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De nouvelles mesures pour lutter contre le marché informel

par S. M.

La progression du marché informel continue de préoccuper les autorités locales. Une commission mixte élargie (impôts, direction du commerce, gendarmerie nationale, police) vient d'être mise sur pied pour lutter contre la progression du marché informel à travers le territoire de la wilaya. Cette commission aura pour mission de recenser toutes les activités gangrenées par l'économie informelle dans le but bien précis d'assainir le marché des pratiques illicites en œuvrant à l'intégration des commerçants clandestins dans le réseau formel. Une mission qui ne sera pas de tout repos pour les services concernés vu que 80% des transactions commerciales se font sans aucune facturation. La quasi-totalité des transactions commerciales utilisent le «cash» comme unique moyen de payement.

Plus préoccupant, le marché informel a progressé de 20% depuis les dernières émeutes de janvier 2011. La «trêve» décidée unilatéralement par les pouvoirs publics au début de l'année pour contenir la montée de la contestation parmi les jeunes a pleinement profité aux commerçants clandestins. Le commerce illégal prospère ainsi dans l'impunité totale et au su et au vu de tout le monde. Le marché des fruits et légumes, à titre d'exemple, baigne dans la clandestinité totale à Oran. Ainsi 80% des marchands qui exercent dans les marchés de quartiers ne disposent pas de registres de commerce.

Les services du commerce avaient recensé en 2010 plus de 900 commerçants exerçant sans registres de commerce des activités sédentaires à Oran. On assiste même ces dernières années à une «reconversion» des commerçants licites qui trouvent l'idée de travailler dans l'ombre plus rentable.

Première conséquence de cette progression de l'informel, un manque à gagner induit par l'évasion fiscale dans les transactions commerciales qui dépasse, au niveau national, les 200 milliards de dinars annuellement. Plus du tiers des contribuables (35%) ne s'acquittent pas de leurs impôts. Selon les services des impôts, le nombre des fraudeurs ou signataires de transactions sans factures avoisine les 11.500 personnes. L'administration fiscale a traduit en justice en 2010 près de 5.000 commerçants exerçant dans la wilaya d'Oran pour évasion fiscale dans les transactions commerciales. Les fraudeurs ne sont pas seulement des petits commerçants de détail, mais on trouve dans la liste noire du fisc de grands bonnets du monde du showbiz à Oran. Les créances détenues auprès de ces fraudeurs sont estimées à quelque 100 milliards de centimes. Outre les poursuites judiciaires, l'administration fiscale avait proposé la fermeture des commerces de ces 5.000 fraudeurs jusqu'au règlement complet des créances.