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En
sa qualité d'ancien chef du gouvernement, Mokdad Sifi fait partie de la liste des personnalités conviées à
prendre part aux consultations politiques menées par l'instance que préside
Abdelkader Bensalah. Il a décliné l'invitation par lettre adressée à ce dernier,
dans laquelle il lui a fait part des raisons qui motivent son attitude. En fait,
sa missive développe un réquisitoire sans concession contre le pouvoir en place,
ses pratiques et ses ruses pour sauver ce qu'il peut du système politique en
faillite. Lequel réquisitoire a fait conclure à son rédacteur qu'il ne peut
cautionner par sa présence aux consultations la démarche retenue dans le cadre
de celles-ci par un « pouvoir qui est le véritable problème du pays ». Quoi que
l'on pense par ailleurs de l'homme, il faut lui reconnaître en la circonstance
et du panache et de la cohérence. Ce dont ne font pas preuve les personnalités
qui clament qu'il ne faut rien attendre pour ce qui est du changement de la
part de ce pouvoir en place, mais acceptent de prendre part aux consultations. Certaines,
qui ont déjà rencontré Bensalah, ont certes persisté
à estimer que la méthode suivie par le pouvoir est inappropriée et qu'il n'en
sortira pas le changement et les réformes profondes que revendiquent le peuple
et la société algérienne.
Mais elles ont irrémédiablement porté atteinte à leur crédit dans l'opinion publique en y prenant part tout en sachant ce qu'elles masquent de ruse et de calculs. La «politesse» des uns, la « détermination des autres à faire parvenir à qui de droit» leurs avis et propositions qui ont été les raisons les poussant à accepter l'invitation de l'instance Bensalah, ne sont nullement recevables et acceptables pour la justification du grand écart qu'ils se sont permis entre leurs convictions, et qu'ils le veuillent ou non, la caution qu'ils ont apportée à la démarche du pouvoir avec lequel ils se prétendent en rupture. Plus de personnalités nationales se prêteront au spectacle de ces consultations qui ne sont que trompe-l'oeil à une stratégie cherchant à sauvegarder le système politique et à le prémunir de la révolte citoyenne, plus cela arrange le pouvoir et ses hommes. Il ne faut pas que celles qui s'y seront prêtées s'étonnent que les Algériens les englobent dans le même rejet et la même détestation qu'ils vouent au pouvoir. Contrairement à ces personnalités, Mokdad Sifi a respecté les règles de la « politesse » sans transiger sur ses convictions. En agissant ainsi qu'il l'a fait, son geste lui vaut à coup sûr le respect de beaucoup de citoyens. Tout autant qu'elles, Mokdad Sifi ne veut pas d'un dénouement violent à la crise nationale. Mais il a eu raison contre elles de considérer qu'il ne faut pas cautionner une démarche qui, inappropriée au problème considéré, « fera perdre un temps précieux au pays et est susceptible, par ses atermoiements et temporisations, d'exacerber et de précipiter le dénouement violent redouté de cette crise nationale ». En attendant, la commission Bensalah ne chôme pas, ayant trouvé un panel de personnalités pour qui le fait d'être « consulté » vaut brevet de reconnaissance de leur poids politique et de leur influence dans l'opinion publique. En politique, il n'est de pire conseiller qu'un ego surdimensionné et une ambition contrariée. |
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