Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Les jeunes âgés de 30 ans et plus exemptés: Feu vert pour la carte jaune

par Yazid Alilat

Le fameux «sésame» de la carte jaune, qui dispense des milliers de jeunes en âge d'effectuer leur service militaire, sera donné cette fois-ci à ceux âgés de 30 ans et plus au 31 décembre 2011. Cette mesure, décidée par le chef de l'Etat, M. Abdelaziz Bouteflika, a été annoncée lundi. Une mesure qui s'ajoute à celles déjà prises pour apaiser le front social et particulièrement les jeunes. Elle est ainsi d'une grande portée politique et tend à donner plus de mou aux tensions sociales et au mal-vivre des jeunes Algériens. D'autant que beaucoup des concernés par cette mesure (d'assainissement) sont des universitaires.

 Depuis son arrivée à la tête de la présidence de la République, M. Bouteflika a déjà signé des mesures similaires au profit des jeunes incorporables, particulièrement des cadres et des universitaires. En outre, si la durée du service national a été ramenée de 24 mois à 18 mois, beaucoup estiment que la professionnalisation de l'Armée nationale populaire a aujourd'hui plus que jamais besoin d'être accélérée. Une armée de métier, dont les missions sont concentrées sur la défense nationale, la sécurité du pays et la modernisation des moyens de défense, est l'un des grands objectifs que se sont tracés les responsables militaires.

 Car, devant les mutations socio-économiques, les nouveaux enjeux géostratégiques et les intérêts économiques énormes que représente la zone maghrébine avec les richesses pétrolières nationales, l'ANP est actuellement en train d'aller vers cet objectif de professionnalisation.

 Lancée à la fin des années 80, la professionnalisation de l'ANP a été cependant ralentie, dans le sens de la limitation de l'incorporation des jeunes du service national, avec l'apparition du terrorisme. L'objectif premier, et longtemps défendu à l'APN par les partis d'opposition comme le RCD ou le FFS, était de supprimer graduellement le service national ou de le ramener à 12 mois, comme cela se fait en France. Cela n'a pas été possible avec la décennie 90 qui a vu une lutte féroce de l'ANP contre les bandes terroristes. Aujourd'hui que la menace est «circonscrite» globalement, le débat refait surface sur la reprise de la professionnalisation de l'ANP et la réduction de la période pour le service national. D'autant que l'incorporation de jeunes du contingent d'une même année représente beaucoup dans le budget du ministère de la Défense. En plus, le budget affecté au service national pourrait être mieux exploité s'il était orienté vers les grands chantiers de l'ANP, dont sa modernisation, celle des matériels et équipements militaires, ainsi que le perfectionnement de la formation au niveau des grandes écoles militaires.

 Institué en 1969, le service militaire ou service national devrait connaître dans les prochaines années une autre formule, une autre manière pour les appelés du contingent de le passer. D'autant que, pour les militaires du cadre actif, les recrutements sont déjà ciblés avec des universitaires qui formeront les grands officiers qui dirigeront les différents corps de l'ANP. Un recrutement qualitatif et le relèvement du niveau de recrutement seront d'autre part des arguments de poids pour accélérer la professionnalisation de l'ANP et, en face, réduire le nombre des appelés du contingent.