Terrorisme routier, hécatombe, cimetière sur quatre roues, tous les
adjectifs peinent à traduire la réalité de nos routes qui font chaque année
quelque 3.500 morts, en moyenne. Des statistiques que même le durcissement du
code de la route, décidé en 2009, en consacrant le principe de rétention du
permis de conduire et en révisant à la hausse les paliers d'amendes
forfaitaires n'a pas pu revoir suffisamment à la baisse et qui continue
d'inquiéter les plus hautes sphères de décision. Ainsi, le fameux permis à
points qu'on avait annoncé en grandes pompes, en juillet 2009, et qui devait
permettre à l'Algérie du volant de se rapprocher de ce qui se fait au niveau
des autres pays développés, ne sera présenté que prochainement au gouvernement,
selon Amar Tou. Sa mise en
place a été retardée par l'absence d'un fichier national de permis de conduire.
Le ministre des Transports a annoncé jeudi passé, au cours d'une séance de
questions orales au Conseil de la nation, que le projet de décret portant
application du permis à points est finalisé. Ce projet, estiment ses
concepteurs, permettra de juguler le nombre d'accidents de la route, en hausse
par rapport à l'année dernière, selon le bilan de la gendarmerie nationale. 758
personnes sont mortes et 8.412 autres ont été blessées dans 4.906 accidents de
la circulation survenus à travers le territoire national durant les trois
premiers mois de l'année en cours. Par rapport au premier trimestre 2010, le
nombre de décès a augmenté de 143 (+23,25%), celui des blessés de 2.138 (+34,08%)
et celui des accidents de 1.248 (+34,12%). Ces chiffres battent en brèche la volonté des
pouvoirs publics à endiguer un véritable fléau qui endeuille, bon an, mal an, des
milliers de familles algériennes et coûte au Trésor quelque un million d'euros
annuellement. M. Tou a exprimé toute sa crainte de
voir le nombre de victimes, enregistré cette année, atteindre le seuil de 2009
avec quelque 3.800 morts sur les différentes routes d'Algérie.
Pour rappel, chaque année, 3.000
personnes viennent grossir les rangs des handicapés victimes d'accidents de la
circulation. Le permis à points, inspiré de ce qui se fait en Europe, permettra
de retirer au conducteur un point à chaque infraction sachant que le titulaire
d'un permis de conduire obtenu il y a plus de deux ans, est crédité d'un
capital initial de 16 points et 8 points pour les personnes ayant un permis
probatoire. Si un conducteur n'a pas épuisé tous ses points, il pourrait, à la
faveur d'un stage de sensibilisation dans une école spécialisée, reconstituer
un certain nombre de points. A l'épuisement de tous les points, l'intéressé
sera suspendu et sera interdit de passer son examen pour l'obtention du permis
de conduire pendant un délai de six mois. Après six mois, il passera à nouveau
l'examen pour l'obtention du permis de conduire. Cette mesure est également
assujettie aux examens médicaux qu'il doit subir au préalable. Le retrait des
points sera alors selon la gravité de l'infraction. Il y a quatre catégories
d'infractions pour les délits plus graves et dont le barème sera publié sur le
journal officiel après l'adoption du projet soumis par le ministère des
Transports. Le retrait de points serait pourtant proportionnel à l'infraction
commise. On pourrait même aller jusqu'au retrait de trois ou quatre points par
infraction et un ou deux points pour les petites infractions. Les infractions
qui mènent vers un retrait de quatre ans concernent notamment la conduite en
état d'ivresse ayant occasionné des blessés ou des morts. Par ailleurs, et
abordant l'épineux dossier des plans de circulation dont l'inadéquation étouffe
littéralement les grandes villes algériennes, le ministre des Transports a
indiqué que 50 plans de circulation étaient en gestation pour moderniser le
transport en milieu urbain. «Nous comptons arriver, à moyen terme, à
l'élaboration de 50 plans de circulation dans les plus grandes villes d'Algérie
avec une particularité qui sera accordée pour Alger, Oran et Constantine», a
précisé Amar Tou qui a
ajouté que l'Agence spatiale algérienne (ASAL) est chargée de la réalisation
des cartes de ces agglomérations, celle de la ville d'Oran étant achevée, celles
d'Alger et de Constantine sont en cours de réalisation.