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![]() ![]() ![]() Cherté et rareté des produits de la mer: Bientôt une «police» du poisson
par Moncef Wafi ![]() Devant l'inimaginable flambée de la mercuriale des produits de la pêche, la
sardine en premier, le gouvernement s'inquiète et veut mettre un holà à un
dérèglement de la filière qui a enfanté tous les excès. Premier pompier
concerné, le ministre de la
Pêche et des Ressources halieutiques, Abdallah Khanafou, qui a annoncé, jeudi, en marge d'une visite de
travail à Aïn Temouchent, la
prochaine création d'une «police de la pêche». Ce corps, qui travaillera en
collaboration avec les services des gardes-côtes, dont l'une des missions est
justement dédiée à la protection du domaine public maritime et du milieu marin,
prendra en charge le contrôle de la commercialisation des produits de mer. Ainsi,
l'une des priorités des inspecteurs composant cette «police» sera de suivre les
différentes étapes de la commercialisation du poisson, des pêcheries jusqu'aux
points de vente au niveau des halles à marée. Pour nombre de professionnels de
la mer, c'est justement dans cet intervalle que se joue le prix des produits
halieutiques avec l'intervention de plusieurs intermédiaires qui contribuent au
plafonnement des tarifs en spéculant impunément sur l'offre et la demande. Cette
«maffia» des quais est pointée du doigt à chaque soubresaut du marché et est
rendue responsable des fluctuations des prix qui, rappelons-le, ont atteint les
500 dinars pour le kilogramme de sardine. Le ministre de la Pêche a également souligné, lors
de son intervention, et tout en définissant le rôle de cette police qui devra
«contribuer à une meilleure régulation du marché du poisson», la rareté du
poisson dans nos eaux territoriales. Ce constat n'est pas nouveau puisqu'en 2009,
les professionnels de la pêche ont été unanimes et formels à dire qu'il existe
un risque réel sur la présence de la sardine en mer méditerranéenne. Cette
conclusion est le fruit d'un constat fait après la raréfaction du poisson bleu
dans les eaux nationales et internationales, notamment en Grèce « où aucun banc
de sardine n'a été signalé depuis trois ans», avait-on affirmé à l'époque. Les
larges des côtes marocaines, véritables portes sur l'Atlantique, orphelines de
sardines, sont un autre exemple sur lequel on s'est appuyé pour conforter cette
inquiétude. A Oran, on est conscient de la baisse drastique de la production
halieutique, réduite à sa plus simple expression, année après année. Ainsi, pour
le premier trimestre 2009, les armateurs activant au niveau de la wilaya d'Oran
ont pêché 1.322 tonnes de poissons avec une prédominance des crustacés. S'il
n'y a pas de différence notable avec les statistiques concernant la même
période de l'année dernière, il est indéniable de remarquer la nette diminution
de la production halieutique à partir de 2007. La sardine, poisson migrateur
par excellence, semble avoir déserté les côtes algériennes et oranaises en
particulier si l'on se fie aux chiffres avancés qui font état d'une quantité de
300 tonnes pêchées ces dernières années contre les 8.000 tonnes qui faisaient
le bonheur des consommateurs locaux, il y a de cela quelques années en arrière.
Cette situation, qui n'est pas propre aux côtes oranaises, a été soumise au
ministre par les bénéficiaires d'un sardinier acquis dans le cadre du programme
de soutien à la relance économique qui ont insisté sur «l'impossibilité de
rembourser les crédits bancaires dans les délais fixés à quatre ans, en
l'absence de ressources halieutiques». Une situation qui sera jugulée, selon M.
Khanafou, dès l'achèvement de la mission du bateau
scientifique appelé, par la tutelle, à déterminer les endroits exacts de la
biomasse pour élaborer un plan de gestion scientifique des produits de la mer. La
pérennité de cette biomasse passe justement par le respect du repos biologique
instauré dans les trois premiers miles marins, avec pour objectif une
«exploitation réfléchie et durable des produits de la pêche». Pour veiller au
respect de cette zone d'exclusion marine, le ministère a mis en place, en
collaboration avec les gardes-côtes, une cellule nationale de suivi et de
contrôle. Le ministre de tutelle a déclaré, à l'adresse des professionnels de
la pêche, que le respect du repos biologique leur incombait en partie, ce à
quoi ces derniers ont demandé qu'il fallait «l'écourter»,
la jugeant «trop longue». Pour rappel, cette période, fixée du 1er mai au 31
août de chaque année, tend à protéger le poisson dans sa période de frai. Ainsi,
la pêche de certaines variétés de poissons est strictement interdite, de jour
comme de nuit, dans les zones où se reproduit le poisson, selon la
réglementation en vigueur. Une zone qui s'étend sur trois miles nautiques
mesurés à partir des alignements de référence.
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