Réputée pour la disponibilité des différents carburants dans les 21
stations d'essence, la wilaya d'El-Tarf est
confrontée à un manque de carburants, particulièrement le gasoil, dont la
pénurie est devenue récurrente. Du coup, c'est le désarroi parmi les gérants de
ces stations dont les représentants, à travers leur association, cherchent
vaille que vaille auprès des responsables concernés à trouver une issue. L'un
d'eux dira «comment honorer ses charges, ses créances auprès des banques, quand
de 30.000 litres
de gasoil, voire 60.000 servis quotidiennement, l'on vous sert en moyenne 7.000
à 10.000 litres
chaque jour. Cette quantité n'honore même pas les besoins des engins de travaux
publics d'une seule entreprise avec laquelle vous êtes conventionné». A cela
s'ajoute le matériel et les équipements des APC, des agriculteurs, sans oublier
les bus et les poids lourds des particuliers. Pour faire le plein de gasoil, les
engins doivent poireauter dans de longues chaînes pendant presque 24 heures. Le
manque criant de gasoil oblige plus d'un à aller le chercher dans les stations
d'autres wilayas, comme Annaba et Guelma. Quant aux causes de cette pénurie de
gasoil, elles sont évidentes. Elles sont liées à la contrebande, dans la mesure
où El-Tarf est une région frontalière. Le carburant
coûtant six fois moins cher qu'en Tunisie, son achat puis sa revente en Tunisie
rapportent gros. Certains diront qu'il va jusqu'en
territoire libyen. Un fait aussi qui n'aura échappé à personne, ce sont les
véhicules tunisiens dotés de réservoirs d'une contenance de 100 litres et plus qui
viennent quotidiennement à El-Tarf pour faire le
plein de gasoil et dont le pic atteint parfois les trois cents véhicules en une
seule journée par le poste frontalier d'Oum Theboul.
Même des chalutiers, dont la cuve
peut contenir jusqu'à 30.000
litres, sont utilisés. Le carburant est vendu aux
Tunisiens dans les eaux internationales. Parfois, une panne est simulée pour
rallier les ponts de Bizerte ou de Hammamet où le gasoil est revendu. Cette
situation risque d'avoir des répercussions sur les chantiers, les projets en
cours, sans oublier les transporteurs qui commencent à ressentir les effets de
cette pénurie de gasoil.