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« Monarchie parlementaire», «révolution», «réduction des pouvoirs du Roi»
?., la presse française est tellement en phase avec le
régime marocain qu'elle a abusé et forcé sur les superlatifs après le discours
de vendredi du Roi Mohammed VI annonçant une révision très minimaliste de la Constitution. Les
agences de presse occidentales ont donné le « la » en annonçant que le Roi
réduisait ses pouvoirs comme s'il s'agissait d'orienter la lecture dans le «
bon sens ». En réalité, il élargit les prérogatives de son Premier ministre
tout en conservant les moyens de le brider. Le Mouvement du 20 février est déçu.
Il ne s'est pas fait une opinion en lisant la presse française mais en
analysant, par lui-même, le discours royal. Et, contrairement à l'annonce du
Roi reprise en chœur par les médias français, le Maroc n'est pas près de
devenir une monarchie parlementaire où le Roi règne sans gouverner. C'est bien
ce que le Mouvement de jeunes du 20 février a compris en appelant à manifester
aujourd'hui contre le projet de révision constitutionnelle. Le Mouvement, qui
lutte pour une « constitution véritablement démocratique et une monarchie
parlementaire», a prévu de manifester à Rabat, Casablanca, Tanger, Marrakech et
Fès. L'analyse critique du Mouvement des jeunes est fondée. Il y a eu des
petits progrès. Il faut noter, en premier lieu, l'avancée qui fait de la langue
amazighe, une langue officielle du pays avec l'arabe. En terme de pouvoirs, les
évolutions, minimes et d'un verrouillage aisé, portent sur les prérogatives du
Premier ministre. Désormais, il sera désigné, par le Roi, au sein du parti
arrivé en tête des élections législatives. Le Premier ministre pourra tenir un
Conseil de gouvernement pour discuter de la politique générale du pays, ce qui
ne se faisait qu'en Conseil des ministres sous la présidence du Roi. Le Premier
ministre aura désormais pouvoir de dissoudre le Parlement, possibilité réservée
jusque-là au Roi et son pouvoir de nomination est étendu en matière de
fonctions civiles.
Commandeur des croyants et chef des armées L'élargissement des prérogatives du Premier ministre s'accompagne cependant de verrous qui peuvent les rendre inopérantes. La tenue d'un Conseil de gouvernement est liée à un accord préalable du Palais Royal sur son ordre du jour. Le Roi peut ainsi opposer son veto à tout sujet qui ne lui agrée pas. Même le pouvoir de désignation aux fonctions civiles accordé au Premier ministre est lié à l'approbation préalable du Roi. En contrepartie de cette modeste délégation de pouvoir, le Roi demeure le chef de l'exécutif et la référence religieuse en tant que « Commandeur des croyants ». Il reste un souverain qui règne et qui gouverne. Il est le chef des armées, et les désignations au sein de l'institution militaire relèvent de son seul pouvoir. Il préside le Conseil des ministres qui est le lieu du pouvoir exécutif. Le Roi peut dissoudre le Parlement et sa personne demeure sacrée. Le projet de Constitution joue sur la terminologie. S'il n'évoque plus la « sacralité » du Roi, il souligne que le monarque est le « Commandeur des croyants et chef de l'État» et que sa personne est «inviolable». L'évolution est tellement minimaliste qu'elle ne pouvait satisfaire un mouvement de jeunes qui veut une démocratisation « réelle ». Une réformette pour en finir avec le Printemps Mohammed VI veut fermer rapidement la parenthèse en annonçant un référendum pour le 1er juillet pour lequel il dira « oui ». Pour Mohammed VI, le « Printemps » a été constitutionnalisé. Mais, même s'il peut bénéficier de l'appui de la presse française, beaucoup au Maroc relèvent que le Roi applique simplement la fameuse formule qui consiste à faire « bouger quelque chose pour que tout reste en place ». On peut parier qu'après la réformette, ce sera la répression pour les jeunes du 20 février qui sont déjà violemment attaqués par la presse du Makhzen. Pour le Roi et le Makhzen, la fête du Printemps est sur le point de prendre fin. |
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