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- Bonjour
- Oué, qui est à l'appareil ?
- Ben voilà, je suis journaliste à ? - Journaliste ! Oué, je vois et que me veut le baveux ? - Madame la sardine ? - Mamzelle, si tu veux bien et ne me tutoie pas on n'a pas pêché ensemble à ce que je sache. - Pas de problème sur la question des étiquettes mais je voudrais simplement, à travers cet entretien, éclairer nos lecteurs sur ce qui se passe réellement sur nos quais. - Qu'est-ce que tu veux savoir mon chou, c'est pas à propos de mes tarifs que tu appelles, j'espère ? - Ben si, mademoiselle la sardine, avouez que 500 dinars le kilo c'est un peu trop cher, ne trouvez-vous pas ? - Ecoutes mon lapin, si c'est pour me dévaluer que tu «ring», c'est pas la peine, raccroches il vaut mieux pour ta santé. Et de toute façon, je te connais même pas. Dis-moi qui t'envoie ? - C'est monsieur Flen du ministère de la pêche, il m'a certifié que je n'aurais pas de problème. - Ah, lui, c'est un vrai maquereau, c'est bon balance tes questions et je verrai ce que je peux faire. - Comment vous expliquez ces prix ? - Tout a augmenté mon cher, pourquoi tu veux que je sois à la traîne. C'est une simple équation mathématique basée sur le principe de l'offre et de la demande. T'as pigé ou il faut te faire un dessin. - Mais du plat du pauvre à cinq cents balles, c'est de la démence. Comment expliquer cette courbe ascendante aux Algériens ? - Toi, tu crois toujours aux slogans creux. «La terre pour celui qui la travaille», «La république algérienne démocratique et populaire», «Du peuple au peuple», «Le travail pour tous» et toutes les banderoles qu'on montre à la télé. Je t'ai dit que tout a augmenté sauf le prix de l'Algérien, il ne cesse d'être dévalué. - Mais pour revenir aux raisons de cette flambée des prix ? - Vous les journalistes, toujours prompts à sortir les grandes phrases, déjà que vous ne mangez pas à votre faim et vous vous érigez en sauveur de la plèbe. Je vais t'expliquer une chose simple que, si tu assimiles c'est que c'est déjà pas mal. La sardine à 500 dinars, à 1500 ou 3000 dinars, c'est pas le problème, c'est qu'il y aura toujours des gens qui nous achèteront. Alors te débines pas trop. Les raisons, il faut les chercher ailleurs et pas chez moi. Après tout je ne suis qu'une pauvre sardine qu'on cherche à bouffer. Il faut aller voir du côté des gros requins, c'est là le nœud de tous les problèmes. - Donc, derrière ces prix, il existe une maffia du poisson, si j'ai bien compris ? - T'as bien potassé tes leçons mon grand, et pas simplement du menu fretin, si j'ose m'exprimer ainsi. T'as qu'à voir le feuilleton des quotas à la pêche au thon. Je peux t'assurer que les thons se sont bien marrés en lisant les comptes rendus sur l'affaire. - Et concernant la pêche à la dynamite, les bateaux espagnols qui achètent les produits de la pêche nationale, un commentaire ? - Laisse-moi pouffer, la dynamite c'est un vrai génocide, si tu pouvais voir le Parlement français pour qu'il condamne le génocide des sardines tu me rendras service. Pour les Espagnols, je peux rien te dire puisque, pour le moment, je n'ai pas été encore pêché, mais si j'ai des informations je te les donnerai - Et concernant les intermédiaires qui sont derrière tout ça, des pêcheurs avancent le nom du fils d'un haut responsable, peut-on avoir une confirmation ? - Allô, allô, je n'ai pas bien entendu la question - Je disais qu'à propos ? - Allô, je crois qu'il y a trop de fritures sur la ligne, si j'ose m'exprimer ainsi, et je pense que ça va couper. - Allô, allô, mademoiselle la sardine? |
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