Excédés par la prolifération à vue d'œil du
commerce informel qui étend ses tentacules gigantesques à tout Tiaret, les
commerçants, ceux qui travaillent dans la légalité, veulent revenir à
l'informel pour «éviter de mettre la clef sous le paillasson», dénoncent-ils
dans une «grosse» lettre adressée aux parties concernées dont le wali de la
wilaya.
En effet, les proportions démesurées que
prend le commerce informel dans tous les segments de l'activité commerciale a
réduit le chiffre d'affaires des commerçants légaux à sa portion congrue,
poussant certains parmi eux à déposer leurs bilans. C'est le cas pour ce
commerçant en habillement qui se plaint de ne voir aucun sou rentrer dans son
tiroir-caisse depuis plus de quinze jours. «Je compte fermer boutique bientôt
et liquider tous mes stocks au noir, seul moyen de récupérer un peu de mon
investissement», promet-il sous le regard approbateur de son voisin. A la cité
«Volani» où est implanté un centre commercial, la situation est littéralement
«basardesque» avec des dizaines de vendeurs à la sauvette qui ont squatté
jusqu'aux moindres coins et recoins tous les alentours du centre commercial, au
point que des bagarres éclatent tous les jours sous le regard inquiet des
passants et même des policiers en faction le long de la double voie menant aux
nombreux quartiers du sud de la ville. «Je paie mes impôts régulièrement, les
cotisations sociales de mes trois employés, les factures d'eau et d'électricité
en plus des autres charges salariales et autres, alors comment voulez-vous que
je m'en sorte lorsque certains commerçants clandestins ne déboursent pas un sou
et gagnent de l'argent à la pelle sans être inquiétés», se plaint un commerçant
en articles de ménage qui loue un stand à raison de quatre millions/mois le mètre
carré au sein du centre commercial de «Volani». Aux quatre coins de la ville,
le commerce à la sauvette prolifère, comme c'est le cas en plein centre de
Tiaret, à l'image de la rue Thiers et la place du 17-Octobre 1961 transformées
en de gigantesques bazars où tout se vend et tout s'achète avec des montagnes
de détritus en tous genres abandonnés sur place, à la plus grande colère des
riverains. «Quand on arrive jusqu'à transformer sans scrupule aucun le mausolée
d'un saint en un commerce de kalantika et autre maakouda, comment voulez-vous
que les choses s'arrangent dans une ville devenue un gigantesque théâtre des
paradoxes», gémit un vieux retraité qui dit ne plus vouloir sortir de chez lui,
«tellement j'ai un gros mal sur le cœur», soupire-t-il.