Pas moins de 107.000 demandes de concession de terres agricoles ont été
déposées, jeudi dernier, par des agriculteurs auprès des différents services
agricoles répartis à travers le territoire national. C'est ce qu'a révélé,
hier, Abdelmalek Ahmed Ali, Directeur de l'organisation foncière et de la
protection du patrimoine au ministère de l'Agriculture. Les deux chambres du
Parlement avaient adopté, en août dernier, une loi remplaçant le régime de la
cession par la concession de terres agricoles. Un portefeuille estimé à 2,5
millions d'ha est concerné par cette loi qui prévoit des concessions sur une
durée de quarante ans renouvelables. La loi donne aux agriculteurs un délai de
18 mois après sa promulgation pour déposer leurs demandes. A signaler que parmi
les dossiers déposés, près de 7.000 demandes émanent de nouveaux porteurs de
projets agricoles, le reste étant constitué de demandes déposées par des
anciens exploitants. M. Abdelmalek Ahmed Ali, qui s'exprimait sur les ondes de
la radio chaîne 3, a affirmé que «près de la moitié des cahiers des charges,
contenant les droits et obligations des futurs bénéficiaires, est prête et pour
signature par les concessionnaires». «Les premiers actes de concession seront
délivrés dans les prochaines semaines par les services des Domaines», soutient
l'invité de la radio qui souligne que la priorité sera accordée aux anciens
exploitants.
Les exploitants sont tenus
d'exploiter réellement la terre qui leur a été concédé faute de quoi, ils se
verront déchus du droit de concession. Aussi, tout détournement du foncier de
sa vocation exclusivement agricole sera sanctionné par la perte du droit de
concession mais aussi par des poursuites pénales. Sur 218. 000 anciens
exploitants agricoles, 11.900 sont actuellement devant les tribunaux.
«L'ancienne loi n'avait pas énoncé explicitement des garde-fous pour éviter les
détournements», explique M. Ahmed Ali qui révèle que «3.000 ha de terres
détournées vont être récupérés par voie judiciaire au profit de l'Office
national des terres agricoles qui se chargera à son tour de les concéder». La
concession est accompagnée d'un droit hypothécable permettant à l'exploitant de
contracter des emprunts bancaires. Au titre des droits, «contrairement à
l'ancien régime de la cession qui impose le statut collectif de l'exploitant, le
caractère individuel conféré par la nouvelle loi à la concession sécurise les
agriculteurs en leur évitant d'éventuels litiges liés à l'indivision», précise
M. Ahmed Ali. L'exploitant peut également transférer son droit de concession,
avec un droit de préemption de l'Etat. L'exploitant peut, par exemple,
transmettre l'acte de concession lors de son départ à la retraite ou dans le
cas d'une incapacité physique. Un tel transfert peut également avoir lieu lors
du décès de l'exploitant au profit de son ou de ses héritiers. L'exploitant a
aussi le droit de postuler à la concession de plusieurs terrains pour étendre
son exploitation ou de réaliser des projets en partenariat avec d'autres
investisseurs.