Que faire pour rendre efficace la lutte contre la contrefaçon qui fait
des ravages dans le secteur de la pièce de rechange automobile ? Des
concessionnaires interrogés en marge du salon international de l'automobile
d'Alger (Autoexpo-2011), donnent leurs avis.
Une unanimité se dégage des points de vue des concessionnaires : la
disponibilité des pièces d'origine à des prix accessibles et un renforcement du
contrôle, à tous les stades de la chaîne de commercialisation, sont nécessaires
pour rendre efficace cette lutte. Sofiane Hasnaoui, directeur général d'une
marque nippone de voitures implantée en Algérie, cité par l'APS, estime que la
disponibilité des produits d'origine sur le marché algérien et à des prix
abordables sont à même de freiner la contrefaçon. Une des principales causes de
l'insécurité routière en Algérie, la contrefaçon, appelle selon ce
concessionnaire, «la contribution de tous les intervenants du circuit
commercial à commencer par les concessionnaires qui doivent assurer en
permanence la disponibilité des pièces de rechange pour les véhicules qu'ils
écoulent sur le marché». M. Hasnaoui plaide en faveur de la création de centres
de formation spécialisés dans l'expertise de la pièce de rechange automobile et
l'établissement d'un partenariat, dans l'échange d'informations entre les
concessionnaires et la Douane. De son côté, Ouafik Hadj Abderrahmane, directeur
général de la société «GMS», distributeur d'une marque de voitures allemande en
Algérie, a souhaité un renforcement du contrôle à différents stades de la
chaîne commerciale. «Renforcer le contrôle frontalier est certes une bonne
chose, mais ce serait encore mieux d'assurer en permanence les contrôles sur le
marché, puisque les contrebandiers arrivent à trouver le moyen d'introduire leurs
marchandises contrefaites», a-t-il estimé. «Il faut aussi, ajoute-t-il,
multiplier les inspections des points de vente des pièces de rechange pour
vérifier la qualité et l'origine de leurs produits.» M. Ouafik Hadj a, dans la
foulée, appelé à créer en urgence des laboratoires et des centres techniques
dédiés au contrôle de la qualité des pièces de rechange importées ou fabriquées
localement. Autre point de vue: Stéphane Galoustian, représentant en Algérie
d'une marque française, a considéré que «le meilleur moyen de faire barrage au
commerce des pièces de rechange contrefaites est d'empêcher leur introduction
en Algérie, considérant «inutile de démontrer qu'une pièce est contrefaite, une
fois qu'elle est sur le marché». Le même représentant de la marque française a
jugé «nécessaire le fait de continuer à prendre des mesures pour que la pièce
de rechange de contrefaçon ne soit pas introduite sur le marché algérien». Le
président de l'Association des concessionnaires algériens de l'automobile
(AC2A), M. Mohamed Bairi, a, quant à lui, souligné la nécessité de mettre le
cap sur la sensibilisation des automobilistes. «C'est capital de sensibiliser
et d'informer les automobilistes et les vendeurs de pièces de rechange sur les
risques de l'utilisation des pièces contrefaites, qui est l'une des principales
causes des accidents sur la route», a-t-il dit. Des commerçants spécialisés
dans la vente de pièces de rechange et accessoires de voitures; à Alger ont
affirmé que ce sont surtout les importateurs qui devraient prendre conscience
du danger de la commercialisation des pièces de rechange contrefaites et de
mettre un terme à l'importation». Un vendeur de pièces de rechange pour des
voitures allemandes, a soutenu que «la responsabilité ne doit pas seulement
être imputée aux détaillants car elle incombe aussi à plusieurs intervenants,
notamment les importateurs». Tout en soulignant l'existence de commerçants
intègres qui refusent de vendre frauduleusement des pièces contrefaites, ce
vendeur estime que «les consommateurs ont une grande part de responsabilité
dans l'essor de la contrefaçon». «Par inconscience ou insouciance, de nombreux
automobilistes achètent des pièces de rechange parce qu'elles sont beaucoup
moins chères que les originales». Un autre commerçant algérois relève que
l'indisponibilité des pièces d'origine pousse de nombreux clients à s'offrir
des produits contrefaits. «Dans certains cas, la livraison de la pièce
d'origine au client prend plusieurs mois car les commandes sont faites à partir
de l'étranger. C'est la raison qui pousse beaucoup de consommateurs à recourir
à la contrefaçon», a-t-il dit.