
« Selon les
statistiques officielles, 50.000 accidents de travail se produisent chaque
année en Algérie, dont 750 à 800 conduisent à la mort, soit près de trois décès
par jour», a déclaré hier le docteur R. Chaib, enseignant
à l'université Mentouri de Constantine (IMC).
Cet universitaire
a donné ce chiffre effarant dans une communication qu'il a faite en ouverture
de la première journée nationale sur l'hygiène et la sécurité industrielle qui
s'est tenue à l'auditorium Tidjani Haddam de l'université Mentouri. L'orateur
a indiqué à ce sujet que, partout à travers le monde, la question de l'hygiène
et de la sécurité industrielle est considérée comme une composante essentielle
de la production alors que chez nous en Algérie, beaucoup d'entreprises privées
sont loin de penser qu'elles constituent aussi un investissement et négligent
donc cette question, car on constate souvent que les travailleurs dans les
ateliers ou dans les chantiers ne portent pas les équipements de sécurité
adéquats».
Présentant des
travaux de recherche de fin de cycle en hygiène et sécurité dans des
entreprises industrielles à Constantine, des étudiants de l'université ont fait
le même constat lors des visites sur des sites sensibles où les risques
d'accidents sont une donnée permanente. Ils ont signalé beaucoup de
défaillances, soulignant que le problème essentiel réside dans l'absence de
contrôle des services concernés de l'entreprise ainsi que la sensibilisation
des jeunes travailleurs dans les ateliers qui ne portent pas souvent les équipements
de sécurité : tenues spéciales, casques, gants, chaussures de sécurité, etc. Ils
ont conclu à un laxisme inquiétant dont font preuve aussi bien les travailleurs
chez qui il y a manifestement un manque d'évaluation des risques, voire un
manque flagrant de sensibilisation et chez les responsables qui versent souvent
dans un sentimentalisme mal placé. Ils ont signalé qu'avec le temps, des
maladies professionnelles apparaissent, voire des cancers dans certains cas. M.
Saoudi, responsable de la sécurité industrielle à l'ENTMP Ain-Smara, a noté tout
d'abord que le risque zéro n'existe pas en parlant de l'organisation de la
sécurité dans une entreprise industrielle. Il a révélé à son tour qu'une
moyenne de 52 accidents de travail se produisent
chaque année dans les cinq unités de l'entreprise concentrée dans la zone
industrielle de Ain-Smara, avec zéro décès jusqu'à
présent. Mais quel que soit le volume du travail de sensibilisation mené pour
arriver à susciter chez le travailleur ce réflexe de sécurité, il y a toujours
des insuffisances et des lacunes qui apparaissent à un moment ou à un autre, comme
il y a aussi des insuffisances dans la maintenance du matériel, machines et
engins, et ce, en dépit de l'application des règles d'hygiène et de sécurité et
de la mise en place de tous les moyens par l'entreprise», a estimé le
conférencier. Et comme l'entreprise est en pleine mutation par le fait du
renouvellement de l'effectif dont la composante est faite maintenant en
majorité de jeunes, trop confiants, voire insouciants, la question de la
sensibilisation prend tout son sens.