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«Le changement aura lieu dans la rue, d'une manière pacifique ou dans la
violence» a averti hier, Maître Ali Yahia Abdenour à l'occasion d'une
conférence de presse organisée par la coordination pour le changement et la
démocratie (CNCD, partis politiques).
Le président d'honneur de la ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) n'a pas été complaisant et a dressé un tableau très sombre de la situation politique en Algérie. Pis, l'Algérie toute entière serait dans une «phase dangereuse», estime le conférencier qui soutient «qu'une tempête est en train de se préparer et va emporter le régime, comme cela s'est passé en Tunisie et en Egypte». Ali Yahia Abdenour propose de «destituer» le chef de l'Etat en s'appuyant sur la Constitution, notamment dans son article 88 qui prévoit, ajoute-t-il, «le remplacement du président de la République en cas de maladie grave». Le président d'honneur de la LADDH dira qu'il a trouvé le discours à la nation de Bouteflika «pathétique». Tous les changements à l'intérieur du système ne seront d'aucun effet, estime encore l'avocat qui soutient que «le départ du président de la République doit être un préalable à tout changement». Les réformes annoncées par le chef de l'Etat ne sont que de la «poudre aux yeux» pense Ali Yahia Abdenour qui remontera dans l'histoire en affirmant qu'entre le colonialisme et le pouvoir actuel rien n'a vraiment changé. «Les citoyens algériens sont restés des sujets, comme lors de la colonisation» dira-t-il en soulignant que «la révolution algérienne a été détournée de son sens depuis 1962». Pour sortir de cette «crise», la CNCD propose une série de mesures, contenues dans une plate- forme distribuée aux journalistes, en marge de la conférence de presse organisée dans une salle située sur l'esplanade de l'hôtel SOFITEL d'Alger. Le premier préalable c'est l'organisation d'une conférence nationale et qui aura pour mission de désigner un conseil national de transition démocratique (CNTD), est-il expliqué. Composé de personnalités «résolument engagées pour le changement démocratique», le CNTD aura un mandat qui ne devrait pas dépasser les 12 mois, ajoute-t-on encore en soulignant que la commission doit veiller à «dissoudre toutes les assemblées élues», «nommer un gouvernement de transition pour gérer les affaires courantes» et enfin «se préparer pour engager le pays dans une refondation nationale dont la clé de voûte sera la rédaction d'une Constitution qui sera proposée au peuple algérien par voie référendaire». «Le CNTD mettra en place une commission indépendante qui proposera les modalités de restitution du sigle FLN à la mémoire collective. Cette commission aura pour mission d'établir la vérité et la justice sur toutes les atteintes subies par les Algériennes et les Algériens après l'indépendance» est-il stipulé dans le cinquième point de la «plate-forme pour le changement démocratique». Cette dernière, propose par ailleurs que durant cette phase de transition «l'armée et l'ensemble des services de sécurité seront placés sous l'autorité du CNTD et auront pour mission la défense du territoire et du caractère républicain et démocratique de l'Etat». Interrogé sur la faible participation des citoyens aux «marches hebdomadaires» de la CNCD, le député du RCD, Besbès Tahar incombe cela au dispositif sécuritaire déployé chaque samedi. Par ailleurs, la représentante du parti pour la liberté et la démocratie (PLD), Mme Aouicha, est intervenue au sujet de la mort d'Ahmed Kerroumi, l'enseignant universitaire, militant au sein du MDS et membre de la CNCD d'Oran. «C'est un assassinat politique dont l'objectif est de nous faire taire» a-t-elle déclaré. Pressée pour donner de plus amples détails sur le sujet, la dame dira qu'elle ne dispose pas d'information. A noter qu'en dehors de l'action de samedi, c'est la première fois que la CNCD organise une conférence publique. Plusieurs personnalités politiques nationales et des ambassadeurs ont été invités mais seuls les représentants des chancelleries basées à Alger, des USA, d'Espagne et d'Italie sont venus participer à la rencontre. |
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