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Une charte pour la société civile

par M. Aziza

Les participants aux premiers états généraux de la société civile, dont les travaux ont été clos jeudi 16 juin au Palais des nations, ont adopté à l'unanimité la charte de la société civile. Ils ont réaffirmé à travers cette charte leur attachement aux valeurs et aux constantes nationales.

Ils ont également confirmé leur adhésion aux principes universels nés des traités et sources de droit international. Ils se sont engagés en outre à contribuer à faire face aux défis multiformes de la nation en assumant leur part de responsabilité. Les principes de la charte sont clairement définis, «la société civile est un élément constitutif de la nation». Elle est considérée «comme un lieu privilégié de la promotion de la démocratie et de la citoyenneté dont elle est l'élément fondateur».

A noter que les concepteurs de cette charte se sont attachés aux principes que la société civile doit être l'émanation de la collectivité nationale dans toute sa diversité et son action doit être de nature bénévole non lucrative et solidaire. La société civile veut aussi se distinguer de la société politique, elle s'en distingue par son action exclusivement civile et civique. Et pour se protéger de toute sorte de changement politique et pour lui garantir son autonomie, les représentants de la société civile ont exigé un abri organique. Ils veulent un espace autonome pour qu'ils s'épanouissent en toute liberté. Ils ont demandé la création d'un conseil consultatif ou bien un haut conseil qui permettra une meilleure coordination entre les acteurs de la société civile, la pérennité des actions de ladite société dans une démarche de démocratie participative, et l'évaluation et le suivi des actions de la société civile.

Sur le plan économique, les participants ont réclamé le besoin de revoir certaines pratiques de gouvernance économique. Pour eux, la révision de ces pratiques est rendue nécessaire par le fait que l'entreprise n'a pas encore été reconnue dans sa véritable place. Et par le fait que les défis mondiaux nous imposent de sortir au plus vite de la dépendance des hydrocarbures. Les opérateurs économiques exigent une redéfinition du rôle de l'Etat dans le champ économique et une place plus importante de l'entreprise privée dans la politique publique. En ce qui concerne les recommandations, les opérateurs économiques, syndicats, universitaires, représentants de la communauté algérienne à l'étranger ont demandé que le principe de liberté d'entreprendre soit réaffirmé de la façon la plus nette et respecté par l'administration de façon à libérer les initiatives. Les participants ont également réclamé la révision de la fiscalité pour l'adapter à la politique économique arrêtée. Ils ont soulevé l'anomalie profonde qui fait que les bénéfices réinvestis soient taxés au même taux que les bénéfices distribués. Ils ont demandé la réorientation de la vocation de l'administration pour qu'elle soit au service des entreprises et des citoyens. Enfin, les participants ont soulevé le fait que l'Algérie ne dispose toujours pas de port de taille mondiale en eau profonde, conçu comme des hubs maritimes.

La mise au point du président du CNES

Lors d'une conférence de presse tenue après la clôture des travaux des premiers états généraux de la société civile, Mohamed Seghir Babès, président du CNES, a affirmé que le président de la République est l'ultime garant de l'application des recommandations qui ont été formulées, «faisons-lui confiance», a-t-il lancé en assurant les participants qu'il transmettra fidèlement toutes les recommandations des assises de la société civile. Et pour répondre aux craintes des participants qui ont exigé une commission ou un comité de suivi des recommandations avant la clôture de ces assises, le président du CNES rassure «on installera un comité de suivi, j'irai plus loin avec vous, je suivrai moi-même l'évolution de toutes les étapes puisque je suis en contact direct avec le 1er ministre et le président de la République».

Accusé de ne pas avoir invité les syndicats autonomes, Babès affirme le contraire. «Le CNES a invité tout le monde y compris les facebookistes (?) Ceux qui ont refusé d'assister sont libres car on n'est pas dans une procédure de contrainte», a-t-il expliqué. Et d'ajouter «ceux qui n'étaient pas présents peuvent participer dans les prochaines consultations où ce genre de rencontre sera initié par la société civile et on sera nous le CNES invité au même titre que l'ensemble des participants», a-t-il déclaré. Pour ceux qui ont considéré ces assises comme une rencontre alibi qui répond à un agenda international, le président du CNES réaffirme que ces assises répondent à un agenda algérien national, «on est très loin de la Libye», a-t-il déclaré en précisant «on est en attente express et explicite depuis le mois de janvier». Et de poursuivre «les revendications citoyennes ont déjà investi la rue, on voyait le tsunami arriver, il fallait agir, et il fallait faire quelque chose pour ce pays, nous avons pensé à ces assises, un processus innovant ouvert sur la pluralité», a-t-il précisé.