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Libye: L'Otan veut élargir le front anti-Kadhafi

par Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med

« Le catalogue des crimes de Kadhafi et ses hommes est épouvantable », a déclaré le SG de l'Otan, lors d'une conférence de presse.

Le SG de l'Otan, Anders Rasmussen a tenu, ce lundi après-midi, au siège de l'Organisation à Bruxelles, une conférence de presse durant laquelle il a rappelé quelques données sur la situation en Libye et annoncé l'ordre du jour de la réunion des ministres de la Défense qui s'ouvre ce mercredi. «Nous avons commencé notre mission en Libye et nous l'achèverons. Nous nous acquitterons du mandat qui nous a été confié par l'Onu», a-t-il déclaré, dès l'entame de la rencontre avec les journalistes. Le patron de l'Otan a ensuite cité des chiffres qui édifient sur l'intensité de cette guerre contre les forces loyalistes au colonel Kadhafi : plus de 10.000 sorties aériennes depuis le début de l'opération ; 1.800 objectifs militaires libyens détruits, dont 100 sites de commandement et de contrôle ; 700 dépôts de munitions et 500 chars d'assaut. «Nous avons prolongé, comme vous le savez, notre mission de 90 jours - fin août- et nous la prolongerons s'il le faudrait», a affirmé M. Rasmussen. Et pour donner, encore une fois, une légitimité et une caution morale à l'offensive militaire en Libye, le SG de l'Otan a déclaré «qu'une grande partie du peuple libyen est en train de retourner à une vie normale, sans la peur d'être bombardée par l'armée de Kadhafi.» Sur la lancée, M. Rasmussen estime que «l'après Kadhafi est proche» et d'ajouter que «les alliés étudient déjà les formes d'aides qu'ils pourraient mettre à la disposition des Libyens pour qu'ils assurent la transition vers un régime démocratique.» Il a précisé toutefois que «dès la chute définitive du régime de Kadhafi, l'Otan ne jouera plus un rôle de 1er plan. Ce sera le rôle de la Communauté internationale et de l'ONU.»

Lors du débat, l'orateur a dû reconnaître que l'Otan va devoir, dès ce mercredi, appeler l'ensemble des alliés et partenaires à plus d'implication et de participation effective, dans les opérations en Libye.

Devant tant d'optimisme, sur un avenir immédiat de paix pour les Libyens, nous n'avons pas pu résister de questionner M. Rasmussen, eu égard au trafic d'armes qui s'installe au sud libyen et de la proximité de l'AQMI, dans la région du Sahel, sur les risques d'instabilité et d'insécurité, après la fin du régime de Kadhafi. «Ce sera l'affaire de l'Onu, de l'UE et des pays frontaliers. Des stratégies sont en cours pour contrer le risque d'une instabilité chronique ou de violence dans la région», a résumé en substance M. Rasmussen.

La question du sort de Kadhafi et sa garde rapprochée a été soulevée. «Encore une fois ce sera à l'Onu et au TPI d'en décider. Je rappelle que nous avons demandé, à plusieurs reprises, à M. Kadhafi de cesser d'attaquer les civils et de rappeler ses soldats, sans qu'il obtempère. Je précise que nous ne faisons pas la guerre à une personne, mais nous défendons des populations civiles contre les forces armées de Kadhafi», a déclaré le SG de l'Otan. Puis d'ajouter : «le catalogue des crimes de Kadhafi et son armée est épouvantable. Tueries, viols en séries, crimes de guerre? Kadhafi continue, pour l'heure d'être une menace pour la paix et la sécurité dans toute la région.» Malgré l'optimisme développé par M. Rasmussen sur la fin prochaine du régime du colonel libyen, la crainte d'un enlisement n'a pas été exclue. D'où la proposition de l'implication de tous les membres de l'Otan, et au-delà s'il le faut, qui sera exposée à la réunion ministérielle de ce mercredi.