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Le Groupe de contact sur la Libye a insisté hier à Doha sur le départ de
Mouammar Kadhafi comme moyen de parvenir à un règlement de la crise libyenne,
ainsi que le financement de l'opposition, selon le texte du communiqué de sa
réunion à Doha. Le Groupe insiste sur «la nécessité pour Kadhafi de se démettre
du pouvoir» pour favoriser un règlement de la crise politique en Libye, indique
le texte du communiqué lu devant les journalistes par le Premier ministre et
chef de la diplomatie du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem ben Jabr Al-Thani. Pour
autant, une belle pagaille sur les moyens d'aider les insurgés libyens à se
débarrasser de Mouammar Kadhafi était palpable hier mercredi à Doha. Les
divergences se sont encore agrandies entre les pays de la coalition sur la
manière de soutenir l'opposition, alors que des voix, africaines celles-là,
mettent en garde contre une partition du pays et sa somalisation. A Doha, les
propositions se chevauchaient sur le soutien financier et militaire pour
soutenir l'opposition, qui elle a demandé des armes pour en finir avec le
régime de Kadhafi
La première réunion du Groupe de contact s'est ouverte à Doha sous la coprésidence de la Grande-Bretagne et du Qatar, près de quatre semaines après le début le 19 mars d'une opération armée multinationale sous mandat de l'Onu. L'impasse militaire entre les rebelles tenant la région de Benghazi et les forces loyales à Mouammar Kadhafi retranchées dans celle de Tripoli a fait naître au sein de l'Otan, qui dirige les opérations alliées, le spectre d'un enlisement. Londres et Paris ont appelé à une action plus musclée de l'Alliance, mais Washington a défendu le rôle de l'organisation transatlantique qui a appelé à une solution politique, notamment la mise en œuvre d'un cessez-le-feu. L'opposition a de son côté appelé l'Otan à intensifier les frappes aériennes. «Nous voulons davantage de frappes aériennes contre les chars et les sites de lancement de missiles» de l'armée fidèle au colonel Kadhafi, a déclaré le responsable des relations extérieures du Conseil national de transition (CNT, rebelles libyens), Ali al-Issaoui. Peu avant l'ouverture de la réunion, les insurgés libyens avaient indiqué qu'ils voulaient une plus ample reconnaissance, mais aussi des armes et de l'argent. Leur porte-parole Mahmoud Chammam a indiqué que le CNT attend «une assistance militaire», et «une protection des civils libyens bombardés» par les forces loyalistes. M. Chammam a aussi insisté sur la libération de fonds libyens, notamment quelque 30 milliards gelés aux Etats-Unis dans le cadre des sanctions internationales prises contre le régime du colonel Kadhafi. L'Europe toujours divisée Par ailleurs, les Européens n'arrivent pas à s'accorder sur les moyens d'aider l'opposition libyenne, et les divergences s'accentuent. Après les fausses notes allemandes, et la fuite en avant franco-britannique, l'Italie vient de s'illustrer dans cette cacophonie pour demander l'envoi d'armes à l'opposition libyenne, Rome appelant à armer la rébellion et Berlin rejetant une solution militaire. Selon un porte-parole du ministère italien des Affaires étrangères, Rome est en faveur de fournir des armes aux rebelles libyens. «Nous devons fournir tous les moyens possibles pour leur défense», a assuré Maurizio Massari, qui a souligné que la résolution 1973 «n'interdisait pas de fournir des armes aux rebelles». «La question de la fourniture d'armes aux rebelles est clairement un sujet de discussion», a ajouté M. Massari, alors que la réunion de Doha doit tenter de donner une perspective politique à l'intervention militaire multinationale en Libye lancée le 19 mars sous mandat de l'Onu. De son côté, le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen a répété hier à Doha qu'il n'y avait «pas de solution militaire» au conflit en Libye. «Nous espérons que cette réunion peut faciliter une solution politique au problème en Libye. Il n'y a évidemment pas de solution militaire, par conséquent nous devons lancer un processus politique», a déclaré M. Rasmussen aux journalistes. Quant au SG de l'Onu Ban Ki-moon, il a exhorté la communauté internationale à rester soudée, pour prévenir une tragédie humanitaire en Libye. «Il est essentiel que nous parlions d'une seule voix», a assuré M. Ban, affirmant que près de 3,6 millions de personnes pourraient avoir besoin d'aide internationale. Les appréhensions de M. Ban rejoignent celle de l'Union africaine qui tente, avec sa mission de bons offices, de trouver une solution négociée à la crise libyenne. Grosses explosions à Tripoli Par ailleurs, les insurgés ont repris la ville d'Ajdabiya, noeud routier stratégique, théâtre de combats meurtriers ces derniers jours, mais les unités pro-Kadhafi y maintenaient leur pression par des tirs d'artillerie sporadiques. A Misrata, enclave de l'opposition, à 200 km à l'est de Tripoli, la situation était critique pour les 300.000 habitants, assiégés et bombardés depuis sept semaines. A Tripoli, des explosions ont été entendues hier en milieu d'après-midi, au moment même de la diffusion du communiqué sur les travaux du Groupe de contact à Doha. Plus tôt, l'agence libyenne Jana avait indiqué que les forces de l'Otan ont effectué des raids aériens sur Misrata et Al-Aziziya ainsi que sur Syrte, la ville natale du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Enfin, l'UE envisage l'ouverture d'un couloir humanitaire maritime sous protection militaire pour aider la population. Hier, un avion français a atterri à Benghazi, chargé de médicaments. |
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