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L'attentat de
Marrakech du 28 avril dernier fait craindre, outre un raidissement autoritaire
au plan politique, un ralentissement de l'activité touristique, vitale pour le
pays. Les appréhensions sont réelles. Le tourisme marocain attend les prochains
mois pour se faire une idée de l'impact de l'attentat du café Argana et? de la liquidation de Ben Laden
A u plan politique, les autorités ont affirmé que le programme de réforme annoncé par le roi Mohamed VI ne sera pas remis en cause. En tout état de cause, la contestation politique ne l'admet pas à l'image du mouvement du 20 février qui a organisé, dimanche, des manifestations défendant sur le même registre le changement démocratique et dénonçant le terrorisme. Certains restent néanmoins circonspects et «vigilants», le thème anti-terroriste ayant souvent servi à des reprises en main musclées. Les organisations des droits de l'homme ont fait de «l'action préventive» en appelant les autorités à ne pas bloquer les réformes et à ne pas commettre «d'abus» similaires à ceux qui ont suivi les attentats de Casablanca en mai 2003 et qui avaient fait 45 morts. Pour l'activité touristique, les professionnels s'attendent à un «impact» mais personne ne se hasarde à en mesurer l'importance. Les autorités marocaines mettent en exergue la réaction «calme» et «sereine» des professionnels du tourisme mais tout un chacun attend d'être, au début de mois juin, en possession des chiffres du tourisme pour le mois de mai pour se faire une idée plus précise de l'impact de l'attentat du café de l'Argana. Les chiffres du mois d'avril - en hausse par rapport au mois précédent - auguraient d'une reprise après un tassement du aux bouleversements politiques qui ont touché le monde arabe et la région maghrébine. Recul des réservations chez les TO français L'attentat contre le café Argana est venu remettre le doute sur cette reprise et fait craindre même un recul. D'où la campagne dynamique qui est lancée par les autorités marocaines et les professionnels du secteur. C'est que l'attaque terroriste en choisissant le café Argana a clairement ciblé l'activité touristique vitale pour l'économie. Aux bouleversements politiques dans le monde arabe et l'attentat de Marrakech, il faudra, estiment des spécialistes qui peuvent sembler pessimistes, ajouter les inquiétudes des Occidentaux sur des possibles représailles après la liquidation d'Oussama Ben Laden par les services spéciaux américains. Les voyagistes français qui tablaient sur une reprise de l'activité en 2011 font les comptes. Selon le CETO, une association de tour-opérateur français, les révolutions ont entraîné une baisse de 70% des départs vers l'Egypte, de 50% pour la Tunisie, et, par effet d'association, de 8% vers le Maroc. Ces chiffres globaux ont été établis avant l'attentat de Marrakech et la fin de Ben Laden. Ce sont ces deux nouveaux facteurs qui suscitent les appréhensions pour le tourisme marocain. L'attitude des touristes français - 1,8 million sur les 9 millions qui ont été accueillis par le Maroc en 2010 - sera déterminante. Il faut ajouter aussi que sur les 9 millions de touristes venus en 2010, 2,5 millions avaient pour destination la ville de Marrakech. Des chiffres avancés sur les réservations pour la saison estivale sont plutôt inquiétants pour les pays d'Afrique du Nord. L'Egypte est en baisse de 88% mais le chiffre est nuancé par le fait que le pays des pharaons est davantage une destination hivernale qu'estivale. Pour la Tunisie, l'impact serait massif avec un recul de 80%. Le Maroc commencerait à rejoindre le lot avec 40% de réservations en moins. Mais ces chiffres restent à vérifier pour les prochains mois. Concrètement, on constate que la fréquentation était, à la fin avril, en hausse de 10%. Sur les annulations de réservation après l'attentat du café Argana, le ministre marocain du Tourisme, Yassir Znagui a démenti le chiffre de 15 à 20% avancé dans les médias. « C'est très difficile aujourd'hui de recenser parfaitement la situation. Et les chiffres avancés ne correspondent pas à la réalité. C'est moins que cela, la situation est exactement comme avant» a-t-il déclaré au journal L'Economiste. Bradage Sans nier que l'attentat de Marrakech puisse avoir un impact, il estime que «personne n'est en mesure de se prononcer et prédire exactement ce qui va se passer. En tout cas, aujourd'hui, il n'y a pas eu d'effet de masse dans les annulations, les touristes n'ont pas écourté leur séjour et la vie a repris normalement le lendemain de l'attentat». Dans une autre déclaration à l'agence Reuters, Zenagui se dit confiant. «Les données dont nous disposons jusqu'ici et la réponse que nous avons élaborée nous rendent confiants quant aux perspectives du secteur (...) Une croissance de 8% des recettes est possible en 2011 sur la base de ce que nous observons aujourd'hui». Point positif, lié sans doute à une meilleure connaissance des choses, des fonds souverains des pays du Golfe engagés dans un projet de dix milliards d'euros de développement de nouveaux complexes touristiques gardent le cap et l'accord devrait être signé au cours de l'année 2011. Il reste que le segment du tourisme d'affaires ou MICE (Meetings, Incentive, Conférences, Exhibitions) est le plus affecté. Le ministre estime que les annulations ne dépassent pas les 5%. «Il ne faut pas céder à la panique et surtout ne pas exagérer. Si j'avais vu un mouvement de masse, je l'aurais signalé. Mais tant qu'il n'y a pas de mouvements de masse, il faut rester fort et solide. Car c'est notre comportement qui déterminera la tendance à venir?». Zenagui semble plus inquiet par les réactions de certains hôteliers qui bradent les prix pour conjurer une désaffection. «Les professionnels qui annoncent des réductions de 50 à 60% ont toujours été les premiers à payer le prix fort de leurs remises. L'argument de vente se retourne contre eux. Le jour où on sera vraiment dans le rouge, à ce moment-là, on va prendre les mesures nécessaires». |
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