Au départ, un «faire-part» dans la rubrique nécrologique de notre
journal, paru dans l'édition d'hier, où la famille du défunt annonçait le
décès, à Oran, le 10 mars 2011, à l'âge de 85 ans, de «M. Bachir Bouiadjra
Tedjini, dit Si Yazid. Grand militant FLN, ancien condamné à mort, ancien sous-préfet
à Bouira et Blida, entre 1962 et 1965, ancien élève de la Médersa de Tlemcen
(Lycée franco-musulman)». Il est parti sans faire de bruit, presque dans
l'anonymat, lui, le grand Fidaï, membre du mouvement national. Ces compagnons
d'armes l'ont accompagné à sa dernière demeure, ils ont prié pour sa mémoire,
se sont souvenus de son parcours et faits d'armes et ont versé des larmes,
impuissants qu'ils étaient, de vouloir garder parmi eux, encore un peu, un
homme d'un rare courage. Mais on ne peut rien contre la volonté de Dieu. Selon
des témoignages, Si Yazid a à son actif de grands faits d'armes. Il a abattu
durant ses années de fida, quelque 18 gardes mobiles de l'occupant français.
Lors de ses obsèques, l'un de ses compagnons raconta une des prouesses du
défunt. Lors d'une opération, le compagnon en question fut blessé par un garde
mobile qui déchargea son arme sur lui. Blessé à la jambe, il s'écroula. Si
Yazid est revenu sur ses pas, abattit le garde mobile et traîna son compagnon
jusqu'à la voiture dans laquelle ils prirent la fuite, le sauvant ainsi d'une
mort certaine. Le blessé fut ensuite emmené dans une maison et soigné. « Il m'a
tiré de là, mais moi je ne peux pas le tirer de là où il est », a-t-il dit
devant une foule émue par son récit. Bachir Bouiadjra Tedjini, Si Yazid, a été
membre du PPA-MTLD et de l'Organisation Secrète (OS), ainsi que de la
Fédération de France du FLN. Après le déclenchement de la guerre de Libération
nationale, il fut responsable des deux premières cellules de fidayines à Sidi
Bel-Abbès.
Arrêté par l'armée coloniale, il fut condamné à mort. Il sera le
pensionnaire de plusieurs prisons dont quelques-unes des plus sinistres,
notamment Serkadji, Bossuet, El Harrach et Oran. Il y restera jusqu'au
recouvrement de l'indépendance. En 1962, il a été le premier responsable du
Croissant Rouge algérien et coordinateur de la Fédération FLN, à Oran. Il
occupa ensuite le poste de sous-préfet à Dar El Beida, Blida et Bouira.