Signe extérieur
de pauvreté ou phénomène social qui tend à devenir une activité bien organisée,
la mendicité prend des proportions jamais égalées, ces dernières années. A
Oran, les actions de lutte contre ce phénomène se multiplient, les services de
la direction de l'Action sociale et dans le cadre d'une campagne lancée à
travers les différentes artères de la ville, ont recueilli une centaine de mendiants
au cours les deux premiers mois de cette année. Selon le directeur de l'Action
sociale 44 mendiants ont été recueillis le mois de janvier dont 27 femmes et
une dizaine d'enfants. Pour le mois de février l'opération a touché 39
mendiants, 15 femmes, 12 enfants et 12 hommes. La campagne a aussi touché le
cimetière d'Aïn El Beida où des mendiants sont signalés. Tout âge et sexe
confondus, ils viennent tôt dans la matinée pour «occuper» les lieux. Pour
faire face à ce phénomène, les services de la direction de l'Action sociale, en
collaboration avec les services de sécurité ont mené en janvier une campagne au
cimetière même. Cette opération s'est soldée par la prise en charge de 32
mendiants (22 femmes, 7 enfants et 3 hommes). Femmes avec bébés, enfants,
vieillards, infirmes envahissent très tôt l'entrée du cimetière en quête de la
moindre occasion, se disputant les premières «loges», des places stratégiques,
pour mendier. Les femmes qui « activent » dans ce domaine sont plus nombreuses
que les hommes. Elles font de leur statut un atout pour toucher la sensibilité
des gens. Certaines utilisent leurs enfants pour avoir plus de chance pour
convaincre les gens, de leurs besoins. D'autres « utilisent » des enfants pour
mendier. Les enfants handicapés sont les plus sollicités. Ce genre de pratiques
bien qu'interdites par la loi prend de l'ampleur et les mendiants
professionnels s'organisent de plus en plus, dans des réseaux. Des réseaux qui
emploient surtout les femmes et les enfants. Des poursuites judicaires sont
envisagées pour les récidivistes, affirme la même source, surtout que ces
sorties ont révélé que certains mendiants organisés en réseau font des dizaines
de kilomètres quotidiennement pour venir à Oran, pour mendier. Selon la DAS,
ces personnes notamment les sans domicile fixe ont été placées à Diar Rahma de
Misserghin, à l'issue des enquêtes. Certaines d'entre elles vont réintégrer
leurs familles et les autres seront gardées à Diar Rahma. En 2010, 12 femmes
ont été traduites en justice pour mendicité dont 5 pour exploitation d'enfants
en bas âge à des fins de mendicité. Un délit puni par la loi. Les
investigations ont dévoilé que ces femmes «louent» les enfants à 1.500 DA, le
jour. Les caméras de surveillance installées, il y a deux ans dans plusieurs quartiers
de la ville d'Oran, sont aussi exploitées par le dispositif de lutte contre
l'utilisation des enfants par les mendiants. C'est ainsi qu'une mendiante âgée
de 34 ans, utilisant ses 2 enfants de 7 ans et 10 mois, a été interpellée, il y
a quelques mois. Ce qui a motivé le recours aux données fournies par ces outils
de surveillance. La mise en cause a été écrouée sous le chef d'inculpation
d'exploitation d'enfants en bas âge à des fins de mendicité. La jeune femme,
habitant Arzew, faisait quotidiennement la navette jusqu'au d'El-Hamri. Une
autre mendiante âgée de 18 ans, qui activait à la gare routière des Castors et
utilisait les «services» de ses 2 frères et le fils d'une voisine, a été, elle
aussi, arrêtée.