Les déportés des camps de concentration du Sud, durant les années 90,
montent au créneau pour exiger leur intégration dans les textes de la Charte
pour la paix et la réconciliation nationale. Le samedi 3 avril en cours, une
délégation des internés des camps du Sud a été reçue par le président de la
Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de
l'Homme (CNCPPDH) pour justement discuter de «l'exclusion de cette frange de la
charte pour la paix et réconciliation nationale», lit-on dans un communiqué de
presse de la CNCPPDH. Les représentants des concernés ont appelé les pouvoirs
publics à trouver une solution urgente à la situation difficile que vivent des milliers
de déportés. Ils réclament l'ouverture des registres détenus par les 48
wilayas, la délivrance aux ex-internés d'attestations de présence dans l'un des
camps pour éviter toute intrusion, l'indemnisation en premier lieu des veuves
et des orphelins des ex-internés décédés, la réintégration des ex-internés
ayant perdu leur emploi ainsi que la prise en considération des années non
déclarées à la caisse des retraites et la régularisation de la situation des
personnes internées ayant perdu leur commerce en raison de leur internement et
l'indemnisation de toutes les personnes ayant fait l'objet d'un internement
«arbitraire» dans les camps du Sud, qui en font la demande. Ils veulent
également l'assurance d'une couverture médicale à tous les ex-internés portant
des stigmates dus à leur internement, en particulier ceux de In M'guel, Reggane
et Oued Namous et de lever toute restriction portant atteinte au Droit à la
libre circulation (refus de délivrance de passeport) et suppression des
fichiers de police et de gendarmerie concernant ces internements. Les
associations de défense des droits de l'homme estiment le nombre d'hommes ayant
passé entre quelques semaines et jusqu'à 4 ans dans ces camps entre 10.000 pour
les unes et 24.000 hommes pour les autres. «A ce jour, l'Etat ne reconnaît pas
les problèmes de cette catégorie de personnes victimes de la tragédie
nationale. Alors que les textes de loi régissant la politique de réconciliation
nationale évoquent certaines catégories de victimes, celle des ex-internés des
camps de concentration est à ce jour occultée. Ils ne bénéficient donc d'aucune
indemnisation». Un Comité de défense des ex-internés des camps de sûreté
(CDICS) s'est constitué pour la reconnaissance officielle de la détention
illégale dont ont été victimes les ex-déportés et pour l'octroi de réparations.