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Quelle est la qualité de la viande qui arrive dans nos assiettes ? La
réponse à la question n'est pas évidente si entre les gens du métier et
l'administration de contrôle des produits de consommation le langage n'est pas
encore clair. Les premiers parlent d'une réalité amère sur le terrain et d'une
concurrence déloyale source de tous les maux en matière de consommation,
l'administration tente, tant bien que mal, de convaincre sur l'efficacité des
dispositions de contrôle mis en place et des programmes qui seront appliqués
prochainement afin de garantir la qualité des viandes mises sur le marché. Ce
sujet a fait l'objet, hier, d'une rencontre à la chambre de commerce et
d'industrie de l'Oranie (CCIO) dont l'objectif était de sensibiliser le grand
public et les gens du métier, importateurs, éleveurs et bouchers sur les
dispositions et textes de loi existants pour protéger le consommateur. Hélas,
les professionnels ont brillé par leur absence lors de cette journée. La
raison, nous explique une femme boucher activant à Maraval, venue avec deux de
ses collègues seulement assister à cette rencontre, «les bouchers ont
ras-le-bol de ces discours. Ils font face à une rude concurrence avec
l'abattage clandestin, pratiqué sans scrupule alors que nous, les bouchers,
nous avons un registre de commerce et nous payons nos impôts». Lors de leur
intervention, les trois bouchers ont dénoncé l'inefficacité des dispositions de
contrôle pour mettre fin à l'abattage clandestin très répandu dans la localité
de Hassi Bounif et le nouveau phénomène qu'a engendré cette pratique est
l'afflux des bouchers pour acheter cette viande à un prix concurrentiel et la
vendre ensuite sur le marché comme étant un produit contrôlé. «Nous avons été
contraints, nous les gens du métier, à s'approvisionner en viande de l'abattage
clandestin car nous n'arrivons plus à écouler nos produits achetés à l'abattoir
à raison de 840 DA le kilo alors qu'à Hassi Bounif, la viande rouge est cédée à
600 DA», expliquent ces bouchers. Le pire, selon ces derniers, réside dans le
comportement du consommateur qui ne distingue pas entre la viande contrôlée et
celle exposée au bord de la route. Son souci majeur est le prix. Le choix n'est
pas difficile à faire pour lui lorsqu'il voit une viande vendue à 900 DA et ce
même produit exposé à 700 DA dans deux boucheries situées l'un à côté de
l'autre.
Face à ce débat animé par les professionnels, les interventions des représentants de la direction du commerce de la wilaya d'Oran semblaient plus théoriques que pratiques. Le directeur régional de la direction du commerce a, toutefois, exprimé sa compréhension de ce que ressentent les gens du métier et insisté sur les efforts déployés pour le contrôle des produits de consommation et sur la nécessité de l'implication du consommateur pour assurer sa protection. Quant aux bouchers, ils restent persuadés que malgré les chiffres avancés sur le nombre d'interventions et les saisies effectuées pour les viandes et ses dérivés, la réalité du terrain est tout autre. Du bilan établi en 2010 par la direction du commerce sur les opérations de saisies effectuées et les interventions, il ressort 948 interventions et 138 PV de poursuites judiciaires dressés. La direction a également enregistré 478 kg de viande saisis et trois propositions de fermeture. Quant à la nature des infractions, elles se résument à l'abattage clandestin, vente de poulet non éviscéré, exposition à la vente de la viande hachée préparée à l'avance. |
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