresser au ministère de l'Intérieur et des Collectivités
locales». Amar Tou, alors
ministre de la Santé,
de la Population
et de la Réforme
hospitalière, et à propos de la tragédie des tailleurs de pierres de T'kout, atteints de silicose et dont quarante d'entre eux
sont décédés, dira que le problème dépasse son département en renvoyant la
balle dans le camp du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. Et de
faire ressortir que ce système présente beaucoup «d'insuffisances». Concernant
la privatisation du groupe Algérie Télécom, les deux ministres à l'époque, Abdelhamid Temmar, ministre de
l'Industrie et de la
Promotion des investissements et Boudjemaâ
Haïchour, ministre de la Poste et des Technologies de
l'information et de la communication n'arrivaient pas à se mettre d'accord sur
la date de l'ouverture du capital de AT. Alors que M. Haïchour
l'annonçait pour le début de l'année 2008, M. Temmar
démentait l'information à partir de Paris, en déclarant que cette question
n'était pas à l'ordre du jour, au niveau du gouvernement: «La privatisation
d'Algérie Télécom n'est pas pour maintenant», avait-il dit.