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C'est à partir de la capitale du Hoggar où l'eau vient d'arriver d'In
Salah dans les robinets des populations, que le président de la République a
choisi de prouver à l'opinion nationale et internationale qu'il est à l'écoute des
revendications sociales du peuple.
Bouteflika tient ainsi à inaugurer aujourd'hui le mégaprojet d'alimentation en eau potable de la ville de Tamanrasset à partir d'In Salah. Projet dont il a lancé les travaux le 7 janvier 2008 à Tam et le lendemain de la même année à In Salah. «Le président a procédé à ces dates au lancement du projet du siècle», disait hier Messaoud Terra aux journalistes qui sont venus à Tam pour assurer son inauguration par le président de la République. Le directeur de l'hydraulique de la wilaya insiste sur l'appellation «projet du siècle» parce que, dit-il, «Tam est une très grande ville du point de vue espace, et il a fallu lui ramener l'eau de plus loin encore, à 70 km au nord d'In Salah, il a fallu beaucoup d'études de variantes, de reconnaissance de recherche pour arriver à concevoir ce projet». Il note alors qu'il fallait aussi «s'assurer de la disponibilité de la ressource pour pouvoir donner au projet une vision lointaine». Il rassure «nous avons une mer dans le sous-sol du nord de Tam». Des forages de reconnaissance ont été faits entre 2002 et 2005. Nul ne disconvient que l'œuvre est colossale et grandiose de par sa capacité à assurer, désormais, une ressource vitale dans des territoires lunaires. L'immensité des superficies devant être desservies par cette eau, la difficulté du relief à laquelle les équipes de la réalisation des travaux ont fait face pour assurer son écoulement et les moyens financiers gigantesques qui leur ont été attribués pour le réaliser, font de ce projet un véritable exploit. Des équipes chinoises notamment et quelques autres bien plus restreintes de Cosider ont réussi à dompter la dure nature du Hoggar. Il leur a fallu 38 mois, peut-être un peu plus, une grande technicité et 197 milliards de dinars, sans compter les énormes difficultés pour viabiliser des terrains rocheux, pour en venir à bout. Le projet a consisté à sortir les eaux de la nappe albienne située dans les sous-sols d'In Salah pour les ramener à la ville de Tam, sur une distance équivalant 750 km qu'il faut compter en double. En effet, les équipes techniques ont fait en sorte de mettre en place tout au long de ce trajet des conduites doubles pour parer à toute éventualité de panne. «C'est une mesure de précaution. La probabilité pour que les deux conduites tombent en panne est très faible», rassure le directeur de l'hydraulique de la wilaya. «Notre fierté est qu'on n'a pas dépassé les délais» Pour sa fonctionnalité, le projet a nécessité la construction de 24 forages de 600 ml de profondeur chacun pour que l'eau soit pompée à partir de 6 stations équipées chacune de 3 groupes motopompes dont un groupe de secours. Elle coule à travers 1258 km de conduites pour atteindre les robinets de la ville de Tam à partir d'un réservoir d'arrivée de 50 000 m³. Les concepteurs du projet ont aussi pensé aux moyens de stockage des eaux pour, dit Terra, «assurer l'autonomie de Tam en eau comme c'est le cas des autres wilayas». Des moyens ont été prévus pour transporter 100 000 m³ d'eau jusqu'à 2050, année où la population de Tam atteindra 400 000 habitants. Sellal a eu déjà à préciser qu'il est prévu la réalisation d'une station de déminéralisation d'une capacité nominale de 100 000 m³/jour. «Nous avions un délai de trois ans pour le faire. Nous avons vaincu la nature et les procédures», dit Terra. Il note encore que «spécialisée dans la pose des pipes, Cosider a pris le lot le plus dur, celui situé dans les gorges d'Arak». Il explique par ailleurs qu'il a été procédé à l'installation de moteurs convertibles tournant au gaz et au fuel. «Pour l'instant, ils fonctionnent au fuel mais le gaz est retenu en prévision du gazoduc venant du Nigeria», a-t-il encore précisé. Terra fait le point sur le projet avec une satisfaction sans pareille. «Notre fierté est qu'on n'a pas dépassé les délais qui nous ont été impartis et on n'a pas de surcoûts. L'enveloppe des 197 milliards n'a pas été totalement engagée, il reste encore des travaux à faire», dit Terra avec un enthousiasme inouï. Il fait savoir aussi qu' «une armada d'ingénieurs des eaux a été déplacée pour assurer la supervision de ce bon projet structurant». Il rendra hommage au chef de projet, Liès Hidouci, qui, dit-il, «a su bien encadrer les travaux». Les équipes prévoient la réalisation d'un réseau moderne «comme celui d'Alger dans un bref délai», rassure Terra. Il est encore plus fier de souligner qu'aujourd'hui «je ne gère plus la crise mais l'abondance pour une demande de 15 à 20 000 m³ jour à peine». Les arrière-pensées d'une visite C'est au centre-ville de Tamanrasset que le président de la République procèdera aujourd'hui à l'inauguration de la stèle «Illamane» qui signifie en targui «il y a de l'eau». L'on rappelle que le projet a été déjà inauguré par le ministre des Ressources en eau le 14 mars dernier. Il a eu à en vérifier les dernières retouches, entre autres la javellisation des conduites pour assurer une bonne qualité de l'eau. Terra explique que «le goût de l'eau n'a rien à voir avec sa qualité que nous avons le devoir d'assurer. Le goût à Oran n'est pas le même qu'à Alger.» A propos de géologie et à ceux qui parlent de «catastrophe» en pensant à l'atteinte de l'équilibre naturel des sols que pourraient provoquer ces travaux gigantesques, Messaoud Terra se dit très peiné que tous les efforts qui ont été déployés pour donner de l'eau aux populations de Tam soient noyées dans des supputations sans fondement. «On prélève actuellement 10 000 m³ par an sur un potentiel de 60 000 milliards m³, c'est une goutte d'eau dans un océan», rassure-t-il. Les habitants de Tam ont vu l'eau couler dans leurs robinets il y a plus d'une quinzaine de jours. Bouteflika tient à en être aujourd'hui le témoin. Il visitera les infrastructures du projet comme la station de comptage ou le laboratoire d'analyse. Il passera près de 5 heures de temps à Tam pour inaugurer aussi la transsaharienne qui relie la capitale du Hoggar à In Guezam sur 420 km. Il fera un saut à Adriane, cette belle montagne qui surplombe le nouveau pôle urbain. Il est clair cependant que son déplacement à Tam n'est pas dénué d'arrière-pensées politiques. Il a décidé de le faire à un moment où la rue arabe connaît les pires turbulences. Tam est une région qui partage des frontières avec le pays le plus perturbé de la zone. Les esprits de tous ceux qui se déplacent au sud du pays gardent une attention particulière sur ces régions proches de la Libye. La sécurité, le terrorisme, la contrebande notamment celle des armes en ces temps de guerre laissent penser au pire. On dit que le président va rencontrer les notables de la région. C'est certainement pour les sensibiliser sur la situation sociale des populations et la grogne qui y sévit. Il leur demandera certainement d'être à leur écoute. Mais il évoquera les dangers qui pourraient se distiller des frontières. Quand on est à Tam, l'on ne peut s'empêcher de penser au Sahel? Une rencontre du président avec l'état-major n'est pas exclue. |
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