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Kadhafi est en passe de gagner la course de vitesse qui
l'oppose aux insurgés et à la communauté internationale, en ayant réussi à
reprendre le contrôle de pratiquement l'ensemble du territoire et des villes
libyennes, à l'exception de Benghazi, fief de l'insurrection et siège du
Conseil national de transition qui coordonne et représente cette insurrection.
Même Benghazi est désormais à portée des troupes fidèles au colonel, pour peu
qu'elles fassent sauter le «verrou» défensif organisé par les insurgés autour
de la localité d'El-Agabiya, ultime obstacle à leur avancée vers Benghazi.
En perdant une à une les villes et localités entre Tripoli et la ville symbole de leur mouvement, les insurgés ont montré, malgré l'héroïsme de leur résistance, qu'ils ne sont pas, pour des raisons d'infériorité en armement, dans la capacité d'arrêter la contre-offensive lancée contre eux par Kadhafi. La communauté internationale a, à l'évidence, méjugé le rapport de force sur le terrain, ce qui lui a fait prendre du temps pour répondre aux pressantes demandes d'aides lancées en sa direction par le Conseil national de transition libyen. Au point que toute initiative qu'elle décidera maintenant n'interviendra qu'après que le colonel aura repris sous son contrôle l'ensemble du pays. Il lui deviendra encore plus impossible de s'adresser à Kadhafi d'une seule voix après qu'il aura, selon toute probabilité, remis sous sa férule toute la Libye. Si Benghazi tombe dans les jours, voire les heures qui suivent, même la proposition d'instauration d'une zone d'exclusion aérienne sur la Libye, qui semble faire consensus au sein de cette communauté internationale, n'aura plus de sens car venant trop tard. Cependant, même si Kadhafi l'emporte sur les insurgés dans la bataille pour le contrôle des villes, la crise libyenne n'en sera pas pour autant terminée. Muammar Kadhafi s'est mis au ban de la communauté internationale en faisant une guerre atroce à son peuple pour conserver le pouvoir. Pas même l'extinction de l'insurrection ne doit justifier que la communauté internationale oublie son comportement et se laisse aller à prendre acte qu'il reste aux commandes du pays. C'est malheureusement ce que laisse présager le «pragmatisme» derrière lequel s'abriteront certains Etats et puissances qui laisseront vite tomber la cause des insurgés en cas de «victoire» sur le terrain du camp Kadhafi Le colonel est très certainement un fou. Il n'a pas reculé au prix d'une guerre totale déclarée à son peuple. Mais tout fou qu'il est, il a justement évalué le rapport de force entre lui et les insurgés contre son régime en prenant en compte mieux que ces derniers les atermoiements qui allaient être ceux de la communauté internationale sur la crise libyenne. Les insurgés ont eu la naïveté de compter sur une réactivité rapide de cette communauté que lui dicterait la gravité de la situation humanitaire créée par les agissements démentiels du colonel et de ses partisans. Lui a tablé sur les différends et frictions au sein de cette communauté, alimentés par des considérations d'ordre géopolitique et mercantilistes sous bien des aspects. A court terme, c'est lui qui a eu raison. |
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