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Les pays émergents
ont décrété l'ère de l'alternance géographique dans la direction du FMI et de la Banque mondiale. Mais ne
sont pas politiquement organisés autour d'une «candidature du sud». Porte
ouverte pour que l'axe transatlantique poursuive sa domination sur les
institutions de Bretton Woods.
Lagarde, la ministre française des Finances, est la mieux placée. Elle est
toutefois oupçonnée d'avoir aidé
Bernard Tapie, contre l'intérêt public. Le départ prématuré, il a formellement démissionné de son poste le 19 mai, de Dominique Strauss-Kahn de la direction générale du Fmi a ouvert un débat que beaucoup attendaient pour la fin juin, moment clé de la vie politique française avec les «primaires» du Parti socialiste. Avant le scandale du Sofitel de Times Square, il était en effet certain que Strauss-Kahn, présenté comme favori, allait enfin confirmer sa candidature à l'élection présidentielle française de 2012. Dans cette perspective, les hypothèses allaient bon train sur la nomination par le conseil d'administration d'un nouveau directeur général issu pour la première fois d'un pays émergent. Il faut rappeler que la Banque mondiale et le Fmi, créés à Bretton-Woods après la seconde guerre mondiale sont depuis continuellement dirigés l'une par un citoyen américain et l'autre par un européen en vertu d'un accord tacite entre puissances libérales. Cet usage qui remonte à 1946 est de moins en moins accepté par les pays émergents qui considèrent, arguments à l'appui, que le poids relatif des économies occidentales a nettement diminué avec la montée en puissance du groupe du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et d'autres pays comme le Mexique, la Turquie et la Corée du Sud. L'importance croissante de ces pays dans l'économie mondiale, particulièrement affirmée depuis la crise financière de 2008 et l'élargissement du G8 au G20, n'est guère contestée mais les Européens entendent conserver une position éminemment stratégique dans un contexte de mondialisation financière et, surtout, de crise de la dette souveraine de plusieurs Etats membres de l'Union européenne. Les Européens mettent en avant le fait qu'ils demeurent les principaux contributeurs au FMI et que le remplacement de Strauss-Kahn par un non-européen serait vécu comme une rebuffade supplémentaire après l'éviction infamante de l'ancien directeur général. Ce n'est bien sûr pas l'avis des pays émergents qui estiment que le monopole de la direction des Institutions de Bretton-Woods par les mêmes zones géographiques n'est pas conforme à la vocation universelle de ces institutions et réduit leur représentativité «démocratique». Autant de candidats que de pays émergents Les Chinois ont clairement fait savoir par la bouche de leur ministre des Finances qu'il était temps pour les Occidentaux d'abandonner les chasses gardées et s'ouvrir davantage aux pays émergents et à ceux en développement. Cette posture est également celle des Brésiliens, des Indiens et des Turcs notamment qui ont pris position pour une alternance géographique à la tête du Fmi et de la Banque mondiale. Mais l'unanimité des émergents ne se traduit pas par une unanimité de candidature, loin de là. Les prétendants à la fonction sont aussi nombreux que les pays émergents eux-mêmes. A ce jour, les noms de Kamel Dervis (Turquie), Trevor Manuel (Afrique du Sud) Tharmann Shanmugaratnam (Singapour), Agustin Carstens (Mexique) sont les plus souvent cités comme postulants face au candidat européen. Il est clair qu'à ce jour aucune candidature unique du Sud n'est envisagée ce qui réduit significativement le sens politique du challenge. Les observateurs à Washington estiment donc que les Européens, appuyés par les Américains, devraient conserver le poste. L'actuelle ministre des Finances française, Christine Lagarde, fait figure de candidat du consensus transatlantique. Ancienne dirigeante du très influent cabinet d'avocats Baker McKenzie, cette femme de réseau au carnet d'adresses très fourni a longtemps vécu à Chicago, et est donc très soutenue par les américains. Dominique Lagarde bénéficie de l'appui d'un large spectre politique, des libéraux aux socialistes. Dans l'état actuel des choses, c'est donc Madame Lagarde qui tient la corde sans réel rival européen. Mais la ministre des Finances du gouvernement Fillon, qui n'a pas encore fait officiellement acte de candidature, pourrait être compromise par sa mise en cause dans une affaire juridico-financière relative au règlement dans des conditions très contestées du différend de l'homme d'affaires Bernard Tapie avec le liquidateur - public- des actifs douteux du Crédit Lyonnais. L'épée de Damoclès d'une procédure judiciaire qui compromettrait l'image de Madame Lagarde est prise très au sérieux. Il ne serait pas surprenant qu'un candidat de dernière minute, certains évoquent le nom de Jean-Claude Trichet actuel patron de la Banque centrale européenne, vienne mettre tout le monde d'accord. |
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