|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Khaled Nezzar demande au pouvoir de légaliser
de nouveaux partis politiques, d'instaurer l'Etat de droit et de consacrer les
libertés individuelles des citoyens.
Les services de la présidence de la République ont été obligés, jeudi en fin de matinée, de ramener une chaise devant les micros pour que le général major, âgé de 74 ans, s'assoie et fait sa déclaration après sa sortie de la salle des consultations que dirigent depuis samedi dernier Bensalah, Touati et Boughazi. Nezzar s'est entretenu avec eux pendant près d'une heure et quart et a synthétisé ses propositions à la presse en près de huit minutes. «J'ai quatre minutes pour vous lire un petit papier et il n'y aura pas de questions», a-t-il d'emblée dit. Il a fait savoir qu'il avait transmis à la commission nationale des consultations politiques ses propositions par écrit. «Je précise que si j'ai accepté l'invitation, c'est parce que le président de la République s'est engagé officiellement à mener ces réformes que je considère nécessaires pour construire l'Etat de droit», a-t-il précisé. C'est aussi à ses yeux «une initiative qui doit constituer une occasion que nous avons tant attendue pour transmettre le flambeau aux nouvelles générations.» Pour l'histoire, Nezzar a été ministre de la Défense de 1990 à 1993, date à partir de laquelle il a été aussi membre du Haut Comité d'Etat que présidait Ali Kafi après le départ de Chadli Bendjedid. Il a quitté son poste en 1994 avec l'arrivée de Liamine Zeroual. Il a donc été l'un des plus importants des généraux janviéristes qui avaient décidé en 1992, de l'arrêt du processus électoral. C'est dire qu'il connaît le pouvoir dans ses tréfonds, ses engrenages, ses contractions et ses tiraillements. Quoiqu'en 1999, il avait dû en rater un épisode puisqu'il avait traité Bouteflika alors candidat à sa première élection présidentielle de «canasson». A cette époque, il était peut-être déconnecté des castes des décideurs ou alors boycotté par leurs soins à partir du moment où ils l'avaient pas mis dans la confidence de leur choix du «candidat consensuel.» Une fois la parenthèse du «canasson» fermée et après son ralliement à Bouteflika, le général major remontera plusieurs fois au créneau pour le dénigrer. Nezzar rentrera cependant dans les rangs après que le président de la République est intervenu en 2004 pour lui faire quitter Paris par un avion spécial qui a décollé de l'aéroport militaire du Bourget. Ceci après que des familles algériennes des disparus voulaient déposer plainte contre lui auprès de tribunaux français. Ceci étant dit, il se considère à ce jour comme une autorité de plein droit. Il a eu à le dire publiquement au lendemain du décès du général Mustapha Beloucif, sans qu'aucun des officiels et notamment l'armée ne trouve à redire alors que c'est l'un de ses retraités. Il a même reconnu samedi publiquement - implicitement bien sûr - à partir du siège des consultations politiques qu'il a un rôle à jouer dans le transfert du pouvoir «aux nouvelles générations.» Les propositions de Nezzar «Si le défi est lié à la révision de la Constitution qui doit consacrer l'Algérie en tant qu'Etat de droit et prouver que c'est l'objectif visé, j'affirme devant l'opinion publique que l'occasion y est offerte. Je souhaite que nous ne serons pas déçus, mais si ce sera le cas - et je ne souhaite pas cet échec -, cela ne signifiera pas que c'est l'échec de ceux qui militent pour cet objectif mais l'inverse», continue-t-il de dire. Le général major a lu à la presse trois de ses propositions qu'il considère «fondamentales.» Il dit au préalable avoir «insisté dans mon intervention sur la réhabilitation de la crédibilité de l'Etat à travers le processus des réformes engagées.» Parce que, explique-t-il, «sans cette crédibilité, cette initiative sera entachée par l'absence de la majorité, ce qui diminuera des résultats positifs escomptés.» Nezzar évoque comme première proposition «la constitution d'une commission indépendante pour l'élaboration des textes de lois.» En attendant et c'est sa deuxième proposition, il demande que «le président de la République légifère par ordonnance jusqu'à l'élection du prochain parlement». C'est-à-dire jusqu'en 2012. D'ici là et même s'il ne le dit pas explicitement, Nezzar revendique le gel de l'actuel parlement puisque toutes ses prérogatives seront entre les mains d'une commission nationale indépendante. Sa troisième proposition est que «le nombre de mandats présidentiels doit être limité» dans la future constitution. Nezzar revendique par ailleurs «le respect du caractère républicain et démocratique de l'Etat algérien.» Il appelle à «l'alternance au pouvoir.» Il recommande alors que pour arriver aux institutions législatives et exécutives élues, il faut se conformer «au principe de l'égalité des chances et ce à tous les niveaux du pouvoir sans exception.» Il réclame aussi «le respect des droits de l'opposition et de la minorité parlementaire.» Des droits qu'il refuse qu'il leur soit porté atteinte «à l'ombre de la paix civile.» Il indique qu'«aucune légitimité, exceptée la légitimité constitutionnelle ne doit être utilisée comme prétexte pour soulever des questions liées aux croyances religieuses et aux libertés individuelles du citoyen.» Autre proposition qu'il fait, «l'obligation du respect de la liberté d'expression pour toute manifestation pacifique qui se tient dans n'importe quelle région du pays y compris dans Alger». Le général major réclame des garanties de transparence ainsi que l'autorisation à de nouveaux partis politiques, syndicats et associations de la société civile. |
|