Invitée par
l'Institut Cervantès d'Oran, Wassila Tamzali, féministe algérienne engagée, a
animé samedi dernier dans l'enceinte de ce centre culturel une conférence
portant sur la condition féminine en Algérie. Même si la rencontre s'annonçait
sous le titre de «La burqua comme excuse», il n'en fut rien de tout cela, mais
simplement le titre d'un livre commandé par un éditeur espagnol et écrit en
langue espagnole. Par contre, la conférencière s'attellera tout au long de sa
présentation à décrire la femme algérienne comme «n'ayant nullement acquis son
affranchissement». Elle soulignera que le «combat féministe n'est pas un combat
juridique», mais bien une idéologie de la libération» même si au début de
l'indépendance, précise-t-elle, «la femme partageait avec l'homme le même idéal
de liberté, de justice, de développement?», en quelque sorte une régression
pour le combat de la femme entravée de nos jours par «le religieux et le
culturel» qui a complètement supplanté le fait politique. «Le combat de la
femme est allé beaucoup plus loin que le carcan qui lui a été tracé comme
gardienne de l'identité c'est-à-dire réduite à un rôle utilitaire». Pour se
libérer de ce carcan qui «n'offre que des choix et pas la rupture», la
conférencière suggère la déconstruction de ce discours qui n'est à ses yeux ni
culturel, encore moins religieux, mais sûrement politique dont la visée
primordiale est d'asseoir la domination du pouvoir en place. La révolution qui
souffle sur le monde arabe et qui est en train d'écrire ses annales est une
occasion pour la femme, en s'émancipant de redevenir citoyenne libre de ses
choix personnels. Avant cela, affirme l'auteure de «Une femme en colère», il
faudrait comprendre «ce glissement du religieux spirituel vers le comportalisme
qui maintient la femme culpabilisée de par son statut dans son rôle d'éternelle
soumise». En fin de compte un discours féministe un peu dur pour une société
qui ne s'avoue pas encore prête à épouser une pensée occidentalisée du statut
de la femme. Ce statut souffre beaucoup plus du cliché que de la réalité. Il
s'en est suivi un débat parfois houleux avec la conférencière qui semblait
également désenchantée par une certaine gauche française féministe,
universaliste, antiraciste mais qui n'a pas été au rendez-vous historique du
combat de la femme algérienne post-indépendance au motif que «ce qui est
culturel est difficilement réformable» vaste sujet que l'on ne peut résumer à
un angélisme manichéen où tout doit être pensé à partir de la politique et de
l'idéologie. La Syrie, le Liban, l'Irak de Saddam, la Tunisie sont des pays
laïcs et la femme a commencé à voter bien avant la femme française pour dire
qu'il y a de ces discours faussement émancipateurs mais qui véritablement
portent en eux ce qui ne peut être dit.