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Pour justifier l'impasse libyenne, l'Algérie montrée du doigt

par Kharroubi Habib



On ne pouvait espérer que le régime algérien, lui-même en butte chez lui à une contestation populaire réclamant son changement, s'enthousiasme pour les mouvements de même nature s'étant produits dans d'autres pays du Maghreb et du Moyen-Orient et applaudisse au succès de certains d'entre eux. Il ne pouvait non plus manifester de solidarité franche aux régimes arabes dans la tourmente sans heurter en Algérie sa propre opinion nationale, acquise dans sa totalité aux objectifs du printemps arabe. D'où le semblant d'équidistance adopté par la position officielle à l'égard des protagonistes de ces évènements.

En réalité, l'Algérie officielle vit mal ce qui s'est passé en Tunisie et en Egypte et tout autant l'insurrection qui a éclaté en Libye et l'effervescence populaire qui menace en Syrie le régime de Bachar El-Assad.

Mais de là à penser que le pouvoir algérien s'est départi de sa neutralité affichée concernant ces révoltes qui secouent le monde arabe, est un écart que seuls pratiquent ceux qui veulent, pour des raisons inavouées, le mettre en difficulté avec l'opinion internationale.

C'est l'objectif qui nous semble être à l'origine de la campagne dont il est l'objet, le présentant comme ayant pris fait et cause pour le dictateur libyen Kadhafi contre son peuple en révolte. L'Algérie est tout simplement accusée d'avoir volé au secours de ce dictateur en lui fournissant matériel militaire et mercenaires.

L'accusation est venue du Conseil national de transition libyen, relayée et amplifiée par des médias dont les pays sont engagés dans l'intervention internationale en Libye. D'abord sans preuve aucune lui donnant force de vérité, l'accusation s'est trouvée un semblant de réalité dans le fait que les insurgés auraient fait prisonniers des combattants pro-Kadhafi se déclarant de nationalité algérienne.

Que des Algériens se soient enrôlés dans les rangs des milices kadhafistes, cela est possible. Mais est-ce pour autant à l'instigation des autorités algériennes ? Lesquelles ne sont pas sans ignorer la situation dans laquelle elles seraient mises si l'implication de l'Algérie aux côtés de Kadhafi en venait à être prouvée.

Que les officiels algériens ne souhaitent pas la chute de Kadhafi et de son régime est un secret de Polichinelle. Mais de là à se mettre à dos la communauté et l'opinion internationales en leur prodiguant de l'aide militaire, ils s'en garderont bien.

Si l'Algérie est pointée du doigt, c'est pour servir en partie de justification à la résistance qu'opposent Kadhafi et ses partisans au mouvement insurrectionnel, pourtant aidé par l'intervention internationale.

Les insurgés et les puissances qui les aident ont imaginé qu'ils allaient vite en terminer avec Kadhafi et son régime. Plus d'un mois de combats et de bombardements n'ont pas fait arriver cette fin espérée. Au contraire, il apparaît que la situation en Libye est dans une impasse totale, préjudiciable pour les calculs faits par les puissances engagées aux côtés des insurgés. Ne voulant pas admettre que, dans le cas libyen, c'est une guerre civile qui a été déclenchée et qu'en tant que telle, elle fait apparaître que Kadhafi n'est pas aussi totalement abandonné par le peuple libyen, ces puissances se cherchent une excuse à leur échec en distillant l'accusation que le dictateur bénéficie de soutiens étrangers.

De par l'ambiguïté de sa position sur l'affaire libyenne, des réserves qu'elles a exprimées sur certains aspects de l'intervention internationale et sur les doutes qu'elle a formulés quant aux motifs officiels avancés pour engager cette intervention, l'Algérie est le pays que ces puissances ont choisi de charger pour donner une raison aux déboires que leurs protégés subissent sur le terrain.