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Les ambassadeurs de France et de Grande-Bretagne à Oran: Les essais nucléaires, les anciens combattants et le reste

par Salah C.

Lors du débat qui a suivi la conférence qu'il a animée au CCF d'Oran, conjointement avec son homologue britannique, Martyn Roper, autour des relations entre leurs deux pays, sous l'intitulé : «Regards croisés sur une relation passionnée», Xavier Driencourt, l'ambassadeur de France en Algérie, a révélé, à propos des indemnisations des victimes des essais nucléaires français des années 60 dans le sud algérien, que 47 dossiers formulés par des Algériens victimes ont été réceptionnés depuis l'entrée en vigueur de la loi française en la matière. Le diplomate français a précisé à cet effet que pour les victimes algériennes, ce sont les mêmes conditions exigées pour celles de la Polynésie et que la liste des maladies engendrées a été établie». Dans la nouvelle loi, l'indemnisation est possible pour les victimes directes, ainsi que leurs ayants droit (veuves et enfants des victimes aujourd'hui décédées). Le représentant du gouvernement français a également rappelé qu'à partir du 1er juin, les pensions des anciens combattants français des anciennes colonies seront revalorisées à hauteur de 4 à 5 fois, sachant qu'elles sont estimées actuellement à 80 euros.

L'autre dossier abordé est celui des dernières mesures prises par Paris et Rome de durcir les conditions d'accès à l'espace Schengen. M. Driencourt a rappelé qu'il ne s'agit nullement de nouvelles conditions, mais de mesures contenues dans ce traité et dont l'application demeure à l'appréciation des Etats membres et qui ne sont que temporaires. Il a rappelé à ce sujet que l'Allemagne avait appliqué ces mesures depuis deux ans.

Concernant l'objet de la conférence, si le diplomate français a fait un retour dans l'histoire pour relever aussi bien les rapprochements que les conflits qui remontent à la naissance même des deux nations, le représentant de la couronne britannique a estimé que c'est ce paradoxe entre les relations des deux pays, le Royaume Uni et la France, qui fait leurs particularités, en reconnaissant au passage que leur lien avec les USA est historique. Il a terminé sur une note d'humour anglais en rétorquant à son homologue français, que les Anglais ont eu aussi leur cuisine, une manière pour signifier que le caractère universel de la gastronomie française n'est pas aussi juste qu'on le prétend.

La rencontre des deux diplomates à Oran s'inscrit dans le cadre des festivités marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale, une guerre marquée par un évènement tragique qui a eu lieu, le 3 juillet 1940, lorsque l'aviation de la Royal Air Force avait bombardé plusieurs unités de la marine française, mouillant dans le port militaire de Mers El-Kébir. Bilan : 1.380 morts. Les deux ambassadeurs ont rappelé l'origine de ce tragique épisode en précisant que le Royaume-Uni, alors seul devant l'ennemi, craignait que l'armistice signé par le gouvernement français avec l'Allemagne nazie quelques jours auparavant, ne fasse tomber cette flotte dans les mains d'Hitler, lui permettant ainsi de remettre en cause la suprématie maritime britannique et lui faisant courir un grave péril. Enfin, à noter que les deux diplomates hôtes d'Oran avaient visité deux cimetières de Petit Lac et de Mers El-Kébir, en présence d'anciens combattants algériens de la Seconde Guerre mondiale et des autorités locales.