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A défaut de parler de la fin de l'espace Schengen, l'Europe, sur fond de
«mauvaises» interprétations des textes entre Paris et Rome, va redéfinir les
«conditions exceptionnelles» permettant aux Etats membres de l'Espace de
rétablir «temporairement» des contrôles à leurs frontières nationales.
Ainsi, la Commission européenne a entériné les propositions de la France qui avait pris la décision, vendredi dernier, de revoir les clauses de sauvegarde des accords de Schengen sur la libre circulation des personnes en Europe. Selon la version française, la sortie de l'Elysée a été conditionnée par l'octroi par les autorités italiennes à quelque 25.000 immigrés illégaux, arrivés sur le sol transalpin de Tunisie et de Libye, de titres temporaires de séjour leur ouvrant la porte des 23 autres pays de l'espace Schengen. Le ministre français de l'Intérieur, Claude Guéant, avait déclaré que la France refusait de «subir» cet afflux d'immigrants en bloquant notamment, le 17 avril, des trains venant de la gare italienne de Vintimille. Cette «réforme» souhaitée par Paris et Rome, à l'issue du 29e sommet franco-italien qui s'est tenu hier, sera dictée par des conditions qui seront proposées le 4 mai par la commissaire européenne en charge de la Sécurité, Cecilia Malmström, en vue d'un premier examen par les ministres de l'Intérieur de l'UE le 12 mai prochain. Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi ont demandé ainsi à Bruxelles d'«examiner la possibilité de rétablir temporairement le contrôle aux frontières intérieures des Etats-membres». Si actuellement, des conditions existent déjà pour un rétablissement temporaire des contrôles aux frontières nationales, l'UE doit en étudier certainement d'autres à la lumière du contentieux franco-italien et de là à spéculer sur plus de restrictions à propos de la délivrance de visas, il n'y a qu'un pas à faire. Rappelons que le rétablissement des contrôles aux frontières a déjà été utilisé à de multiples reprises, lors de sommets du G8 et autres lieux de rassemblement du mouvement altermondialiste ou encore par l'Allemagne lors de la Coupe du monde de football de 2006, afin d'interdire l'entrée sur le territoire de présumés hooligans suivant des listes préétablies par les services de police. La France avait déjà eu recours à l'article 2.2. qui prévoit cette possibilité «pour une période limitée» et «lorsque l'ordre public ou la sécurité nationale l'exigent» suite à la vague d'attentats de l'été 1995. Paris rétablit alors tous les contrôles qu'elle finit par lever le 26 mars 1996, à l'exception des frontières avec la Belgique et le Luxembourg, en raison de la tolérance néerlandaise vis-à-vis de certaines drogues. Du côté algérien, cette refonte de l'Espace Schengen préoccupe au plus haut niveau de décision puisque le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, l'avait évoqué la semaine dernière, en déclarant que «la partie algérienne est préoccupée par la question de la libre circulation des personnes» lors de son passage sur les ondes de la Chaîne III, vendredi dernier, en ajoutant, concernant cette question, «Nous sommes en train de la gérer bilatéralement. L'UE est en train de mettre en place un système européen et non pas un système porté par chaque pays, nous devons nous aussi porter notre voix». |
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