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Le bouillonnement
actuel du pays, mouvements de contestation, tels que qualifiés par la presse,
est un signe de bon augure qui plaide incontestablement pour de meilleures
perspectives d'avenir.
Les réactions spontanées ou sporadiques dans les différents secteurs de la vie comme en intra-muros dans nos quartiers et nos villages attestent d'un mûrissement politique de la plèbe et d'un rejet catégorique des inégalités. Il semble que tout le monde arabe est contaminé et la propagation est en cours. Les détenteurs du pouvoir ne sont plus en mesure de penser à huis-clos, seuls sur le devenir de la nation. La rue réclame sa contribution et leur impose d'étaler leurs prospectives à ciel ouvert et d'en découdre avec elle. La grogne a atteint un niveau inattendu. Des secteurs, qu'on croyait indemnes de toute convulsion interne, réagissent à la pression de leur direction et prônent le changement. Etudiants, enseignants, chercheurs, journalistes, ouvriers, syndicalistes, avocats, pompiers, douaniers, handicapés, patriotes, même les anciens militaires à la retraite revendiquent un regard attentif sur leur situation précaire. Cette convulsion pathogène qui gagne de plus en plus les franges de la société n'est nullement perçue dans sa dimension réelle par la gent politique. Elle partage la rente à sa guise et impose ses lois pour faire barrage à toute tentative de briser l'omerta. La désespérance contamine les jeunes et moins jeunes, elle est brandie comme ultime recours aux appels sans retour dans toutes les circonstances. L'immolation, le suicide, la dépression et bien d'autres pathologies aussi dangereuses que contraires aux lois divines l'une que l'autre sont devenues l'unique expression libératrice au ras-le-bol généralisé. Le hic est qu'il serait malhonnête de ne pas constater que les politiques changent de langage avec les circonstances. Le PFLN qu'il n'y a pas si longtemps prônait un quatrième mandat pour le président, argument fallacieux pour se prémunir de la tentative de «redressement interne» qui secoue son parti, se consacre avec acharnement au maintien du monopole et la mainmise du pouvoir pour une redistribution inéquitable des richesses, propose aujourd'hui une révision constitutionnelle et un remodelage des textes régissant les élections législatives. On ne peut pas faire mieux dans l'art du camouflage, même le caméléon risquerait d'être déclassé ! Pour quelle démocratie plaident les politiques ? Sur les étalages des quotidiens nationaux, chacun selon sa tendance, les politiques exposent partialement les souhaits de leurs caciques, ces rescapés de l'ancien système. Des hommes, qui non seulement ont épuisé leur temps, tentent de s'accaparer celui de la nouvelle génération et celle qui est en cours de gestation. Ils se sentent détenteurs de recettes miracles pour réguler cette Algérie malade de leur infructueuse gestion. Alors qu'ils devraient prendre conscience qu'elle l'est par la volonté incroyable de leur latence et attentisme à recevoir des directives de l'extérieur pour pouvoir gérer une nation libre et indépendante. Si le secrétaire général du RCD affiche son allégeance presque totale et irrémédiable à la France, espérant s'appuyer sur le droit d'ingérence, seul moyen pour goûter à son tour au plaisir du pouvoir, les autres formations le font indirectement, par l'entremise d'accords bilatéraux qui avantagent beaucoup plus les parties mécréantes aux rebuts colonialistes que la plèbe locale au nouveau statut «d'indigène libéré». Ce n'est apparemment que la manière de le faire qui semble les distinguer. Et, Dieu sait que nous le subissons constamment par le manque de respect à la mémoire collective face au mutisme ambiant qui les caractérisent quand il s'agit de prendre position sur les questions de la mémoire. Elle incommode la bilatéralité paraît-il. C'est du pareil au même !!! Quant aux révoltes passagères de ces néo-démocrates tels que le CNCD et le RCD rénové, auxquels s'ajoutent des nains en quête d'une portion d'un pouvoir perdu, ces derniers n'arrivent toujours pas à se faire une aura. Sans âme, ni prospective, ils