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En dépit des tentations estivales, canicule
oblige, la maison de la culture Abdelkader Alloula a
fait salle comble le vendredi dernier à l'occasion de la (re)
présentation (2è séance) de la pièce théâtrale«Sidi El Haloui»
produite par le théâtre régional de Mascara dans le cadre de la manifestation
de 2011: «Tlemcen, capitale de la culture islamique».
De son vrai nom Abou Abdallah Echoudsy, cet ancien cadi de Séville, arrivé à Tlemcen en 1266 (vers la fin du 13è siècle) suite à l'inquisition de la Reconquista, décida de distribuer ses biens aux pauvres et d'abandonner subitement ses fonctions, pour devenir marchand de? bonbons et de friandises ! Tout simplement, il avait pris l'habitude d'offrir des «halouat» aux enfants impécunieux ainsi qu'aux voyageurs de passage. De toutes parts, on accourait pour le voir, l'écouter, toucher son burnous. Il prononçait des phrases sacramentelles: «Allalh yâtik echchifaa (Que Dieu te guérisse). Repéré par le prince Abou Ziane Mohammed, il fut promu au rang de précepteur de ses enfants, avant d'être la malheureuse victime d'une cabale (accusé de sorcellerie et d'avoir conspiré contre le monarque) au terme de laquelle il fut décapité et sa tête jetée en pâture? aux chiens, en bas des remparts de la ville en l'an 1337? Une nuit, le gardien d'une des portes de Tlemcen (Bab Zir) entendit la voix de Sidi El Haloui gémir : «Ferme la porte, ô gardien, il n'y a plus que moi dehors !». Après sa mort, le sultan le réhabilita et pendant l'occupation mérinide de la ville, un deuxième sultan, Abou Inane Fares, vainqueur du premier, lui fit ériger en 1353 sur son mausolée l'une des plus ravissantes mosquées de la ville, encore visible à ce jour (à partir du promontoire de Ras el Bhar). Ainsi, Sidi El Haloui, Abou Abdallah Echoudsy, aura inspiré bon nombre de compositeurs de la chanson andalouse à Tlemcen, dont celle écrite par cheikh Ibn M'saib (ghitou el malhouf, secourez l'affamé)? Pour monter sa pièce dont le texte est signé par Mohamed Hamoumi, Ahmed Benaïssa a dû dispenser une formation accélérée sous forme d'ateliers aux amateurs qui constituent l'essentiel de sa distribution. Un projet pédagogique dont ont bénéficié des comédiens de Tlemcen (Afsa, Jil 2000, ATMCT?), Maghnia, Nédroma, Sidi Bel-Abbès, Aïn Temouchent, Oran?, selon le metteur en scène qui «souhaite que d'autres collègues s'impliquent dans ce genre de projet?». Casting: Boutchiche Bouhdjar (Sidi El Haloui), Zeblah Boumediene, Bouhafs Hadi, Bouri Amine, Bazayid Leïla, Bensemicha Kada, Benabdellah Yassine, Bensbaâ Cherifa, Benouadi Slimane, Terbadji Adel, Djellout Meriem, Hamdaoui Djawed, Hasnaoui Fatima, Diboune Benamar, Saïdi Mohamed Tewfik, Chalabi Kada, Fekir Tariq, Kenadil Amine, Guened Mustapha, Malek Fethallah, M'barek Salim, Mokrani Salim, Nabib Abdelkader, Arbaoui Rafik? Le duo de musiciens est campé par Zerhouni Mokhtar et Arif Wafa' (andalou, hawzi, melhoun en play-back). Au niveau de la communication, deux registres de langues seront adoptés : l'arabe classique et le dialectal avec en prime l'accent typiquement tlemcénien lors de la «halqa» (scène de rue «hors» des planches). Toujours dans ce cadre (extra scénique), la navette rhétorique du conteur interpellé sur ses sources (Ibn Myram) par des comparses «cachés» parmi le public. La séquence surréaliste (d'outre-tombe) est bien rendue par les effets de jeu d'ombres sans compter la voix off gutturale de Ahmed Benaïssa. Un bon point également pour l'habilleur accessoiriste Halim Rahmouni pour le choix adapté des tenues, uniformes et armes de l'époque. S'il faut donner un avis d'amateur sur cette pièce, nous dirons tout simplement : « C'est merveilleux !». Et en on redemande. A propos de motivation et d'intérêt pour le 4è art, «La solution n'émane pas du théâtre lui-même, mais la société doit faire en sorte que le théâtre devienne une demande sociale, lorsque les conditions de vie s'améliorent? Le théâtre agit sur l'individu de la même manière que l'eau distillée; il ne peut pas fomenter une révolution. Il peut fabriquer certes une citoyenneté, mais cela sera à long terme», selon le scénariste. |
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