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Depuis jeudi passé, jour d'ouverture du Festival
régional du théâtre professionnel, dans cette agréable structure
architecturale, non encore à ce jour baptisée, malgré les différentes
propositions, c'est un engouement particulier que nous avons relevé même dans
les ateliers mis en place. M. Assous Hassane, directeur du théâtre et
commissaire de ces joutes, n'a pas caché sa légitime joie «du répondant des
spectateurs qui ont suivi jusque-là la programmation arrêtée», qui devait durer
jusqu'au mardi 12/04/11, avec la mise en compétition d'une dizaine de troupes
pour la montée sur le podium (trois places), qui devront également se faire
valoir en mai prochain à Alger.
C'est avec la pièce «La misère à la mode», auteur Sid Ali Bouchafa et mise en scène par Djamel Guermi de la Coopérative culturelle du théâtre et vidéo Aït Melak d'Alger, que le festival a ainsi débuté. Avant cela, des hommages et gestes très émouvants marquèrent, principalement, la cérémonie d'ouverture. En commençant par le scénographe Zaâboubia, le photographe Ali Hafied, le grand artiste Sid Ahmed Agoumi et le fils de Sidi Bel-Abbès, Hadj Kandsi Slimane, très malade et soutenu par l'inénarrable Lacarne Abbès, qui ont reçu un vibrant écho au sein de l'assistance qui verra essentiellement un geste presque inattendu envers une des grandes figures de la jeunesse militante algérienne et homme de culture, notre grand frère Hamdad Abdelkader dit Cherradi, qui a été enseignant, haut cadre de la JFLN, de l'UNJA, DG de l'ex-Nedjamaa, président d'abord de la troupe Beni Ameurs de folklore détentrice de la médaille d'or sous feu Boumediène. Le geste très mérité pour un serviteur de la jeunesse et de la nation, de la culture nationale, très malade, a été très émouvant à l'écoute des paroles que prononça cette icône. Quant aux membres du jury, à savoir Hebieb, M. Nacer A., Boubroua A., Dine El Henani D. et leur président Souhali Salim, depuis leur présentation au public, ils ont du pain sur la planche car une bonne partie des troupes n'ont pour l'heure pas démérité, devant une assistance où certaines figures ont été régulières, telles Benckhelouf Aek, omniprésent, à l'instar du jeune dévoué Brikci Salim, Mehaoudi A., les Issad Khaled, Talha Zouaoui, Kazouz M. le dynamique président des Beni Ameurs. M. Benkhelouf Aek, en connaisseur, nous dira, après avoir assisté dans l'atelier de la critique théâtrale, autour de la pièce de Djamel Guermi «La misère à la mode», animé par MM. Brahimi Smaïn, Bouanani Samir, Boukhamoucha Iliès, Kharoua Toufik et en présence du docteur koweïtien Nader El Kana, «que La misère à la mode relate la vie que traversent différentes couches de la population dans la précarité, où l'indifférence pour le commun des mortels, l'absence d'hygiène et des commodités font partie du quotidien et sont troublées par l'inexistence de solution aux problèmes, et demeurent en attente de l'espoir qu'apporte le message du renouveau. C'est une construction théâtrale qui assure un équilibre entre la parole et le jeu scénique triangulaire - certain silences méritaient un contre-dialogue - Un décor et un jeu de lumière nécessitant la technicité complémentaire d'un scénographe». Djamel Guermi met en scène dans cette pièce trois personnages qui, selon lui, sont une caricature schématisée ciblée de la société. Cette dernière servira à symboliser tant le côté morose qu'extravagant du quotidien d'une population qui vivote dans le mépris de la marginalisation et de la privation. A travers le jeu triangulaire, il véhicule les mots clefs du discours politique «fleuve» très varié. Les comédiens ont un rôle bien défini, qu'ils jouent merveilleusement bien. Mourad Khan (ex-acteur de la caméra cachée) interprète le rôle de Safy, un citoyen désirant devenir candidat parlementaire, et pour cela, il effectue le parcours du combattant pour la collecte des signatures. Il pénètre alors dans un jardin public qui au lieu d'être une «aire de repos» est devenu un lieu d'hébergement regroupant une catégorie sociale exclue et dans le besoin. Safy