se révoltent au passage d'un samedi pour tenter de se créer une légitimité inaccessible. Or, il se trouve qu'il n'en ont pas et ils n'en auront sûrement pas même s'ils végètent éternellement sur la place de la concorde. Sans encrage au sein de la société, à peine composé d'un corpuscule qui ignore que les temps des prolétaires est révolu, il n'aura donc pas de révolution du côté de la place des Martyrs. Cherchez donc, la vérité est ailleurs ?!! Les jeunes, le rajeunissement et l'immolation du pouvoir Adulée, bercée et bichonnée, voilà que subitement par un élan inattendu et incompréhensible les partis politiques, du moins ceux qui semblent l'être, se réveillent de leur somnolence presque léthargique pour s'intéresser aux jeunes. Du diagnostic au point de vue, et de l'analyse aux propositions méthodologiques. Ceux qu'hier encore ne leur prêtaient aucun égard, même dans leurs propres fiefs et réflexions deviennent par enchantement les chantres de la revendication. C'est fou ce qu'on puisse se métamorphoser allègrement sans risquer de perdre ce qui nous reste d'humain. L'outrecuidance, la vergogne, outrance sans aucune gêne, ni honneur, ni nif et encore moins de respect pour les préceptes enseignés par notre religion ne viennent concourir à une profonde méditation pour corriger leurs égarements ou secourir leurs âmes livrées à l'infamie. Pour s'épargner les réprimandes du chef et la disqualification qui n'en sera qu'imminente, tous les «petit chefs» de partis entonnent aujourd'hui, et c'est à l'ère du temps, le même refrain: «Les directives du Président ont satisfait les jeunes». Théoriquement, oui, pratiquement, il semble qu'ils parlent en soliloque. Même leurs porte-paroles, déchantés, perdent les partitions musicales pour chanter de vieilles sérénades. Alors qu'il reste énormément à faire et à revoir. Les jeunes, cet immense réservoir humain, force de frappe incontournable, fait beaucoup plus craindre les pires scénarios concoctés en catimini dans les arcanes, qu'un avenir meilleur s'il demeure encore fragilisé par les hypocrisies des uns et des autres. A trop vouloir se refaire une place au soleil en tentant de détourner les regards sur la vérité des tares qu'ils cumulent, les jeunes attentifs mesurent le degré de virevolte dont se caractérisent ces pseudo-politiques. L'effrontément a atteint son paroxysme. Toutes les tendances du secteur sociopolitique confondues, associations en mal de notoriété, partis politiques en jachère, corporations obscures et biens d'autres corpuscules agréés et non efficaces, s'intéressent par miracle étrangement aujourd'hui à la jeunesse. Il n'y a pas si longtemps, ces mêmes spécimens qui encombraient la vie sociale se sont attachés à soutenir corps et âme, avec les dents, les mains et les orteils, le candidat-président pour se faire une place au soleil. Manque de pot, comme ce dernier n'a pas eu le temps de s'en occuper, ils versent dans la vente par franchise d'une nouvelle marque déposée: «la jeunesse». Séminaires, colloques, journées de sensibilisation, ANSEJ, emploi de jeunes, contrats, micro-entreprises, micro-crédits, système normal-LMD, PTT et poste, 7.000, 30.000, 200.000, une arithmétique à vous couper le souffle aux chiffres défrayant la chronique surgissent porteurs de perspectives aussi alléchantes qu'enchanteresses. Tous les secteurs promettent des milliers d'emplois et une dynamique d'intégration des technologies. Est-ce un réveil, une volonté de dépendance, ou juste une stratégie anesthésiante pour calmer l'ardeur des réfractaires au système et aux promesses non tenues depuis des lustres ? Il serait incommode de reconstruire un pays avec ceux qui l'ont déjà détruit. L'anachronisme est de mise. La solidarité bancale conduite par un ministère aussi sinistre que ses expéditions, des réformes qui déforment l'enseignement et l'éducation nationale, des routes qui déroutent, une santé en prise à la fièvre, la confusion entre habiter et se loger, un tourisme au pourisme, un aménagement déménagé, la promotion et l'investissement péremptoires et j'en passe. Il faut reconnaître par ailleurs que de nombreuses réalisations ont certes été