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Le clan Kadhafi, certain qu'il ne disposera nulle part d'un havre de
paix, pas même en Arabie Saoudite, n'est pas près de céder.
Il se cadenasse à Tripoli où pourtant, malgré la peur, des centaines de personnes ont manifesté, hier, dans le quartier de Tadjoura, en scandant «Kadhafi est l'ennemi de Dieu», après la prière du vendredi. Dans les villes libérées, dont Benghazi, cette prière du vendredi a été encore l'occasion de grands rassemblements contre le régime de Kadhafi. Acculé mais non dépourvu de moyens, ce régime essaie de passer à la contre-offensive. Les forces loyales à Kadhafi continuent de contrôler Tripoli et la route qui mène à Benghazi, devenue de fait la capitale de l'insurrection. Une frappe aérienne a été effectuée contre la ville de Brega, terminal pétrolier situé dans le Golfe de Syrte et également une des principales voies d'accès à Benghazi. Le fils de Kadhafi, Saïf al-Islam, a affirmé que la frappe sur le site pétrolier de Brega «était destinée à effrayer». Selon lui, Brega est «le nœud gazier et pétrolier de la Libye.» «Sans Brega, six millions de personnes n'auraient pas d'avenir, parce que c'est de là que nous exportons notre pétrole». Misrata aurait été également prise pour cible et des combats auraient fait une douzaine de morts. Les insurgés qui disent contrôler la ville font état d'une centaine de prisonniers arrêtés parmi les forces loyales à Kadhafi. Les forces pro-Kadhafi ont renforcé leur position à Ras Lanouf, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Brega. Mais aux dernières nouvelles, un nombre important d'insurgés en armes font mouvement vers Ras Lanouf. Des combats à l'arme lourde se déroulaient au niveau du terminal. Selon les insurgés, les militaires pro-Kadhafi ont reçu l'appui de mercenaires venus du Tchad et du Niger. L'opposition libyenne semble considérer que le clan Kadhafi cherche à précipiter une intervention étrangère afin de susciter un réflexe nationaliste. Aussi les insurgés, même s'ils ne paraissent pas hostiles à la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne dont la faisabilité n'est guère évidente, martèlent avec vigueur qu'ils refusent toute intervention militaire terrestre étrangère. L'opposition qui sait que son unité ne résistera pas à une intervention étrangère ne cesse de rappeler son rejet de principe à l'intervention étrangère. Celle-ci ne semble pas tout à fait écartée même si les puissances occidentales tiennent compte de l'opposition des insurgés. Même l'Arabie Saoudite n'est pas une terre d'accueil Le président américain Barack Obama a indiqué qu'il fallait avoir en main «toute la gamme des options». Ces options sont «militaires et non militaires», a-t-il précisé en indiquant néanmoins que les décisions prendraient en considération «ce qui est le mieux pour le peuple libyen». Le président américain s'est dit révolté par la «violence effroyable perpétrée contre les Libyens». «A l'avenir, nous allons continuer à envoyer un message clair : la violence doit cesser. Mouammar Kadhafi a perdu sa légitimité et il doit partir. Ceux qui perpètrent des violences contre les Libyens devront répondre de leurs actes. Et il faut répondre aux aspirations des Libyens à la liberté, la démocratie et la dignité». Kadhafi doit partir. Comment et dans quelles conditions ? Il est loisible de constater qu'il n'existe pas une institution de sécurité suffisamment forte et organisée pour pousser Kadhafi et son clan à la sortie afin de préserver l'unité du pays. Il y a eu de nombreuses défections mais une partie des membres des forces de sécurité et des groupes paramilitaires continuent à le soutenir. Elles ont même tendance à passer à l'offensive. Pour le clan familial, tenir est désormais une question de survie, même l'Arabie Saoudite qui est le refuge ultime des dictateurs, leur est fermée. Il est clair que le régime tel qu'il s'est imposé aux Libyens a définitivement vécu, mais le clan Kadhafi va tenter de jouer clairement sur la partition de la Libye. L'option de la guerre civile En termes plus crus, la seule option du clan Kadhafi est de jouer la guerre civile et d'attendre qu'une intervention étrangère vienne bouleverser les cartes. C'est cette perspective qui pousse les insurgés à la prudence. Ils ont rejeté l'offre de médiation internationale lancée par Hugo Chavez. Après avoir semblé avoir reçu l'assentiment de Kadhafi, son fils Saïf al-Islam Kadhafi a indiqué qu'aucune médiation étrangère n'était nécessaire pour mettre fin à la crise dans son pays. Alors que les forces pro-Kadhafi contrôlent la zone frontalière avec la Tunisie, la situation humanitaire est devenue une vraie crise. Plus de 80.000 personnes sont arrivées au poste-frontière de Ras Jedir depuis le 20 février, et «plus de 20.000 attendent du côté libyen», selon le chef des pompiers tunisiens sur place. Les organisations humanitaires et la communauté internationale ont engagé une course contre la montre pour évacuer des milliers de personnes vers l'Egypte. Un pont aérien a été mis en place jeudi, et l'Union européenne a annoncé une aide de 30 millions d'euros. |
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