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Dans une communication fort documentée
intitulée «Waqf Abou Mediene Choaïb à El Qods» donnée à l'occasion du dernier
colloque sur l'Islam au Maghreb et le rôle de Tlemcen dans son expansion, le Dr
Boughoufala Ouddène, maître de conférences au département des sciences humaines
à l'université de Mascara, a levé le voile sur un aspect «confidentiel» de
l'affaire du Wakf de Sidi Boumediene à El Qods. Il s'agit de l'intervention du
FLN dans le processus à travers plusieurs actions, telles l'envoi en Palestine
de délégations à l'occasion du pèlerinage à l'effet d'enquêter sur la situation
des Algériens et les mesures à prendre pour protéger les biens wakf. Le FLN sut
à ce titre comment assurer la diaspora algérienne. On saura qu'Israël,
reconnaissant les biens dits waqf, accorda des indemnisations au titre de
l'expropriation d'une superficie de 210 ha.
Le FLN adressa au mois de septembre 1958 une note aux autorités compétentes (israéliennes, ndlr) dans laquelle il rejette toute aide provenant de la France, selon le Dr Ouddene. Un câble du consulat de Belgique au Moyen-Orient (un «wikileaks» de l'époque) révèle que «la fondation Abou Mediene, un patrimoine qui remonte au 13ème siècle, possède des biens importants en Jordanie et Israël dont l'usufruit profite aux pèlerins nord-africains et algériens en particulier, ainsi qu'aux Maghrébins résidant dans la vieille ville sainte, signalant que le gouvernement français avalisait ses bailleurs de fonds et protégeait les intérêts desdits biens de mainmorte en Israël. Nonobstant, les représentants du FLN à Amman déclenchèrent à ce propos une campagne contre la France en adressant une motion de protestation aux «autorités compétentes» datée du 11 septembre dans laquelle ils dénoncent «la France ennemie des Arabes et de l'Islam», rejetant de ce fait toute aide ou secours provenant de la puissance coloniale. Le discours en question émanait du secrétariat général de la direction des affaires algériennes (bureau du FLN à Amman, ndlr). Le dossier y afférent était classé «Top secret». Enregistré sous les références N°1958 daté du 03/11/1952», il contenait le Journal officiel de l'Algérie N°44 du 17/06/1952 et les minutes des débats de l'Assemblée algérienne ainsi que la commission religieuse algérienne. Selon des rapports de l'époque, des voix de certaines personnalités algériennes s'élevèrent contre le «parasitage» en sollicitant de la France le règlement de cette question. A ce titre, une proposition fut déposée pour débat à l'assemblée de l'Union française, tendant à inviter le gouvernement «à prendre les mesures nécessaires pour faire assurer la sauvegarde des wakfs algériens au profit des pèlerins musulmans nord-africains». Elle était signée par les Salout Mesbah, Farès, Tabani, Hammouda, Benali Cherif, Bouchenafa, Sahli, Mechri, Bengana, Emma Lahiane, Madi, Bensouna, Ould Ouadia, Ben Abboud, Sraoui, Benchenouf, Benabid, Benhlima, Bensalem Aïssa, Chentouf, Bentounes, Chergui, Kadi, Mania, Aït Chaâlane, Harbi Haouès, Kasmi Abdelkader, Tidjani Ahmed, Iyelloul Benkada, Cheklane, Aït Ali, Khiar, Si Salah, Boulisane, Ghoulamallah, Ferhat, Belkacem, Ben Affane, Adda Mahieddine... Dans l'exposé des motifs de cette proposition, contresignée par les notables précités, Jean Selies, conseiller auprès de l'Union française, évoquait notamment les considérations suivantes: «Depuis les assurances données par le Président Robert Schuman en 1949 et en 1950, la situation ne s'est pas améliorée? Une mission algérienne, envoyée là-bas aux fins d'enquête, a constaté que la majeure partie de cette fondation vénérable, d'une valeur considérable sauvegardée pendant plus de sept siècles, était tombée sous l'occupation israélienne et que son affectation au profit des musulmans d'Afrique du Nord n'avait pas été respectée. Or ceux-ci, qui sont les bénéficiaires (actuels ou éventuels) de ces fondations, ont un droit incontestable à la protection de leurs intérêts matériels et moraux par l'Union française, qu'ils soient citoyens français d'Algérie ou sujets de Sa Majesté le Sultan du Maroc ou de Son Altesse royale le Bey de Tunis, comme sont protégés les chrétiens ou, simplement sur le plan culturel, les membres des autres familles spirituelles des pays constituant l'Union?». Ce conseiller avait, en 1949, dans la «Revue de la Méditerranée» (N°6), brièvement exposé la situation de ces habous de El Qods, constitués au profit des Maghrébins. Cette préoccupation était en quelque sorte le corollaire du «vœu formulé en août 1947 par le Comité chrétien d'Entente France-Islam ( avec comme administrateurs L. Massignon, A. de Poretti et J. Selies) d'indépendance du culte musulman et de restitution de l'administration des biens habous en Algérie?», principes homologués par la loi du 20 septembre 1947 dont les modalités d'application étaient alors à l'étude devant l'Assemblée algérienne (rapport de M. Mesbah)? L'éminent théologien Cheïkh Tayeb el Oqbi et le Cadi Mohammed Benhoura avaient recueilli sur place un important dossier (publié dans La Revue des Etudes Islamiques). Ces documents sont présentés par M. Louis Massignon, professeur au Collège de France avec une introduction sur l'importance permanente de cette fondation en droit public, et une étude de M. G2erard Busson De Janssens sur les wakfs dans l'Islam contemporain. Le «métoualii»(gérant) de ce wakf était venu en Afrique du Nord en avril 1952 pour y exposer la situation de cette fondation? Les 3 et 5 août 1949, deux grandes réunions furent tenues à Alger, sous la présidence de Cheikh El Oqbi, assisté des membres du «Comité algérien de défense de la Palestine», MM. Toufiq el Madani et Lamine Lamoudi, selon M. Selies. Un long télégramme fut envoyé au ministère des Affaires étrangères, lui demandant de «défendre les fondations pieuses musulmanes algériennes en Palestine, notamment le Wakf de Sidi BouMediene? Et dans son télégramme de réponse du 10 août 1949, le président Robert Schuman assurait Cheikh el Oqbi et ledit comité que le gouvernement français «continuera à défendre les droits algériens» sur les fondations pieuses de Palestine, en particulier le Waqf de Sidi Boumediene?». Il convient de souligner dans ce contexte que le sujet en question (Wakf de Sidi Boumediene) avait été traité en d'autres occasions à Tlemcen par M. Mohammed Baghli (LUT), le Pr. Mohammed Saïdi (UABT) et le Dr Zaïm Khenchlaoui (CNRPAH). |
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