matérialisées et d'énormes moyens ont été mis en œuvre. Cependant, c'est l'art et la manière qui font défaut et les artisans non qualifiés, auteurs des déboires de la jeunesse, veulent poursuivre leurs méfaits. Les revendications restent insatisfaites. Elles ne le seront qu'à la faveur d'un chamboulement radical. La grogne a atteint le seuil d'El-Mouradia. Le danger avance et il est temps d'en découdre définitivement avec le mensonge de ceux qui déconstruisent persuadés d'être des bâtisseurs accomplis. Les jeunes n'ont besoin que d'attention. Quels que soient leur âge et leur statut, ils appellent à une considération comme partie prenante dans la décision et la gestion de leur commune. Quémandeurs d'espaces de proximité, ils cherchent l'action contre l'oisiveté. Bien orientés et bien encadrés, ils sont capables de valoriser plus qu'ils ne réduisent la quiétude, le civisme et la contribution dans la naissance d'une communauté locale d'abord. Dans l'esprit réducteur des politiques, les jeunes ont de tout temps été utilisés comme un slogan occasionnel, vide de sens et à usage multiple. C'est un chiffre qu'ils brandissent à chaque circonstance pour se faire un chemin virtuel au sein de la plèbe. Or, aucune action probante ni porteuse n'a été jusqu'à l'heure enregistrée au sein de leurs propres formations. Et les exemples en sont légion. PFLN et la jeunesse, un exemple atypique Dans presque la totalité des partis politiques existant sur la place publique, notamment ceux qui s'agitent en permanence pour se maintenir en vie, la relation qu'ils entretiennent avec les jeunes est d'ordre purement classique. Elle reconduit le même concept, dans son fond que dans sa forme, du parti unique de la notion de «section jeunesse» au sein de leurs répartitions partisanes. Les jeunes n'ont en aucune manière accès à un échelon supérieur qu'à la faveur des règles des convenances arrêtées par les éternels permanents. Et elles ne concernent en outre que certains privilégiés. Depuis sa déchéance, envahi par l'ex-FIS, le PFLN, soucieux de reconquérir son espace d'antan, a voulu innover en exposant un vieux modèle qu'il n'arrive toujours pas à fourguer et à lui faire faire son bonhomme de chemin. Le rajeunissement ! Un mot plus proche du pamphlet que de l'ironie de son sort. Usité à tout bout de champ, juste pour signifier qu'un sang neuf circule au sein de sa formation. Ce qui est en réalité loin de se rapporter à sa véritable signification. De l'avis d'un Occidental, j'ai retenu que la vérité sur les mots doit être au service des autres et particulièrement des jeunes dont il ne faut pas brouiller les repères. Le discours est un moyen non une finalité. Et le jeune en ces temps qui courent n'a pas besoin de porter la parole, il a plutôt besoin de porter son avenir sur un chemin probant. Le PFLN, version Belayat et consorts, verse dans la praxis et le paradoxe. Depuis plus de vingt ans, date de la chute du parti unique lors des élections municipales de 1990. Le FIS avait remporté un record appréciable des suffrages avec presque 54,25% des voix. Déchu, pour reconquérir ses anciennes colonies, le PFLN avait suggéré d'injecter la notion de «rajeunissement» pour incorporer la gent juvénile. A Sétif, où fut mon fief, le célèbre Belayat avait présidé à cette cérémonie censée consacrer la rénovation. Le temps est passé et la surprise n'en fut que plus choquante, quand en 2010, c'est toujours la même personne qui préside au devenir de ce concept. Qu'a-t-on fait depuis des jeunes recrues des années 1990 ? Des kleenex!!!??? Le périple continue et les troubadours des temps révolus continuent leur tournée macabre vers d'autres espaces agglomérés aussi démunis les uns que les autres pour transformer les jeunes en berrah(1). Le PFLN ne fait pas seulement dans le rénové et le réchauffé, il persiste et signe dans sa bêtise de se considérer avant-gardiste, alors qu'il reconduit les vieux porteurs de vieux reflexes désuets et dépassés. Faute de pouvoir rajeunir, ils se chamaillent entre septuagénaires pour se maintenir encore sur leurs piédestaux. Le formel et l'informel, nouvelle culture juvénile A défaut de trouver des