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Si Facebook fait
la Révolution dans le monde arabe, Internet fait la gouvernance au Royaume-Uni.
Le net est désormais une stratégie pour la communication officielle, la
diplomatie, la e-gouvernance ou les campagnes publiques. Du 10 Downing street
et jusqu'au Alertes pour expatriés.
Mardi matin de la semaine dernière, sur le trottoir qui fait face au fameux 10 Downing street, résidence du 1er ministre David Cameroun, se bousculent les photographes et les journalistes à l'affût d'un quelconque évènement. L'adresse sert de tribune pour le gouvernement et la porte de la fameuse résidence laisse parfois passer d'importantes déclarations. Ce matin-là donc, rendez-vous était pris avec le chef du service net-communication. Répondant presque au cliché, le bonhomme est extrêmement? jeune. Mr Rishi Sasha est à la tête d'une section qui « monte » : celle de la Digital communication. Les Anglo-saxons en font une priorité et la conversion au net vise à mieux informer et mieux gouverner selon les nouveaux credo. Les plateformes de la communication traditionnelles perdent la cote et ne semblent plus intéresser le gouvernement et les centres de décisions. Autant que les journaux, les TV n'offrent pas cet immense avantage de l'interactivité et du retour d'information en temps réel. Le service de Rishi Sasha est à la tête de plusieurs équipes, team comme disent les Anglais, fonctionnant sur la base d'une récolte et diffusion de l'info à la source du Conseil des ministres. Par la suite, la ventilation se fait sur l'ensemble des sites sous l'autorité de ce service et vers les réseaux sociaux mondiaux tels que Facebook et Twitter ou de lancer des campagnes de consultations par le biais du MSN. La coordination est en principe totale et obéit au principe « new» de la e-gouvernance désormais plus qu'une simple mode. « L'info est directe, la mise à jour, en temps réel », ajoute le Boss de la Digital Press au siège du gouvernement. « L'avantage est ensuite de réduire grandement les coûts pour ce genre de prestations et pour les campagnes d'informations », selon Mr Sasha. En exemple de cette e-gouvernance, « les projets de lois sont, par exemple, diffusés par ces réseaux. Cela permet de connaître les réactions des citoyens avant leur adoption, de corriger le tir ou prévoir des réactions ». L'autre avantage de cette révolution « est celui de la transparence : on n'est pas obligé par la médiation des supports classiques et on peut assurer la démocratie de la transparence sur les actions de chacun et de chaque ministère, autant pour les budgets que pour les dépenses ». La e-gouvernance et la communication digitale « permettent aussi une action qui monte du bas, du citoyen vers le haut, c'est-à-dire le centre de décision. Elle permet aussi et surtout de cibler le public que l'on veut et celui concerné par une politique donnée ». Les ministres sont aujourd'hui à la mode du Twitter directe et peuvent assurer une communication immédiate et sans intermédiaires incontrôlables. La transparence des agendas est synonyme d'une «véritable démocratie », ajoute le Boss de ce service, très fier d'affirmer le constat « d'une meilleure gouvernance ». Pour l'ensemble, « il existe près de 800 sites gouvernementaux, tous services et toutes prestations confondus, mais la nouvelle politique est à concentrer l'offre en un nombre de sites moindres avec une meilleure qualité et des cibles plus restreintes », illustre Rishi Sasha. Le hit des consultations ? « C'est selon : souvent, c'est le site météo ou les sites d'info du Foreign office pour les expatriés ! », répond notre source. Dernier avantage de cette révolution, « la transparence absolue sur toutes les actions, contrats et marchés publics du gouvernement. Il faut aussi savoir que les sites du gouvernement ne sont pas là uniquement pour donner l'information, mais aussi pour la cueillir à la source, avec les doléances et les suggestions, c'est-à-dire auprès des électeurs et des citoyens ». Le budget de cette révolution est-il en hausse ? Rishi Sasha répond par un « je ne peux pas dire : chaque ministère y consacre un budget selon ses priorités, mais l'intérêt pour cette voie est désormais général ». Une révolution ? Oui, et elle a déjà son slogan : « Nous disons toujours aux citoyens que c'est votre info, pas la nôtre et il s'agit de vos sites pour lesquels vous payez une taxe et de l'argent », conclut Rishi Sasha. Une nouvelle religion est née Au FCO Press Office, c'est-à-dire le service presse du ministère des Affaires étrangères, la mode est là aussi au net-priorité. On le comprend à partir des deux pavillons du press service : un bureau pour les médias classiques et un web team, une équipe web. Pour la première, le bureau couvre les activités du ministère des Affaires étrangères plus cinq autres « ministères », selon les régions (le Royaume a la culture géographique de l'empire et pas celle d'un pays uniquement). Pour la seconde, la tendance est à la présence permanente sur Facebook, Twitter et sur les blogs. Le réseau compte aussi des équipes au sein de chaque ambassade de l'Angleterre dans le monde et semble avoir imposé déjà ses traditions : « pour l'exemple, chaque ambassadeur prend le soin de briefer les journalistes à son retour définitif d'un pays ». « Pour schématiser », expliquera Sarah Saxton, chef de l'équipe Afrique au sein du FCO (Foreign Commonwealth office), « nos services agissent sur deux axes : l'un actif avec des informations sur ce que fait l'Office, les ministères et chargé de l'image, et des alertes pour les expatriés ; l'autre, un service réactif et qui réagit en fonction des infos publiées, des mises au point nécessaires, etc. ». En cas de crise, une « communication de crise » permet la mise en place d'équipes conjointes et renforcées pour répondre aux situations et aux nombreuses sollicitations possibles, comme pour les rapatriements massifs par exemple. Une véritable armée de fonctionnaires convaincus par la nouvelle religion du net mais qui se plient aux règles de la démocratie britanniques comme tous, « aucun service de Presse du FCO n'a le droit d'exercer six semaines avant des échéances électorales par exemple ! A une autre échelle, le FCO développe aussi un service particulier, « encore très nouveau et dont la vocation se précise avec le temps : la Digital diplomatie », expliqueront, lors d'une rencontre, Ross Ferguson et Phil Brown, équipiers de ce service né depuis 03 ans déjà. « Ce service est né de la nécessité d'avoir un service propre pour répondre aux nouvelles urgences et aux campagnes d'informations de plus en plus urgentes pour les expatriés et les voyageurs citoyens du Royaume. ». A comprendre les Travel Advice, synonymes des Travel Warning des USA. « Le net et les plateformes modernes permettent la réactivité immédiate et l'info en live pour ceux qui en ont besoin. Au début toutefois, la diplomatie digitale ne visait que les citoyens britanniques. Maintenant, le service assure une interface pour assurer l'explication de la diplomatie britannique au reste du monde », ajoutent les deux collègues. L'explication de cet engouement est la même, comme partout où la religion du net est à l'honneur au sein du gouvernement : « La stratégie est de cibler les nouvelles générations que les plateformes classiques ne peuvent plus intéresser». A Londres, le service compte 15 employés, mais c'est sans compter les agents du réseau au sein de toutes les ambassades. « La moyenne d'âge est de 30 ans », répond-on. De quoi signifier qu'il ne s'agit pas uniquement d'une mentalité mais d'un esprit nouveau pour des gens qui viennent de tous les horizons : journalistes, médiatiques, analystes,etc. |
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