![]() ![]() ![]() ![]() A peine les greffiers se sont-ils remis à travailler après dix jours de
grève, voilà que les personnels des corps communs de la Justice montent au
créneau à leur tour en amorçant, dès hier, un débrayage national ouvert. « Nous
voulons un traitement pareil ». Telle est, en abrégé, la revendication des
corps communs du secteur de la Justice, « frustrés d'avoir été laissés de côté
par la tutelle dans la prise en charge des réclamations des fonctionnaires de
la Justice ». Comme ce fut le cas de l'action menée par leurs collègues des
greffes, les fonctionnaires et agents sous l'intitulé statutaire « corps
communs », relevant de la Fonction publique, se sont engagés dans ce mouvement
de protestation en rangs dispersés. En fait, pas tous les cours et tribunaux du
pays étaient en grève durant la journée d'hier, mais une grande partie tout de
même. Et même au sein d'une même juridiction, il n'y avait pas une grève
générale, c'est-à-dire touchant l'ensemble du personnel. Néanmoins, et en
l'absence de canaux de coordination et de communication du côté institutionnel,
et encore moins du côté corporation, laquelle est d'ailleurs très faiblement
syndiquée, il était très difficile, voire impossible, de quantifier l'ampleur
de la grève par un pourcentage. Au-delà des chiffres et du taux réel de ce
débrayage, l'impact sur le fonctionnement des tribunaux affectés, notamment au
niveau des grandes cours, était perceptible.
De tous les services, celui du casier judiciaire en a été le plus perturbé. Dans certaines structures à l'instar de la cour d'Oran, cette prestation a été carrément mise à l'arrêt, durant toute la journée d'hier, à cause de la grève, non sans faire grincer des dents parmi les nombreux citoyens qui sont revenus bredouilles. Logique, quand on sait que ce sont les ingénieurs et les techniciens qui font partie des corps communs du secteur, qui assurent le fonctionnement de ce réseau informatique national. Mais pas seulement, puisque tous les autres réseaux et interconnexions, reliant les différentes structures du secteur de la Justice, sont manipulés par ce personnel. Du coup, le service du courrier électronique inter-tribunaux, ce canal d'échange d'informations et de communication très important, n'était pas en reste. Et ce, d'autant que dans de nombreux tribunaux, le service minimum n'a pas été observé. Les agents de sécurité, les hôtesses d'accueil et de renseignement et autres plantons préposés devant les bureaux des chefs de cour, pour leur part, ont fait preuve d'un haut sens de responsabilité en s'acquittant normalement de leurs charges. Cependant, autant l'action déclenchée par des corps communs semble assez orchestrée, du moins par rapport au timing, autant elle n'est pas nette et précise en ce qui concerne la plateforme de revendications et les objectifs fixés. Au point où presque tous les grévistes interrogés ne répliquent à la question « quelles sont vos revendications ? » que par la réponse très concise, et trop simple surtout, à savoir : « Nous voulons avoir les mêmes droits qu'ont eus les greffiers. » Il faut dire que l'alléchante augmentation de salaire que viennent d'avoir les greffiers, et qui entrera en vigueur dès ce mois avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2008, y est pour beaucoup. Ces fonctionnaires de la Justice souhaitent en fait une révision à la hausse de leur régime indemnitaire au même titre que les personnels des greffes qui ont vu leurs objectifs pécuniaires se concrétiser par la promulgation du décret exécutif 11-88, du 22 février 2011, portant régime indemnitaire des personnels des greffes de juridictions, paru dernièrement dans le Journal officiel. Ceci intervient alors que la tutelle et les représentants des greffiers issus des 36 cours vont se réunir prochainement au sujet des revendications mises à l'étude depuis le 1er round des négociations entre les deux parties. |
|