solutions intermédiaires susceptibles de réguler le marché, atténuer les tensions et tendre progressivement vers la normale en injectant des substrats managériaux conséquents, piégé par ses propres craintes de voir le déferlement de la rue, le pouvoir baisse l'échine et se retrouve finalement entre la grogne des uns et la menace des autres. Le commerce formel, tel qu'il devrait être qualifié, régulé et réglementaire, respectueux des règles de la concurrence et du commerce trouve injustes les mesures prises par le gouvernement de laisser libre cours aux occasionnels. Ces réfractaires aux principes du droit civique, de vendre à leur guise des marchandises non contrôlées, alors qu'ils subissent l'acharnement des impôts et de la fiscalité tous azimuts. Si la capitale, à elle seule, cumule plus de 150.000 commerçants menacés par le fléau de l'informel, que dire de l'ampleur du phénomène dans les autres wilayate ? Comment a-t-on pu laisser pourrir une telle situation à un niveau de désagrément au point où l'Etat se déclare incapable d'en découdre ? Le mal est aussi profond qu'on l'imagine et il serait temps de revoir la copie et de tenter une approche stratégique, efficace et durable pour y remédier. La contestation est légitime. Les commerçants, structurés dans une organisation reconnue par l'Etat, subissent à leurs dépens les incompétences des autorités chargées du secteur et même la hiérarchie qui adhèrent à l'option de libéralisation anarchique. Ce n'est autre qu'un aveu d'échec que de faire marche arrière face à une simple rescousse juvénile, vendeurs de pétards et de pain à ciel ouvert. Cette image abusive trouve son expression dans une lecture analytique profonde des tenants et aboutissants du phénomène de la centralisation et de l'excès du pouvoir au sommet. Malgré cela, on persiste à vouloir maintenir un schéma dévastateur de la représentativité communale. La dé-constituante et le devoir de mémoire Comme subterfuge brandi en alibi pour se faire une place sur le manège du pouvoir, la jeunesse demeure le seul recours du moment. Les idées s'entrechoquent et s'affrontent sur un terrain impropre. Après avoir accepté le compromis, certains partis et hommes politiques déclassés se déclarent aujourd'hui indemnes de toute remontrance. Ils désirent apporter leur contribution à la disparition du pouvoir hors du pouvoir. Or, ils avaient siégé dans les institutions qu'ils décrient aujourd'hui. Perçurent des salaires mirobolants jusqu'au dernier centime sans scrupule ni regret, profitant des largesses de ce même pouvoir qu'ils critiquent, proposent dès lors comme sortie de crise «la constituante». L'idée même de penser à une telle mesure, qui n'a pas pour vocation d'apporter un sang neuf, jeune, à ce pays, est révolue. La constituante est le plus mauvais choix qu'on puisse adopter pour tenter une sortie honorable d'une crise indéfinie. D'abord, il ne faut pas paraître aussi hypocrite qu'il soit pour exprimer à travers cette proposition que tout n'est pas satisfaisant. Alors que les auteurs de la proposition rechignent à défendre la mémoire de ceux qui se sont battus pour libérer ce pays. Le colonialisme positif prôné par la France officielle ne les a même pas fait réagir au plan effectif pour nous soutenir à concrétiser un projet de loi l'incriminant. Seront-ils capables de défendre cette nation mille fois blessée dans sa chair et dans son honneur. Mercantiles, assoiffés du pouvoir, ils tentent tous de se faire une place au soleil. Ceux qui ont épuisé leur temps ne devraient pas prétendre à s'accaparer celui des autres? A chaque génération son temps. Et comme le dit si bien le proverbe arabe: «Celui dont la tombe ne lui suffit pas n'a pas à s'accaparer celle des autres». Laissez place à la nouvelle génération, elle est capable d'apporter des solutions actuelles et innovantes, loin des calculs politiciens amorphes et inutiles qui ne consacrent que le partage des privilèges. Défendons la mémoire de nos martyrs avant de défendre le droit à la croûte. *Président de la Fondation du 8 Mai 45 Notes 1- Gaoual, porte-parole des souks d'autrefois. |
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