C'est presque du jamais vu pour le commun
des mortels à Boumerdès et même ailleurs, dans le centre du pays. Considéré
comme le seul poisson à la portée d'une frange de la population aux bourses
modestes, la sardine n'est plus accessible à ces derniers depuis maintenant
plusieurs semaines, en raison notamment de son prix qui a atteint les 400 DA,
voire les 450 DA le kg. Tout le monde et surtout la ménagère ne savent plus sur
quel pied danser pour se permettre le moindre kilo de sardine tellement son
coût a atteint des sommets sans précédents. Sur les quais c'est la stupéfaction
des pêcheurs qui, quelque part se sentent un peu mal à l'aise lorsqu'on évoque,
avec eux, la situation du marché de la sardine. Au port de Zemmouri, réputé
dans toutes les régions d'Algérie, comme étant un port de pêche par excellence
spécialisé dans le commerce de la sardine, l'unique réponse à cet état de fait
demeure celle de la rareté de la ressource et souvent les pêcheurs rentrent
presque bredouille d'une nuit de pêche. Certains pêcheurs témoignent de leur
inquiétude quant à la mauvaise situation qu'ils traversent, surtout depuis le
séisme de mai 2003, où la sardine est devenue presque introuvable. Aussi, ils
en appellent aux scientifiques et autres chercheurs universitaires pour leur
expliquer le phénomène et en particulier si cela va perdurer longtemps. Par
ailleurs, les dégâts collatéraux se font sentir du côté des restaurateurs
spécialisés dans les mets à la sardine dont certains se sont convertis en
fast-food ordinaire, du fait qu'ils ne sont plus approvisionnés régulièrement
et à des prix de vente raisonnables. Du côté de la direction de la Pêche de
Boumerdès, les responsables estiment que la sardine est devenue, par la force
des choses, un produit de luxe au lieu d'être le poisson du pauvre, mais dans
un souci d'apporter un tant soit peu, une réponse claire à notre interrogation,
ces derniers parlent d'un phénomène qui n'est pas propre à notre pays. Par les
chiffres, on indique que seulement 6.500 tonnes de poissons, toutes espèces
confondues, ont été pêchées en 2010 contre une prise de 13.000 tonnes en 2009.
Ceci démontre un peu plus, que la production en produits de la mer a été revue
à la baisse de moitié. Toutefois, on signale que cette nette régression de la
production est due essentiellement à des considérations de repos biologique des
poissons d'une part et de déplacements périodiques de bancs entiers de sardines
d'une large zone de pêche à une autre, d'autre part. Aussi, faut-il attendre,
les résultats d'une future expédition scientifique pour comprendre davantage
les vraies raisons de la chute vertigineuse des produits halieutiques, à
Boumerdès.