Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Un nationaliste de gauche présidera le Pérou

par Notre Correspondant A Buenos Aires Mohammed Benamar

Nationaliste sans détour, revendiquant ses racines amérindiennes, Ollanta Humala présidera aux destinées du Pérou à partir du 28 juillet prochain après avoir gagné de justesse au second tour des élections très animées. Face à lui se trouvait la candidate de la droite traditionnelle Keiko Fujimori fille de l´ex-président Alberto Fujimori (1990-2000) qui purge actuellement une peine de prison de 25 ans, accusé de violations de droits de l´homme commises au cours des ses dix années au pouvoir. Au lendemain des résultats la bourse de Lima subit une chute historique de 12,51% obligeant les autorités à suspendre les opérations boursières face au désarroi de certains investisseurs pressés de revendre leurs actifs craignant le pire avec l´élection d´un homme qui avait pourtant modéré son discours gauchiste sans renier ses promesses d´inclusion sociale faites aux classes les plus démunies. La banque centrale péruvienne dut également intervenir pour soutenir la monnaie locale. La chute boursière pouvait affecter les importantes sociétés minières considérées comme les moteurs d´une économie péruvienne en pleine croissance ces dernières années.

 Ollanta Humala obtiendra 51,3% des suffrages alors que Keiko Fujimori bénéficiera de 48,6 des votes exprimés. Très vite celle-ci reconnaîtra sa défaite et adressera ses félicitations à son rival en souhaitant le dialogue afin que le pays poursuive son expansion économique dans l´intérêt de toute la population. Le taux de croissance annuel est de 8,8%, soit l´un des plus élevés du monde. « Nous serons l´opposition qui représentera 48% des Péruviens qui soutiennent le modèle économique que nous avons défendu» déclara Keiko Fujimori. Face aux caméras les deux adversaires se sont salués pour aider sans doute à faire baisser la tension vécue ces dernières semaines.» Aujourd´hui, je renouvelle ma promesse au peuple péruvien d´encourager la croissance économique avec l´inclusion sociale» insistait le président élu.»Le Pérou ne peut avancer s´il y a tant de Péruviens dans la misère...Nous savons que gouverner ne peut être l´exclusivité d´une seule personne... Nous allons convoquer les meilleurs techniciens indépendants et les intellectuels afin de constituer un gouvernement de concertation, avec une large base, afin que personne ne se sente exclu et dans lequel tous seront représentés» affirma avec conviction Humala...

Le grand défi du président élu est de tenir ses promesses sociales sans abuser des réserves financières et sans faire fuir les investisseurs qui furent très à l´aise sous les deux dernières présidences d´Alejandro Toledo (2001-2006) et d´Alan Garcia qui cèdera le siège présidentiel le 28 juillet prochain.

Troisième plus grand pays d´Amérique du Sud, le Pérou a une superficie de 1.285.220 km2 avec une population de quelque 30 millions de personnes, Lima la capitale comptant neuf millions d´habitants. Avant de devenir une vice-royauté espagnole avec la colonisation entreprise par Francisco Pizarro à partir de 1531, ce vaste territoire avait connu une brillante civilisation inca et la population amérindienne parle le quechua et l´aymara alors que l´espagnol est aujourd´hui la langue officielle. Les ressources naturelles ne manquent pas: cuivre, fer, argent, or, hydrocarbures, charbon, phosphate... Les 2414 kilomètres de côte permettent une pêche industrielle exceptionnelle. Le produit intérieur brut est d´environ 130 milliards de dollars avec une balance commerciale excédentaire. Avide de produits miniers la Chine est un partenaire imposant de longue date en même temps que les Etats-Unis et le Canada...

Régime présidentiel par excellence l´exécutif compte un vice-président élu en même temps que le chef de l´Etat. Quant au législatif, il est constitué d´un parlement monocaméral de 130 députés. Le parti d´Humala a obtenu 47 sièges et sera obligé de se concerter avec d´autres secteurs...