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Le vent de la
révolte semble s'être installé dans la durée en Syrie, au lendemain de
manifestations réprimées dans le sang à Deraa, épicentre de la contestation du
régime syrien, mais aussi dans d'autres villes du pays. Après un vendredi «de
la dignité» marqué par des manifestations dans plusieurs villes du pays,
notamment à Damas et Lattaquié, mais surtout par la mort par balles de
plusieurs manifestants à Deraa, dans le sud du pays, un appel à une «révolte
populaire» a été lancé hier dans toutes les provinces syriennes et posté sur
Facebook. «Aujourd'hui, samedi, une révolte populaire dans tous les
gouvernorats syriens», affirme le texte. Mais, sans attendre cet appel, des
villageois dans le sud de la Syrie ont incendié hier un siège du parti Baath au
pouvoir et une station de police lors des funérailles de trois manifestants
tués la veille par les forces de sécurité. A Tafias, un village à 18 km au nord
de Deraa, d'où sont parties les manifestations contre le régime, plusieurs
milliers d'habitants ont participé à l'enterrement de trois manifestants, et
certains d'entre eux ont incendié une station de police et un siège du Baath, a
confirmé un habitant.
A Deraa, à 120 km au sud de Damas, près de 300 jeunes, torse nu, sont montés sur les restes d'une statue à l'effigie de l'ancien président Hafez al-Assad déboulonnée la veille, en scandant des slogans hostiles au régime, selon des témoins. Les protestations continuaient à Deraa, où des dizaines de personnes ont péri depuis le 18 mars, et ont gagné Sanamein, Daael, Damas, Douma, Banias et Hama où une révolte des Frères musulmans fut réprimée dans le sang en 1982, selon des militants des droits de l'Homme. Des vidéos sur Youtube ont montré aussi des manifestations à Homs où des photos de Hafedh al-Assad ont été déchirées, et à Lattaquié, alors que des opposants ont fait état de protestations à Deir el-Zor et à Raqa. Dans plusieurs villes du pays, la tension est vive, après les manifestations de vendredi, et le pouvoir tente de trouver des solutions rapides, pour éviter d'être débordé par l'ampleur populaire du mouvement de révolte. Selon un responsable syrien, les manifestations de vendredi ont fait 13 morts, dont deux pompiers et un employé tués par des protestataires, alors que des militants des droits de l'Homme font état d'au moins 25 morts. Il a précisé que 10 contestataires ont été tués à Salamein, dans le Sud, lors d'un accrochage avec l'armée, alors qu'à Homs, à 160 km au nord de Damas, le gardien d'un club militaire a été tué par les balles tirées par des adversaires du régime. A Maadamein, à 10 km de Damas, ils ont ouvert feu sur des pompiers, tuant deux d'entre eux. Le journal officiel Techrine pour sa part explique hier qu'à Salamein, «un groupe armé a attaqué le quartier général de l'armée et plusieurs agresseurs ont été tués», sans mentionner le nombre. Le geste envers l'opposition comme il l'a promis jeudi au lendemain de la mort d'une centaine de manifestants à Deraa, le pouvoir syrien a libéré plus de 250 détenus politiques pour calmer une révolte populaire qui a pris des contours dangereux pour les jours de Bachar Al Assad au pouvoir en Syrie. Ces détenus libérés seraient en grande majorité des islamistes, mais également 14 Kurdes, dans un geste qui s'inscrit dans le cadre des promesses qu'elles avaient annoncées récemment pour améliorer les libertés publiques en Syrie», a déclaré Abdel Karim Rihaoui, président de la Ligue syrienne de défense des droits de l'Homme, basée à Damas. L'UE condamne Le chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, a condamné hier en termes très vifs la «brutale» réponse apportée par les autorités syriennes aux «exigences légitimes» des contestataires. Dans un communiqué, Mme Ashton, qui s'est dite «consternée» par «la poursuite de la violente répression des manifestants», a appelé le régime à «satisfaire les exigences et les aspirations légitimes du peuple par le dialogue et des réformes politiques et socio-économiques urgentes». De son côté, la haut commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a mis en garde la Syrie contre le risque d'une «spirale de violences» engendrée par la répression violente des manifestations et l'a appelé à tirer les leçons des événements au Maghreb et au Moyen-Orient. «Les récents événements au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (...) démontrent clairement que la répression violente des manifestations pacifiques ne résout pas les attentes du peuple qui descend dans la rue, et risque de créer une spirale de colère, de violence, de meurtres et de chaos», a-t-elle souligné dans un communiqué. «Le peuple syrien n'est pas différent des autres populations de la région. Il veut jouir des droits humains fondamentaux qui lui ont été déniés pendant si longtemps», a ajouté Navi Pillay. |
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