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Il
a été reproché au président de la République de n'avoir pas fixé un calendrier
aux réformes annoncées par lui dans son discours à la nation du mois d'avril
écoulé. Omission que d'aucuns dans la classe politique et des analystes ont
interprétée comme révélatrice de son intention de gagner du temps, avec
l'espoir qu'interviennent des évènements sur les scènes nationale et
internationale qui atténueraient les pressions s'exerçant sur le pouvoir pour
le pousser à opérer des changements auxquels il rechigne.
Bouteflika a été sensible à cette réaction et a voulu dissiper les craintes qu'elle exprime en dévoilant en Conseil des ministres l'échéancier des réformes projetées. C'est ainsi que l'on sait maintenant que les réformes politiques concernant le régime électoral, la loi sur les partis, la place des femmes dans les assemblées élues, celles du code de l'information et du code de wilaya, seront finalisées et adoptées avant la fin de l'actuelle législature ; que la révision de la Constitution sera, elle par contre, soumise au prochain parlement qui sortira des élections législatives de 2012. D'une certaine façon, le chef de l'Etat a admis le bien-fondé de la suspicion que l'opposition nourrit à l'égard de la légitimité de l'actuelle Assemblée nationale en décidant de faire ratifier la révision de la loi fondamentale par celle qui lui succédera, en faisant valoir que celle-ci sera issue d'élections organisées dans une transparence totale, qui permettront de déboucher sur la représentation au Parlement de tous les grands partis de notre pays. Il n'a pas pour autant entendu l'appel à sa dissolution et à l'organisation d'élections législatives anticipées que lui ont lancé certains segments de cette opposition. Du moment que Bouteflika ne veut pas d'une Constituante qui suppose la mise au rancart de tout le dispositif institutionnel existant, le calendrier des réformes et de la révision constitutionnelle, dévoilé par lui se veut cohérent. La ligne de conduite qui fonde la démarche du chef de l'Etat est celle qui veut qu'il faut bien que les prochaines élections législatives se déroulent selon les modalités et dispositions des réformes, nécessite la loi électorale, celle sur les partis et celle sur la place des femmes dans les assemblées élues. Pour ce faire, le passage par l'actuelle Assemblée nationale s'impose donc, aussi discréditée qu'elle soit aux yeux de beaucoup. Sachant que le bien-fondé de la démarche choisie par lui n'apparaîtra pas évident à ses détracteurs, le Président a formulé l'assurance que le gouvernement est instruit d'avoir, au préalable au dépôt des projets de lois concernant les réformes sur le bureau de l'Assemblée nationale, à recueillir en tant que de besoin les suggestions et propositions des partis politiques et du mouvement associatif. Peu sûr pourtant que cet engagement présidentiel fera renoncer l'opposition à sa récusation de l'option qui est celle de Bouteflika à faire des réformes, dont au final il décidera seul du contenu et qui seront conceptualisées dans le seul cadre d'instances institutionnelles où la prépondérance du pouvoir s'imposera en dernier ressort. Les personnalités nationales et les partis politiques dont le Président a promis qu'ils seront consultés sur les réformes politiques, du moins ceux dont les avis peuvent avoir de l'influence au sein de l'opinion publique, refuseront de toute évidence de participer à un processus dont ils n'approuvent pas la pertinence et qu'ils soupçonnent de conduire à la pérennisation d'un système et d'un régime, au détriment du changement radical auquel ils appellent de leurs vœux et par leurs propositions. |
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