Drapée dans une vieille djellaba et la tête pudiquement recouverte d'un
foulard élimé, la prévenue, F.H., âgée de 30 ans s'avance à la barre d'un pas
hésitant. Ses pauvres habits trahissent ses conditions sociales. Manifestement,
elle semble impressionnée par l'austérité de la salle d'audience. A un moment
donné, ses yeux heurtèrent ceux de sa victime, Z.A., un quinquagénaire, qui
donne l'impression d'être mal à l'aise dans son veston déboutonné. L'accusée
devait répondre, en fin de semaine dernière, devant le tribunal correctionnel
d'Aïn El Turck, du principal chef d'accusation de tentative d'attaque à main
armée d'une bijouterie, sise dans la commune d'Aïn El Turck. Selon les faits
consignés dans l'arrêt de renvoi, l'après-midi du 16 du mois écoulé, aux
environs de 16h30, la prévenue s'est présentée au gérant d'une bijouterie
située à la place Vassas. Elle aurait profité d'un moment d'inattention de sa
victime pour tirer un couteau de son sac à main. Elle l'aurait poignardé au
niveau des omoplates au moment où il lui aurait tourné le dos pour aller chercher
un bijou. L'assaillante a été neutralisée par des commerçants, ameutés par les
hurlements poussés par le bijoutier. Ce dernier a été évacué dans un état
critique par un particulier vers le service des urgences de l'hôpital d'Aïn El
Turck. Sa grave blessure a nécessité son transfert vers le CHU d'Oran où il a
subi une intervention chirurgicale. «J'ai tenté de défendre mon honneur en
m'emparant d'un couteau, qui était posé sur un meuble. Il a essayé de me
traîner vers l'arrière-boutique de son local. Je n'ai pas eu l'intention de le
voler, monsieur le juge», explique l'accusée d'une petite voix à peine audible,
à travers des phrases entrecoupées de sanglots. «Elle a tiré le couteau de son
sac et m'a attaqué par derrière. J'ai tenté de la retenir par son foulard mais
elle m'a échappé», affirme la victime en évitant le regard chargé d'animosité
de la prévenue. La défense a plaidé l'innocence au bénéfice de sa mandante en
ce qui concerne le chef d'inculpation de tentative de vol. L'avocat a demandé
au tribunal de prendre en considération la légitime défense.
Au terme des délibérations, le tribunal a condamné l'accusée à deux
années de prison, dont un an de prison avec sursis, et ce, conformément au
nouveau code de procédure pénale. Cette peine a été assortie d'une amende de
20.000 DA. A l'annonce du verdict, la prévenue vacille avant de fondre en
larmes.