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Le journaliste et écrivain: Hamid Skif n'est plus

par Ziad Salah

L'auteur de «La Géographie du danger» est mort dans son pays d'exil, l'Allemagne. Hamid Skif, de son vrai nom Benmebkhout Mohamed, fils du quartier de M'dina Jdida, s'est éteint à Hambourg à un âge où il pouvait encore donner le meilleur de lui-même. Il n'avait que 60 ans. Sa campagne, Ursula Ghunter, a parlé il y a quelques mois de son combat contre la maladie. Probablement, il est mort du cancer du poumon qui le rongeait depuis quelques années.

Contacté, un parent à lui nous a confirmé que sa dépouille arrivera soit mercredi, soit dimanche prochain, pour être enterrée dans sa ville natale. Lors d'une émission à la Chaîne III, jeudi dernier, El Hadj Meliani, professeur de littérature, un autre Oranais connaisseur de la vie intellectuelle et culturelle de cette cité, a évoqué Hamid Skif parmi les écrivains où Oran tient une place de choix dans au moins un de leurs romans.

C'est l'attachement de Skif à sa ville natale qui l'avait amené à ne pas honorer certains contrats avec son éditeur pour se consacrer à la recherche de l'œuvre picturale de Abdelkader Guermaz, un peintre fils de M'dina Jdida, mort à Paris dans l'isolement le plus total. Nous ignorons le sort de ce projet, mais Hamid, lors de son passage à Oran il y a deux ans, ne parlait que de Guermaz et de sa peinture. C'est que l'homme était un grand passionné. Hamid Skif se fera remarquer dès l'âge de dix-huit ans par des poèmes publiés dans une anthologie grâce à Jean Sénac. Après une carrière de journaliste, Skif décidera de quitter son pays en 1997. Il s'installera à Hambourg d'où il écrira un certain nombre de romans et de recueils de poésie. Sa bibliographie compte presque une dizaine d'ouvrages dont « Monsieur le Président», «Lettres d'absence», «Les exilés du matin», «Les escaliers du ciel», «La princesse et le clown», «Citrouille fêlée», «Le serment du scorpion» et «La rouille sur les paupières». Ses livres sont traduits dans plusieurs langues dont l'espagnol, l'italien et l'arabe.

Malheureusement, dans son propre pays et dans sa propre ville, il n'est connu que par ceux qui l'ont connu ou travaillé avec lui. Ce qui a amené Semmar Abderrahmane, dans un beau texte qu'il lui a consacré, consultable sur la toile, à nommer Skif «le harrag chanceux».

On ignore si les pouvoirs publics vont se manifester au moins pour faciliter le retour de la dépouille de ce «harrag» d'un autre type et d'un autre âge. Espérons que sa mort incitera ses nombreux amis, tous hommes de plume, à participer à l'œuvre que sa compagne comptait lui offrir. Il s'agit du projet du «Livre du souvenir».