rencontre Safia et tout en découvrant son monde, il l'a découvre en tant que femme. Le candidat aux élections, celui qui compte tout mais qui se noie dans une goutte d'eau, apprend à vivre le monde des autres, pour pouvoir les aider demain. Louiza Nasem qui interprète le rôle de Safia, la femme solitaire en mal de solution, mais dont l'éventail de son jeu présente toutes les catégories de femmes, la voisine, la révoltée, la mère de substitution qui s'engage dans une confrontation avec Safy, qui l'a rapproche de l'intrus qui se dit «Un collecteur de signatures». La femme se dit être une femme émancipée dans la pauvreté de son accoutrement, mais femme qui malgré l'absence de l'eau s'attache à démontrer par la lessive qu'elle fait que l'hygiène est importante. Cette femme répond cependant à toutes les questions mais elle est l'explosion de tous les stéréotypes censés représenter notre quotidien. «El Dérouich», celui que l'on peut appeler «Monsieur Tout-le-monde de l'exclu», celui qui se fera découvrir comme un artiste compose dans la méditation, des questions/réponses auxquelles il est parfois difficile d'en comprendre le sens et d'y répondre. Il y a les petites questions, banales et quotidiennes. Et il y a les grandes questions existentielles que l'on déchiffre à travers la répétition de ses mots clefs, auxquelles il faut apporter des réponses, et des questions sur de grands concepts. Ce comportement de l'artiste montre une incertitude face à son présent et surtout face à son avenir. L'avenir semble à ce stade de la pièce être à l'image des lieux, et du parasol qui l'abrite, au milieu des ordures et des excréments humains dans lesquels il patauge et qui enserrent la scène. La variation des rythmes des airs à travers lesquels il nous propose de traverser à notre guise les périodes: le bidon métallique avec lequel il propose une sourdine, ce que nous avance sa radio, son matériel à hacher et le rappel symbolique du serrage «Zayar, Zayar», la marche militaire et la flûte, la flûte. M. Benkhelouf continuera en nous disant que: définir le décor serait très simple, un parasol, un banc, des torchons, un fil à linge, des ordures. Mais je ne m'arrêterai pas là: c'est, selon moi, une épaisseur pure qui fait hésiter entre une page vierge à remplir ou un poids trop lourd à porter et qu'on a envie de faire exploser. L'expression d'un manque par l'artiste est une introduction à l'agitation des sens. Notre source poursuivra que «la pièce se veut dans son début interrogatrice et extrêmement mouvementée et revendicatrice. Elle est marquée par des cris de pleurs d'un bébé, de dorlotement, bercé par une chanson kabyle ramenant le spectateur vers un rappel historique des régions montagneuses omises. Le déchaînement révolté du symbole féminin est riche d'insinuations envers l'exclusion et la marginalisation d'une société dont tous les savoirs se présentent en une cascade d'échange de paroles messagères. Pour attirer l'attention et créer l'éveil. Plusieurs scènes sont à retenir pour lesquelles peuvent être émises différentes hypothèses», précise M. Benkhelouf Aek. Et que la rencontre entre Safy et Safia est le seul élément qui mène vers l'espoir, une union empreinte d'amour qui regroupe la limpidité que traduit leur prénom. Qui se destine à la réalisation des rêves et en commun solutionneront les problèmes existants, avec l'obligation de prendre en charge et d'élever cette vie innocente en la personne du «bébé» et qui leur symbolise leur futur. Pour ce qui est de la Coopérative culturelle du théâtre et vidéo Aït Melak d'Alger, elle a présenté une pièce non négligeable, d'une interprétation appréciable mais qui mérite d'être revue dans le fond et la forme, estime M. Benkhelouf, qui a été comédien, artiste durant les années 70, et qui est versé dans l'écriture et récemment dans le journalisme. A l'heure où nous avons écrit, la compétition tire à sa fin dans un engouement très particulier, où le suspect règne en attendant la proclamation du résultat final, tant attendu sur les lieux ici à Sidi Bel-Abbès. |
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