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L'ex-directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn (DSK), est sorti
vendredi de la prison new-yorkaise de Rikers Island. Il
y a été détenu depuis dimanche dernier après avoir été inculpé pour agression
sexuelle contre une femme de chambre d'un hôtel du célèbre quartier new-yorkais
de Time Square.
Il a été libéré vendredi sous caution et placé en résidence surveillée, en attendant son procès. Mais, sa libération sous caution est très chèrement payée, car au million de dollars de caution que DSK doit remettre contre sa libération, s'ajoutent 5 millions de garantie et les frais exorbitants de sa surveillance qu'il va devoir financer. Affirmant craindre que Dominique Strauss-Kahn ne s'enfuisse avant son audience du 6 juin, le juge a été particulièrement exigeant dans les conditions de la libération de DSK. L'ancien patron du FMI accusé de tentative de viol est donc, en attendant un éventuel procès - qui aura lieu sauf s'il décide finalement de plaider coupable -, assigné à résidence. Selon la presse américaine, sa femme, Anne Sinclair, aurait d'ores et déjà loué un appartement dans l'Upper East Side, près de Madison Avenue et de Central Park. Si la décision de sa libération sous conditions est tombée jeudi soir, Dominique Strauss-Kahn a cependant passé une quatrième nuit à la prison de Rikers Island, en attendant que les 5 millions de dollars de garantie (près de 3,5 millions d'euros) soient réunis. Si DSK viole les conditions de sa libération, ils seront saisis. Contrairement à la caution d'un million qui a été apportée en liquide, cette somme n'est qu'une garantie bancaire. Même s'il a été directeur général du FMI, DSK doit également payer, outre ses défenseurs - qui sont des ténors du barreau et doivent donc avoir des honoraires en conséquence, pour assurer sa propre surveillance. Elle sera, à la demande du juge, assurée par une société qui emploie des anciens du FBI. Ses prestations (comprenant garde armée et vidéosurveillance) s'élèvent à plus de 200.000 dollars par mois (140.000 euros par mois environ). En attendant son procès fixé au 6 juin, DSK va mettre, même en résidence surveillée, des bracelets magnétiques, pour que la police surveille ses déplacements. Les socialistes en rangs dispersés Les déboires de DSK, qui s'est lui-même enfoncé dans une impasse notamment politique, mettent à mal les rangs socialistes, qui n'arrivent pas pour le moment à trouver une parade pour rebondir. En fait, c'est toute la classe politique française qui est entrée en plein dans l'après-Strauss-Kahn. Les socialistes, d'abord tétanisés, se résolvent au pragmatisme six jours après le «coup de tonnerre», au risque de réveiller les vieux démons de la division. Et, le temps politique étant toujours sous le compteur à 11 mois de la présidentielle française, le PS est tenté d'accélérer son calendrier interne pour combler au plus vite le vide. La pression monte sur Martine Aubry, premier secrétaire du parti, pour incarner l'alternative «officielle» dans la primaire d'octobre alors que son prédécesseur, François Hollande, a pris la place du favori dans les sondages. Dans le camp du PS, les prochains jours seront décisifs pour savoir qui prendra la place vacante laissée par le départ prématuré de DSK de la course à la présidentielle 2012. En face, le clan de Sarkozy jubile, car «en contrechamp, Nicolas Sarkozy accède à la sainteté», selon un parlementaire de la majorité, qui estime que l'image du chef de l'Etat, toujours très bas dans les sondages, ne peut que profiter de cet avatar - et de la grossesse de son épouse. Guerres de succession Par ailleurs, la succession de «DSK» à la tête du FMI, après sa démission officielle jeudi, fait rage. Pays européens et pays émergents animent ainsi une drôle de guerre de succession. La tradition veut que le poste de directeur général du FMI aille à un pays européen, et celui de la Banque mondiale à un américain. Or, aujourd'hui, les pays émergents veulent que la donne change. Bien plus, dans les circonstances actuelles, de plus en plus de voix de pays émergents appellent à ce que cette tradition soit changée. D'autant que certains pays émergents ont contesté en privé l'ampleur et la générosité des plans d'aide du FMI à l'Europe de l'Ouest, ainsi que le cofinancement par le FMI de prêts essentiellement mis au point par les autorités de la zone euro. A leurs yeux, cette souplesse contraste avec les conditions draconiennes imposées aux pays en voie de développement actuellement en difficulté. «Le programme de prêts à la Grèce a mis le FMI dans une situation de plus en plus inconfortable vis-à-vis des pays émergents», explique Eswar Prasad. «Ils y voient un exemple supplémentaire d'une inégalité de traitement.» Et, les candidats potentiels crédibles à la direction du FMI ne manquent pas dans les pays émergents. L'un d'entre eux est Kemal Dervis, qui dirige le département Economie mondiale de la Brookings Institution, un groupe de réflexion de Washington. Cet ancien ministre des Finances de la Turquie a évité la banqueroute à son pays avec l'aide du FMI en 2000-2001. A la liste des potentiels candidats des pays émergents (Mexique, Afsud, Inde), s'oppose celle des pays européens, qui veulent, à l'instar de la chancelière allemande Angela Merkel, imposer comme d'habitude leurs candidats, à la tête desquels est placée la ministre française de l'Economie Christine Lagarde. Pourtant, «rien n'est écrit, mais la probabilité que les rênes du FMI soient confiées à un candidat d'un pays en développement n'a jamais été aussi élevée. Les pays émergents attendent leur tour depuis longtemps. Aujourd'hui, ils ont sans doute une chance à saisir», explique Simon Johnson, ancien économiste en chef du FMI et actuellement professeur au Massachusetts Institute of Technology. |
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